Les Huit Salopards : 2016 commence très bien !

Par Kinocinéblog @amauryfoucart
À peine a-t-on le temps de nous remettre des fêtes et du Réveil de la Force qu'un nouvel événement cinématographique vient attiser notre curiosité : Quentin Tarantino nous présente son dernier western, Les Huit Salopards, un nouveau chef-d'œuvre qui s'ajoute à sa précieuse filmographie (Pulp Fiction, Kill Bill, Inglourious Basterds...).

Date de sortie: 1er janvier 2016Réalisation, scénario: Quentin TarantinoGenre: WesternNationalité: Américain
Quelques années après la Guerre de Sécession, le chasseur de primes John Ruth, dit Le Bourreau, fait route vers Red Rock, où il conduit sa prisonnière Daisy Domergue se faire pendre. Sur leur route, ils rencontrent le Major Marquis Warren, un ancien soldat lui aussi devenu chasseur de primes, et Chris Mannix, le nouveau shérif de Red Rock. Surpris par le blizzard, ils trouvent refuge dans une auberge au milieu des montagnes, où ils sont accueillis par quatre personnages énigmatiques : le confédéré, le mexicain, le cowboy et le court-sur-pattes. Alors que la tempête s’abat au-dessus du massif, l’auberge va abriter une série de tromperies et de trahisons. L’un de ces huit salopards n’est pas celui qu’il prétend être ; il y a fort à parier que tout le monde ne sortira pas vivant de l’auberge de Minnie...

Kurt Russel et Samuel L. Jackson


Délaissant les paysages, l'action et les chevauchées épiques de Django Unchained, Quentin Tarantino semble vouloir revenir à ses premiers amours de huis clos sanglants. En effet, on pense beaucoup à Reservoir Dogs pendant ce film, que ce soit pour son scénario, son décor unique ou encore son casting, mais évidemment, d'autres références sautent aux yeux : Prenez le suspense de The Thing de John Carpenter, la violence crépusculaire des westerns de Sam Peckinpah et le côté ludique des enquêtes d'Agatha Christie, mélangez le tout et vous obtenez Les Huit Salopards.
Bien entendu, au-delà de cette habituelle (et jouissive) accumulation de clins d’œil, on retrouve tout ce qui fait la sève des grands Tarantino, à savoir une tension montant crescendo, une maîtrise absolue de la mise en scène et surtout une vraie science des dialogues, avec un remarquable sens du timing et des répliques, des accents à couper au couteau et des bavardages à la fois élégants, angoissants, drôles, interminables... Ponctués comme toujours de quelques mots de français. Le tout servi par un casting cinq étoiles, comprenant plusieurs habitués dont un Tim Roth et un Samuel L. Jackson au top de leur forme, mais aussi une nouvelle venue, Jennifer Jason Leigh, brillante dans son interprétation de Daisy Domergue, et un Walton Goggins épatant, qui révèle ici toute l'étendue de son talent.

Jennifer Jason Leigh


Saluons également le travail du maître Ennio Morricone qui, pour sa première véritable collaboration avec le cinéaste, signe un score absolument mémorable ! La musique sait être extrêmement pesante par moment (Morricone a récupéré ses compositions non utilisées pour The Thing, dont nous parlions plus haut), apportant à ce western de faux airs de film d'horreur ! Car il s'agit en effet d'une oeuvre particulièrement sombre et grinçante, voire nihiliste, qui ne manquera pas de diviser (et de secouer les âmes sensibles) de par la noirceur de son propos, mais aussi pour sa violence étonnamment glauque. Plus que jamais, Tarantino dépeint une Amérique pourrie, déchirée suite à la Guerre de Sécession. Il dénonce un contexte de violence, de racisme ou même de misogynie (par ailleurs, ces problèmes demeurent toujours d'actualité), à travers des personnages tous plus immoraux les uns que les autres. Je ne vous dirai pas lequel de ces huit salopards est le plus atroce car, comme vous vous en doutez, une série de coups bas et de rebondissements sont au programme !
Enfin, il n'est pas impossible que la longueur du métrage rebute certains spectateurs (quasiment trois heures, il faut s'accrocher !). Pour ma part, je ne me suis pas ennuyé une seule seconde, j'ai même pris un pied phénoménal ! Allez-y et faites-vous votre propre avis, ce serait dommage de passer à côté d'un auteur aussi emblématique.
Note: