Une seconde mère

Par Dukefleed
Un petit bijou brésilien
Sao Paulo, Val travaille comme nounou, cuisinière, bonne à tout faire depuis 15 ans pour une riche famille bourgeoise. Depuis 15 ans, elle s’occupe du fils de la famille devenu un jeune adulte ; elle est comme une mère pour lui… surtout plus une mère que sa propre mère. Pendant ce temps-là, Val a vécu loin de sa fille Jessica qu’elle n’a même plus revu depuis 10 ans. Elle élève le fils d’autres pendant que d’autres s’occupent de sa propre fille. C’est la première thématique d’un film à tiroir, léger, mais brassant avec intelligence un portrait au vitriol de la société brésilienne : une mère, c’est quoi ? Au Brésil, Anna Muylaert veut montrer que l’éducation des enfants est « une tâche dépréciée » (selon ses propres mots). Donc au-delà de savoir si l’affection peut s’acheter, c’est le prix que l’on peut y mettre ; vers la fin du film, une scène traite habilement de cette question. Ensuite, le film aborde avec un regard acide la condescendance de la bourgeoisie de gauche brésilienne envers les gens de maison ; condescendance prenant les traits de la bienveillance. Le rapport de caste est même accepté sans sourciller par les employés. Et puis, Jessica débarque auprès de sa mère pour passer le concours de l’école d’architecture de Sao Paulo. Et là troisième thématique autour d’une nouvelle génération bien décidée à faire bouger les lignes. En une génération (mère-fille), les esprits s’affranchissent et ce qui paraissait pour de l’impolitesse pour la mère se révèle être de légitimes revendications pour la fille. Dit comme çà, le film peut faire peur… Mais que nenni, c’est un feel good movie éclairé et intelligent. Genre pourtant propice aux raccourcis et aux clichés. La réalisatrice maitrise parfaitement et son scénario et sa mise en scène pour livrer un film léger, plein de bonne humeur tout en évitant les maladresses de l’exercice. Le ton est toujours juste, et çà tient grandement à l’écriture laissant aux personnages de l’ampleur et de la complexité.Une belle comédie douce-amère auréolé du Prix du Public à Berlin et à Sundance.
Sorti en 2015
Ma note: 16/20