[CRITIQUE] : Night Fare

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Julien Seri
Acteurs :  Jonathan Howard, Jonathan Demurger, Fanny Valette, Édouard Montoute,...
Distributeur : Kanibal Films Distribution
Budget : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h20min
Synopsis :
Luc et Chris, son ami anglais, montent dans un taxi pour rentrer chez eux après une soirée parisienne bien arrosée. Arrivés à destination, ils s’enfuient sans payer la course. Ils sont tombés sur le mauvais chauffeur… Le taxi va se mettre en chasse toute la nuit. Mais, est-ce vraiment l’argent qu’il veut ?

Critique :
#Nightfare embrasse avec malice le survival tendu et offre une série B fun et référencée comme on aimerait en voir + souvent dans l'hexagone— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 12 Janvier 2016

Force est d'admettre que depuis quelques temps si la comédie hexagonale se porte étonnement bien, la série B made in France se paye elle aussi une belle cure de jouvence.
Zulu, Mea Culpa, De Guerre Lasse ou encore Antigang pour ne citer qu'eux, les cinéastes français musclent leur jeu histoire de mieux concurrencer les péloches venues du froid et d'outre-Atlantique, voir même pour mieux effacer des mémoires le triste statut d'un genre complétement englué par sa Marchalisation depuis près d'une décennie maintenant (de l'efficace 36, Quai des Orfèvres au très palot MR73, sans oublier le moyen Gangsters et la série Braquo).
Bref, on semble se tirer un peu les doigts du cul par chez nous et c'est franchement loin de nous déplaire.

Ancien clippeur devenu cinéaste (très) prometteur ayant fait ses gammes chez tonton Besson (il a écrit Yamakasi et réalisé sa suite, Les Fils du Vent) et auteur du musclé mais un brin inconsistant Scorpion (avec un Clovis Cornillac transformé et impliqué), Julien Seri revient, après un parcours du combattant jonché de projets avortés, avec un troisième long des plus prometteurs et entièrement indépendant - financé via une campagne à succès sur un site de financement participatif.
Bête de festivals prenant les savoureux atours d'une virée nocturne ambitieuse fleurant bon la production décomplexée et méchamment fun tout droit sortie du pays de l'Oncle Sam, Night Fare suit l'histoire Luc et Chris, son ami anglais, montent dans un taxi pour rentrer chez eux après une soirée parisienne bien arrosée.
Arrivés à destination, ils s’enfuient sans payer la course. Ils sont tombés sur le mauvais chauffeur...
Le taxi va se mettre en chasse toute la nuit. Mais, est-ce vraiment l’argent qu’il veut ?
Petit miracle sur pellicule - et porteur d'un certain espoir pour l'avenir - à la mise en scène plus que solide et maitrisé (de la photographie nocturne superbe à quelques plans d'une beauté renversante), Night Fare est une série B comme on les aime, efficace et haletante mais surtout incroyablement sincère et transpirant de tous ses pores l'amour du cinoche du samedi soir; qui se joue pleinement de son budget restreint pour divertir un spectateur plus qu'agréablement surpris face à une telle péloche produite dans l'hexagone.

Iconique et créatif à souhait, bourré jusqu'à la gueule de références (de Duel à Collateral en passant par Le Justicier dans la Ville, Maniac Cop ou encore Highwaymen), porté par un casting convaincant et une ambiance purement 80's (ce qui le rapproche encore plus du Drive de Winding Refn) tout en étant, logiquement, limité d'un point de vue scénaristique (le manque de scènes d'action, ses flashbacks explicatifs inutiles, sa grande prévisibilité et un finla assez WTF); Julien Seri embrasse avec fougue le survival tendu dans sa course-poursuite urbaine offrant une vision inédite de la capitale parisienne.
Si l'effort s'avère au final assez sage et dénue de violence (on peut y voir la volonté louable de Seri de vouloir toucher un large public et de ne pas se faire lynché par la censure comme sur Scorpion), Night Fare n'en est pas moins un bon film burné, référencé et rythmé, qui tire de son aspect modeste une vraie déclaration d'amour passionnée pour le cinéma d'exploitation jouissif made in America.
Une belle et généreuse surprise qui, on l'espère, en appellera bien d'autres dans un cinéma de genre hexagonale qui ne demande qu'à être arpenter par les cinéastes de demain.
Jonathan Chevrier