The Green Inferno (Le dernier monde cannibale)

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Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans)
Année : 2014
Durée : 1h40

L'histoire : Un groupe d'activistes new-yorkais se rend en Amazonie et tombe entre les mains d'une tribu particulièrement hostile.

La critique :

Le genre cannibale a connu son heure de gloire et ses lettres de noblesse entre les années 1970 et 1980. C'est Umberto Lenzi, un grand spécialiste du genre, qui lance les inimitiés avec Cannibalis : Au pays de l'exorcisme en 1972. Suivent Le Dernier Monde Cannibale (toujours Umberto Lenzi en 1977), Emanuelle et les derniers cannibales (Joe D'Amato, 1977) et La Montagne du Dieu Cannibale (Sergio Martino en 1978). Mais c'est surtout la sortie de Cannibal Holocaust, réalisé par Ruggero Deodato en 1979, qui marque définitivement les esprits.
Censuré dans une soixantaine de pays, interdit aux moins de 18 ans, répudié et voué aux gémonies, le film suscite de nombreux quolibets. Pis, Ruggero Deodato est nûment accusé d'avoir réalisé un snuff movie. Si les meurtres d'animaux sont bien réels, les acteurs sont heureusement épargnés.

Toutefois, le cinéaste est sommé de s'expliquer devant les tribunaux. Non, personne n'a été assassinée durant le tournage de Cannibal Holocaust, hormis (encore une fois) plusieurs animaux en déveine. Encore aujourd'hui, le film de Ruggero Deodato reste une référence dans le cinéma trash et extrême. S'ensuivent alors toute une pléthore de productions à tendance anthropophage : La Secte des Cannibales (Umberto Lenzi, 1980), Cannibal Ferox (Umberto Lenzi, 1981), L'esclave blonde (Mario Gariazo, 1985), ou encore Prisonnière de la vallée des dinosaures (Michele Massimo Tarantini, 1985).
Mais vers le milieu des années 80, le genre s'essouffle jusqu'à disparaître plus ou moins totalement du grand écran. Même si on relève quelques exceptions notables. 
En 2012, Eli Roth s'attelle au tournage de The Green Inferno, le remake de Cannibal Holocaust.

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Presque un crime de lèse-majesté tant le film de Ruggero Deodatio semble intouchable. Mais Eli Roth a fait ses preuves et surtout ses armes dans le cinéma d'horreur. Il est le parfait symbole du cinéma gore des années 2000, entre autres avec Cabin Fever (2002), Hostel (2006) et Hostel Chapitre 2 (2007). Sa présence derrière le remake de Cannibal Holocaust n'est pas spécialement rassurante. Eli Roth ressemble davantage à un publicitaire et à un réalisateur marketing.
Encore une fois, il est le parfait reflet d'une génération de cinéastes abreuvés par les remakes, les préquelles, les séquelles, les spin-off et j'en passe. Autant de néologismes pour désigner un cinéma hollywoodien moribond. Eli Roth parachève le tournage en 2013. Mais le cinéaste impudent essuie un camouflet de la part de son distributeur. 

Présenté au Festival de Sitges, le film est jugé trop violent, trop gore et trop trash par ses nombreux contempteurs. Finalement, après avoir trouvé de nouveaux moyens financiers, The Green Inferno sort directement en vidéo. Contrairement à son prédécesseur, la sortie du film reste assez discrète dans l'ensemble. Le long-métrage ne provoque ni le scandale ni la censure (énorme) du Cannibal Holocaust de Deodato. En même temps, comment réitérer la même performance ?
Et surtout, après le générique de fin, peut-on réellement parler d'un vrai remake du fameux Cannibal Holocaust ? Telle est la question en filigrane qui se pose à la fin de ce nouveau film gore, dans la grande tradition des pellicules trash des années 1970 et 1980.

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Autrement dit, et en dépit des apparences, The Green Inferno n'est pas vraiment un remake de Cannibal Holocaust, mais plutôt un film hommage à toutes ces productions outrancières du passé. En revanche, The Green Inferno est un vrai film de cannibales ! La distribution du film réunit Lorenza Izzo, Ariel Levy, Aaron Burns, Daryl Sabara et Kirby Bliss Blanton. Attention, SPOILERS !
Justine est étudiante dans une université de New York. Elle fait la connaissance d'Alejandro, le chef d'un petit groupe de militants sur le campus, qui rêve d'accomplir quelque chose de grand. Il invite son groupe à le suivre jusqu'au Pérou, pour arrêter une compagnie pétrolière qui est sur le point d'exterminer une tribu d'indigènes, en cherchant à d'obtenir les droits du terrain sur lequel vit la tribu, afin de le déboiser. 

Une fois sur place, malgré des tensions, la mission est un succès. Mais sur le trajet du retour leur avion s'écrase en pleine forêt. Les survivants sont alors capturés par une tribu cannibale. Au moins, Eli Roth a le mérite de proposer et de réaliser un film très différent de son modèle. A tel point que l'on se demande pourquoi cette production est estampillé comme le remake de Cannibal Holocaust.
En réalité, les deux longs-métrage partagent assez peu de similitudes. Ici point de snuff movie ni de caméra qui filme les exactions de jeunes reporters transmutés en colonialistes mercantiles, avides et tortionnaires. Point non plus d'animaux dilapidés, disséqués et tortorés par notre petit groupe d'étudiants. Point de sexe au programme ni de viol ou de séquences pornographiques explicites, comme c'était le cas dans le film de Deodato.

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En outre, le remake d'Eli Roth est "seulement" interdit aux moins de 16 ans. En revanche, on retrouve certaines thématiques inhérentes aux films de cannibales des années 1970. A son tour, Eli Roth abhorre et fustige notre civilisation capitaliste et consumériste. Finalement, le monde moderne est au moins aussi sauvage que les susdits anthropophages. L'action pseudo écologiste de nos chers étudiants n'est qu'un leurre. Fidèle à son style, Eli Roth se gausse de ses protagonistes, sans pour autant sombrer dans la grivoiserie putassière, comme c'était (par exemple) le cas dans Hostel.
Certes, la critique du cinéaste aurait sans doute mérité un meilleur développement ou une autre exploitation. Toutefois, Eli Roth s'en sort avec les honneurs. Au moins, The Green Inferno nous propose de sortir de la morosité des films d'horreur actuels.

Si les trente premières minutes sont un peu trop timorées, le reste du long-métrage offre largement son lot de tripailles, d'éviscérations, de tortures et d'énucléations. Parfois, The Green Inferno se transmue en film d'aventure à la beauté ineffable et n'est pas sans rappeler (à certains moments...) La Forêt d'Emeraude (John Boorman, 1985), version gore "craspec" ! Evidemment, si l'on compare le film à Cannibal Holocaust, The Green Inferno est immédiatement renvoyé dans ses pénates.
Cannibal Holocaust vainqueur par k.o. dès le premier round. Toutefois, si on prend The Green Inferno pour ce qu'il est réellement, donc un pur film de cannibales, le long-métrage remplit largement son office. Avec néanmoins ses défauts, entre autres, une diatribe assez maladroite du capitalisme et de notre civilisation égotiste. Bref, un remake aussi attachant qu'imparfait !

Note : 12.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver