Culte du dimanche : Body Double de Brian de Palma

Par Fredp @FredMyscreens

Sorti pour les fêtes dans un somptueux coffrets, on a pu enfin voir la version restaurée du Body Double de Brian De Palma, pleinement culte !

Après les très hitchcockiens Pulsions et Blow Out, Brian de Palma avait changé un peu de registre en se penchant sur le film de gangster avec Scarface devenu aujourd’hui un personnage culte que de nombreux ados affiches dans leur chambre pour le côté transgressif. Après ce succès, le réalisateur écrit un nouveau film inspiré notamment par Sueurs Froides décliné dans le milieu du film pornographique qu’il pense seulement produire. Mais le studio de financera le film que si il peut avoir De Palma à la réalisation. Le réalisateur repasse donc derrière la caméra après avoir finalisé l’écriture du film et déplacé l’action à Los Angeles qu’il avait encore eu peu l’occasion de filmer.

Body Double débute donc par un comédien de seconde zone qui a du mal à jouer son rôle sur un plateau et découvre que sa femme le trompe. Il va alors garder la maison d’un acteur rencontré sur une audition et c’est durant cette garde qu’il commence à épier la voisine d’en face qui n’hésite pas à se dévêtir devant la fenêtre. Mais ceci n’est que le début d’une machination qui mêlera argent, sexe, meurtre sanglant et coulisses de films.

Reprenant des grandes inspirations Hichcockiennes dans sa première partie, de Sueurs Froides (pour la phobie du héros, la doublure et le changement en milieu de film) à Fenêtre sur Cour (pour son côté voyeur), De Palma nous plonge ici dans un thriller très sexué et voyeuriste qui va forcément se retourner contre son personnage principal avant de changer de film et de plonger dans les coulisses du milieu du porno et des doublures corps d’Hollywood.

En plus du savoir-faire hérité de Hitchcock (dont la filature dans le centre commercial et la très violente scène de meurtre central ainsi que le complot dans lequel se retrouve notre héros), De Palma continue de dresser un portrait peu flatteur de l’industrie du cinéma. Il l’avait déjà fait dans Blow Out concernant le cinéma de genre et il poursuivra encore plus tard avec le Dahlia Noir, mais il plonge ici véritablement dans les coulisses des auditions et des doublures corps qui sont utilisées et pas seulement devant l’écran, s’inspirant d’événements dont il a été témoin (comme cette séance d’acting où le professeur n’hésite vraiment pas à mettre à mal notre héros).

On retiendra par ailleurs dans le film, la présence de Mélanie Griffith, seule actrice ayant accepté ce rôle osé de doublure sexy et accessoirement fille de la muse hitchcockienne Tippi Hedren (comme quoi le hasard est parfois bien fait), et une nouvelle superbe composition musicale de Pino Donaggio qui vient apporter toute sa sensualité au film. Sans oublier le titre Relax, méga-tube de Frankie Goes to Hollywood dont la séquence dans laquelle il est présent aurait dû être le clip pour faire la promo du film (chose finalement refusée par le groupe).

Nourri de séquences particulièrement marquantes et d’éléments de suspense parfaitement dosés, ce Body Double est donc un film qui ressemble autant à son auteur qu’à ses inspirations et marque donc la fin d’un cycle pour De Palma qui va ensuite s’en retourner vers le film de gangsters avec les Incorruptibles.