Sortie le 6 janvier 2016 Durée : 2H47 Réalisation : Quentin Tarantino
Avec : Samuel L. Jackson, Kurt Russel, Jennifer Jason Leigh, Walton Goggins, Tim Roth, Michael Madsen.
Production : The Weinstein Company Distribution : SND Films (France)
Huis clos, neige et gros mots
Ah Quentin! Lui qui sait faire palpiter le cœur et les yeux des amateurs de son cinéma; lui dont les films sont attendus de par le monde par une horde de fans déchaînés; lui qui ne nous a jamais (ou si rarement) déçus... Et comme à chacune de ses réalisations, la question que tout le monde se pose: que nous a-t-il concocté cette fois-ci?
Comme chacun sait, Tarantino a décidé de rester dans la veine de ses derniers longs-métrages et de faire parler son amour de l'histoire et du western dans Les Huit Salopards (on passera, une fois n'est pas coutume, sur la traduction loin d'être géniale du titre original The Hateful Eight). Le décor enneigé du Wyoming sert ici de toile de fond.
Malheureusement pour le chasseur de prime John Ruth (Kurt Russel et sa moustache) et sa prisonnière Daisy Domergue (Jennifer Jason Leigh), un méchant blizzard colle aux fesses de leur diligence alors qu'ils sont en route vers la ville de Red Rock pour aller faire pendre la damoiselle. La technique automobile n'étant pas encore ce qu'elle est aujourd'hui en cette fin de XIXème siècle, ils sont obligés de faire halte dans une auberge en cours de route histoire de laisser passer le mauvais temps. Sur le chemin de la cabine, John Ruth, indubitablement doué de charité, accepte de prendre avec lui deux passagers (Samuel L. Jackson, Walton Goggins) et en quelques foulées de chevaux, les voilà tous arrivés au refuge de Minnie, déjà peuplé d'étranges personnages (Tim Roth et Bruce Dern entre autres). Commence alors un huis clos dont on devine assez facilement l'issue fatale.
Dans Les Huit Salopards, on retrouve tout ce qu'il faut pour faire un bon Tarantino : casting qui envoie de l'amour, musique au top, hommages au cinéma, dialogues sans fin, explosion de violence et réalisation calibrée. La nouveauté c'est que malgré cette recette testée et approuvée, cette fois, ça ne marche pas si bien que ça.
Et oui, tremblez chers spectateurs, Bizard Bizard enfile ses habits de voyante et prédit que le Tarantino cru 2016 ne sera ni la révélation ni le meilleur film de l'année (patience, on découvrira si l'on a vu juste d'ici un an seulement). Le réalisateur s'est clairement amusé à faire le film qu'il rêvait de faire, entre le tournage sur pellicule à l'aide d'objectifs à l'ancienne, un format ultra grand écran ressorti de derrière les fagots et même le luxe d'un Ennio Morricone aux platines pour un effet western 60s assuré. Le souci c'est que si Quentin s'amuse, nous, on tourne un peu en rond.
On l'a dit, tous les éléments sont réunis pour passer un bon moment et puis... Et puis les dialogues sonnent creux, l'intrigue ne prend pas vraiment. Sous la forme d'une soirée Cluedo sauce Tarantino, on amasse les indices, on se doute que personne n'est vraiment celui qu'il prétend être, mais on trouve le temps un peu long et on peine finalement à être surpris.
Il manque la petite étincelle Tarantino habituelle, celle qui nous trouve excités à la fin du film et nous donne envie de rempiler pour une deuxième séance à peine sortis de la salle. On a l'impression que le réalisateur utilise ses vieilles recettes par habitude, mais que la forme manque clairement de fond.
En résumé, Les Huit Salopards est loin d'être un mauvais film, mais malheureusement il est également loin d'être vraiment bon. Allez le voir pour tous les détails Tarantinesques qui nous plaisent tant, mais ne vous attendez pas à frétiller pendant les presque trois heures que dure le long-métrage.
L'avis de Bizard Bizard : allez-y au petit trot, mais pas au galop.Crédit images: aambar.wordpress.com (couverture) & idigitaltimes.com