[CRITIQUE] : Et Ta Sœur

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Marion Vernoux
Acteurs :Virginie Efira, Géraldine Nakache, Grégoire Ludig,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h35min.
Synopsis :
Pierrick est encore sous le coup de la disparition récente de son frère. Alors pourquoi ne pas accepter l’invitation de Tessa, sa meilleure amie, dans sa maison familiale afin de passer une semaine seul à méditer sur sa vie ? Mais à son arrivée, Pierrick trouve la maison déjà occupée par Marie, la demi-soeur de Tessa, venue y soigner une blessure amoureuse. Après une soirée très arrosée suivie de l’arrivée inopinée de Tessa elle-même, le trio va aller de situations délicates en révélations inattendues…

Critique :
#EtTaSœur ou un instant de vie sincère et émouvant porté par la performance impliquée de ses interprètes et une fraicheur enthousiasmante— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) January 13, 2016

Mine de rien, doucement mais surement, la sublime Virginie Efira devient une des figures féminines les plus présentes (et indispensables) du septième art hexagonale, ou elle trimbale sa sublime plastique au gré de comédies sympathiques (Une Famille à Louer mais surtout Caprice) ou encore de belles envolées romantiques (Le Goût des Merveilles).
Déjà de retour en ce début d'année ciné 2016 alors que Le Gout des Merveilles n'a pas encore terminé d'envouter les salles obscures, la voici donc en vedette du nouveau long métrage de Marion Vernoux (Les Beaux Jours), Et Ta Sœur, remake totalement avoué et calqué du joli Ma Meilleure Amie, Sa Sœur et Moi de Lynn Shelton; porté par un trio d'acteur aussi séduisant qu'improbable : Efira donc, mais également la jolie Géraldine Nakache et l'excellent Grégoire " Palmashow " Ludig.

Et Ta Sœur ou l'histoire Pierrick et Tessa, deux meilleurs amis du monde qui sont amoureux l'un de l'autre même si ils n'osent pas se l'avouer et qu'ils n'en ont pas encore pleinement conscience.
Alors que Pierrick est déprimé et en pleine crise existentielle dut à la perte de son frère, Tessa, également ancienne petite amie de celui-ci, lui propose d'aller s'aérer seul quelques temps dans la maison de son père, une baraque retirée et retranchée dans la forêt, coincé sur une île.
Là-bas, la sœur de Tessa, Marie, lesbienne et également plaquée par sa compagne, décide également de se réfugier dans la maison familiale pour faire le point.
Le soir de leur arrivée, elle et Pierrick, après s'être passablement enivrer, couchent ensemble.
Tout aurait pu se régler en deux temps trois mouvements le lendemain matin sauf que justement, Tessa débarque dans la villa familiale pour faire une surprise à Pierrick...
Loin d'arpenter les sentiers battus des dramédies made in France, cette comédie dramatique sous fond de huit-clos familial et de perte d'un être cher (louchant par-ci par-là sur le cinéma de Judd Apatow) est d'une réussite étonnante; jonglant avec une aisance indécente entre le feel good movie comique et le drame intimiste, via une mise en scène simpliste et pas tape à l’œil, un montage au couteau mais surtout grâce à un trio d'acteur au naturel frisant avec la perfection - et qui pousse automatiquement à l'empathie.

Entre dialogues écrit avec minutie, improvisation et rupture de ton, Marion Vernoux capte tout le réalisme et la vérité de chaque action qu'elle filme, nourrit par l'énergie créatrice et à l'alchimie qui lie ses comédiens.
Rarement prévisible, touchant et drôle, Et Ta Sœur s'affranchit de son glorieux modèle et évolue au gré des quiproquos et autres malentendus que vivent les personnages, des situations certes loin d'être originales mais qui se révèle infiniment passionnantes puisqu'elle s'inscrit toujours dans une quête de la réalité et du sentiment de vécu.
Crédible, dénué de tout pathos de supermarché même si parfois un peu alourdit par quelques facilités (peu de heurts perturbent les protagonistes et les issues des crises sont vites expédiées), cet instant de vie " coupé du monde ", porté par la conviction convaincante de ses interprètes (Grégoire Ludig en tête) et un happy-end évitant scrupuleusement les clichés; est affreusement émouvant et sincère.
Une heure et demie pile poil tout en décalage et en vagabondage, certes pas révolutionnaire pour un sou, mais à la fraicheur tellement enthousiasmante que sa vision est d'un nécessaire vitale pour tout cinéphile en quête de pause salvatrice en cet hiver chargé en péloche à oscars.
Jonathan Chevrier