L’Oeil de Moscou – And Then There Were None

Mini-série de trois épisodes (55 min) Scénario : Sarah Phelps

Diffusion : BBC One du 26 au 28 décembre 2015

Avec : Maeve Dermody, Charles Dance, Toby Stephens, Aidan Turner, Burn Gorman, Sam Neil

Sexe, drogue et musette

Les anglais aiment Noël. Les anglais aiment les téléfilms. Les anglais aiment leur littérature (le thé, les scones... vous connaissez le reste de la chanson). Partant de ce postulat, il fut évident qu'à l'occasion du 125ème anniversaire de la naissance d'Agatha Christie (reine d'entre les reines) la BBC One ai du sortir l'artillerie lourde. Afin de célébrer cet événement et le Boxing Day, la chaîne de télévision a décidé d'offrir à ses compatriotes l'adaptation du plus incroyable des romans de l'auteure : Dix petits nègres, rebaptisé And Then There Were None (titre sous lequel est apparu le livre aux Etats-Unis).

Invités par un mystérieux hôte, dix personnes qui ne se connaissent pas se retrouvent dans l'unique et la plus chic demeure de Soldier Island au sud de l'Angleterre. Tandis que tout ce petit monde échange des civilités autour de thé et de whisky en découvrant la maison, une voix paraissant venir de nul part résonne dans toutes les pièces. Celle-ci accuse chacun des invités d'avoir commis un meurtre impuni par la justice. C'est ainsi que les prétendus innocents se font assassiner tour à tour. Le modus operandi de ces meurtres n'étant autre que la comptine placardée dans toutes les pièces...

L’Oeil de Moscou – And Then There Were None

Dix petits nègres est certainement l'un des plus sombres romans d'Agatha Christie, peut-être même LE plus sombre. Sans la présence sympathique et rassurante d'un Hercule Poirot ou d'une Miss Marple pour adoucir l'ambiance, seule reste la froide réalité du meurtre issu d'un esprit psychopathe.

Avec l'adaptation de la BBC cette noirceur est plus que jamais palpable. Le téléfilm rend très bien cette atmosphère étouffante et hystérique où la suspicion, la peur et la paranoïa règnent. La mini-série prend le parti d'exacerber tous les éléments sombres de l'histoire sans jamais laisser le répit d'une tapisserie cosy ou d'un éclairage chaleureux à la bougie au spectateur. Tout est froid. Le décor, les costumes et les personnages. La drogue, les scènes violentes et de débauches sont aussi de la partie. C'est dans un univers de désolation et de folie sous-jacente - et du crazy eyes en veux tu en voilà il y en a - que chaque non repris de justice va se voir ôter la vie.

Les acteurs quant à eux, sont tout bonnement glaçants et livrent de très bonnes performances. Chacun d'eux joue la palette des émotions du taré-qui-prétend-ne-pas-l'être-mais-qui-l'est-quand-même à la perfection. Pris à la gorge par la culpabilité de leur acte et leur besoin de l'amoindrir ou de le justifier, les protagonistes perdent peu à peu la raison et avancent sur le chemin de l'hystérie.

Avec And Then There Were None, ce n'est pas tout à fait l'ambiance " Agatha ", comme on peut se l'imaginer en lisant ses romans, que l'on retrouve. Ici c'est sur l'aspect psychologique et la part sombre de l'humanité, que l'auteure décrit très bien, que l'on se concentre. Rien n'est adoucit et l'horreur est poussée au maximum.

En conclusion, aussi étonnant que ça puisse l'être en parlant d'une histoire d'Agatha Christie, âmes sensibles s'abstenir !

Le conseil du Docteur Bizard : bien qu'il s'agisse d'une adaptation de la reine des reine très intéressante, vous risquez de sortir très déprimé de ces trois heures de visionnage. Ainsi, évitez la confrontation avec cette série le dimanche où à tout autre moment de perdition mentale.

Le remède du Docteur Bizard : enchaîner avec quelques épisodes de Brooklyn nine-nine pour vous remettre en selle, la vie vous paraîtra plus belle.

Crédits images: theconsultingdetectivesblog.com (couverture) - list.co.uk