Réalisateur : Mamoru Hosoda
Acteurs :avec les voix de Koji Yakusho, Aoi Miyazaki, Shôta Sometani,...
Distributeur : Gaumont Distribution
Budget : -
Genre : Animation, Aventure.
Nationalité : Japonnais.
Durée : 1h58min.
Synopsis :
Shibuya, le monde des humains, et Jutengai, le monde des Bêtes... C'est l'histoire d'un garçon solitaire et d'une Bête seule, qui vivent chacun dans deux mondes séparés. Un jour, le garçon se perd dans le monde des Bêtes où il devient le disciple de la Bête Kumatetsu qui lui donne le nom de Kyuta. Cette rencontre fortuite est le début d'une aventure qui dépasse l'imaginaire...
Critique :
D'une puissance renversante,#LeGarçonetlaBête est une réussite exemplaire qui finit d'asseoir Mamoru Hosoda comme un vrai auteur majeur— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 11 Janvier 2016
Il y a deux ans presque jour pour jour, le précieux Hayao Miyazaki avait brisé le cœur de tous les cinéphiles un minimum séduit par son cinéma (soit 99,9% d'entre-nous), en annonçant qu'il prenait purement et simplement sa retraite avec son dernier métrage, Le Vent se Lève, ultime testament sur pellicule d'un génie à la filmographie sans aucune fausse note.
Et qu'on se le dise, pas de faux départ comme ce fut le cas à l'époque, avec le sublime Princesse Mononoké, cette fois le bonhomme à l'air foutrement bien campé sur ses positions.
Inutile de dire donc que le septième art mondial perdait gros, très gros, et qu'il était d'un impératif certain pour une animation nippone en crise, de lui trouver un successeur pour rendre plus serein son avenir.
Successeur qui, pour les fans de japanimation, pouvait très bien prendre la plume de Mamoru Hosoda, papa du bouleversant Les Enfants-Loups, Yuki & Ame et qui avait fait ses armes au storyboard du sacro-saint Dragon Ball Z.
Trois ans après son dernier passage derrière la caméra, le voilà de retour avec son sixième long métrage, Le Garçon et La Bête, écrit par ses soins, sorti en juillet dernier au Japon - ou il a connu un succès sans précédent -, et passé il y a peu par chez nous lors du PIFFF.
Le Garçon ou la Bête ou l'histoire, à Tokyo, de Ren, un jeune garçon qui a fui sa famille après la disparition successive de son père et de sa mère.
Décidé à vivre de lui-même et ne dépendre de personne, il va très vite faire la connaissance de Kumatetsu, un ours armé d'un katana.
Pour devenir un seigneur à Jutengai, un monde ou les bêtes vivent en société à l'image des humains, il lui faut avoir un disciple.
Il va donc tout naturellement faire de Ren son élève, scellant leur deux destins solitaires pour l'éternité...
Plus burlesque et haut en couleur que Yuki & Ame avec qui il partage le même trait animé et des thèmes personnels (la filiation, l'absence de figure paternelle), Le Garçon et la Bête est un vrai/faux récit initiatique entre deux protagonistes attachants qui se découvrent, deux héros aux caractères forts; l'un est un maitre dénué de pédagogie là ou l'élève est un morveux tout aussi asocial que haineux.
Ici, Hosoda s'amuse avec les codes du genre (tout en respectant l'aspect traditionnel de l'enseignement maitre-élève), les apparences, jongle entre le fil tenu du réalisme et du fantastique, brasse une pléthore de références (des contes chinois et japonais en passant par ceux occidentaux du Livre de la Jungle, de La Belle et la Bête ou même le cinéma d'arts martiaux - Karaté Kid en tête), tout en mettant pleinement en avant sa passion pour les personnages finement croqués mais surtout profondément humain, lui permettant ainsi de jouer avec les émotions de son auditoire qui en ressort conquis.
Film à la puissance renversante, à la densité psychologique aussi impressionnante que son animation est spectaculaire et foisonnante, Le Garçon et la Bête est une réussite exemplaire, une œuvre libre et généreuse qui finit d'asseoir Mamoru Hosoda comme un vrai auteur à part entière.
Si il est un peu tôt pour en faire un dauphin légitime de Miyazaki en revanche, il n'a décemment pas démérité sa place de pion fort dans la japanimation actuelle.
Jonathan Chevrier