Un grand merci à Sony Pictures Entertainment ainsi qu’à l’agence Cartel pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le dvd du film « Sacré Graal ! » des Monty Python dans son édition collector « 40ème anniversaire ».
« Une égratignure ? Mais votre bras est par terre ! »
Le roi Arthur et les Chevaliers de la Table Ronde se lancent à la conquête du Graal, chevauchant de fantômatiques montures dans un bruitage de noix de coco cognées. La petite troupe va devoir passer mille épreuves, dont un chevalier à trois têtes, des jouvencelles en chaleur, voire même un terrible lapin tueur.
« Je suis français ! Pourquoi croyez-vous que j’ai cet accent horrible, idiot de roi ? Partez tout de suite ou je recommence à me moquer de vous ! »
Le Londres des années 60 était certainement « the place to be ». Le centre d’une forme de révolution culturelle qui vit l’avènement du rock et de la culture pop. Ainsi, si le rock a eu les Beatles (puis les Stones), l’humour a eu les Monty Python. Une troupe de six comiques qui se sont rencontrés sur les bancs des prestigieuses et élitistes Harvard et Oxford et que rien ne semblaient prédestiner à la gaudriole. Pourtant, durant cinq ans (1969-1974), leur « Flying circus » imposera leur humour burlesque et absurde à la télévision anglaise. De quoi leur entrouvrir les portes du grand écran. Leur premier film, « La première folie des Monty Python » sort en 1971. Film à sketches sans véritable fil conducteur, ce dernier ne rencontre pas le succès escompté. Ils reviennent trois ans plus tard avec « Sacré Graal », film totalement fauché qui ne doit son existence qu’aux financements apportés par leurs amis rockers de Pink Floyd et Led Zeppelin. Plus abouti sur la forme, le film est un succès qui sera suivi par « La vie de Brian » en 1979 et « Le sens de la vie » en 1983.
« Votre ultime épreuve sera de couper ce gros arbre avec un hareng ! »
Il y a quelque chose de très novateur dans l’humour des Monty Python et de fait dans ce « Sacré Graal ». Une forme d’humour, un culot, un ton qui tranche avec ce qui se faisait jusque là au cinéma. Fini les comédies un peu « rigide » à la papa avec Bob Hope. Fini les grimaces un peu lourdingues de Jerry Lewis. Avec « Sacré Graal », les Monty Python imposent leur goût pour l’absurde, le non-sens et le décalage. A l’image de ce chevalier qui se bat à en perdre un à un tous ses membres. Ou du lapin tueur, démon sanguinaire qui décime furieusement l’équipée du Roi Arthur. Et que dire de ces chevaliers de la table ronde, qui galopent en mimant l’allure des chevaux qu’ils n’ont pas, deux demi noix de coco servant à imiter la sonorité des pas de leurs destriers ? Là encore, la créativité décomplexée des Monty Python leur a permis de tirer parfaitement profit de leur absence flagrante de moyens. Mais plus encore, il souffle sur leur film un vent de liberté. Une liberté de dire ce qu’on veut comme on le veut. Et même d’être transgressif (pour l’époque en tout cas) en se moquant délibérément et joyeusement de la religion et de l’Histoire, et notamment des mythes fondateurs de la nation anglaise qu’ils tournent ici en profonde dérision. Quarante ans après sa sortie, le film n’a pas pris une ride et demeure toujours aussi hilarant. Et semble marquer les jalons de tout un pan de cinéma comique à venir, des « ZAZ » à Mel Brooks en passant par Les Nuls.
***