Le Septième Continent (L'envie de mourir)

Par Olivier Walmacq

Genre : drame (interdit aux - 16 ans)

Année : 1989

Durée : 1h49

L'histoire : Trois ans de la vie tristement monotone d'une famille bourgeoise au terme de laquelle ces derniers décident d'en finir avec l'existence.

La critique :

Michael Haneke commence sa carrière comme critique de cinéma, puis travaille durant de nombreuses années pour la télévision Allemande, mais c'est au début des années 80 qu'il se fait remarquer avec son premier long métrage, Le Septième Continent.

Disposant de très peu de moyens, le réalisateur choisit de raconter un fait divers lu dans un journal, l’histoire d’une famille, à priori banale, dont les membres choisissent, un jour, de se suicider.

Avec cette première œuvre, Michael Haneke décide de ne donner aucune justification à cet acte, laissant au spectateur le soin de se faire sa propre opinion sur les éventuelles raisons qui ont poussé le couple à agir ainsi.

« On aurait pu faire un film à partir de l’acte en lui même, comme si ça avait été une libération pour eux. Une œuvre provocatrice, mais ça aurait été un mensonge » expliquera la réalisateur lors d’une interview

Le metteur en scène envisage de raconter les faits par bribes. Trois extraits de journées vécus par la famille entre 1987 et 1989 défilent ainsi sous nos yeux.

Les premières minutes du long métrages sont assez singulière puisqu’on ne voit pas les visages des personnages.

Michael Haneke souhaite ainsi montrer à quel point l’ètre humain est gouverné par ses habitudes à travers des gestes répétés.

Un procédé que le cinéaste répétera à de nombreuses reprises, comme lors de la scène de courses où défilent les chiffres sur un cadran, alternant avec le visage et les mains de la caissière.

C'est justement dans ce coté "ordinaire" qu'on sent venir la tragédie, l'impression que tout peut basculer à n'importe quel moment. Michael Haneke laisse échapper quelques indices donnant une idée de l'issue du long métrage.

D'abord la gamine qui fait semblant d'être aveugle à l'école, une manière déjà, de se couper du monde autour, puis sa mère qui lui demande si elle s'ennuie. Plus tard, le couple passe en voiture à côté des lieux d'un accident. On peut apercevoir les civières emmenant des corps. Une fois dans le lavomatic, la mère éclatera en sanglots, comme si elle n'en pouvait plus de cette existence sans joie et de la souffrance dont elle avait été témoin.

Réalisé dans un style assez froid qui caractérisera plus tard le cinéma de Michael Haneke, Le Septième Continent est une oeuvre minimaliste, mais, extrêmement efficace, qui fut d'ailleurs interdit de diffusion à la télévision Allemande, ce qui n'a rien d'étonnant quand on visionne cette oeuvre choc, désesperée, sombre et indéniablement marquante.

Note : 16/20


Titi70