Genre : horreur, épouvante, science-fiction (interdit aux - 12 ans)
Année : 1992
Durée : 1h55
L'histoire : Seule survivante d'un carnage sur une planète lointaine, Ripley s'échoue sur Fiorina 161, planète oubliée de l'univers, balayée par des vents puissants. Une communauté d'une vingtaine d'hommes y vit. Violeurs, assassins, infanticides, ce sont les plus dangereux détenus de droits communs de l'univers. L'arrivée de Ripley va les confronter à un danger qui sera plus fort qu'eux.
La critique :
Au début des années 1990, David Fincher n'est pas encore la star ni le cinéaste populaire qu'il va devenir par la suite. Il fait ses armes en réalisant principalement des clips musicaux et des spots publicitaires. Il crée sa propre société de production, Propaganda Films. A priori, rien ne le prédestinait à la réalisation d'Alien 3. En outre, David Fincher a la lourde tâche de succéder à Ridley Scott et James Cameron.
Après l'immense succès des deux premiers volets, la 20th Century envisage deux nouvelles suites. David Giler et Walter Hill grifonnent plusieurs scénarios possibles et alternatifs. Dans un premier temps, la Fox retient un premier opuscule qui se focaliserait sur le personnage de Hicks (Michael Biehn), grièvement blessé après les événements du second chapitre.
Ellen Ripley (Sigourney Weaver) serait donc évincée du scénario d'Alien 3 pour mieux réapparaître dans un quatrième et dernier film. La firme souhaite ardemment le retour de Ridley Scott à la réalisation. Il serait également question de tourner le quatrième opus dans la foulée pour des raisons de budget. Mais, occupé à d'autres projets et peu intéressé par le concept d'Alien 3, Ridley Scott décline poliment l'invitation. Sigourney Weaver se manifeste à son tour.
Elle n'apprécie guère son personnage de guerrière dans Aliens : le retour. Ensuite, Ellen Ripley doit rester le personnage central de la saga. David Giler et Walter Hill sont donc priés de revoir leur copie. Le scénario du film est finalement confié à plusieurs cacographes.
David Twohy, William Gibson et Eric Red se succèdent et ébauchent un scénario qui retient toute l'attention de la Fox. L'action d'Alien 3 se déroulera dans un immense pénitencier échoué sur une planète désertique. Dans un premier temps, la firme confie la réalisation de ce troisième volet à David Ward. Mais le cinéaste souhaite apporter de nombreuses rectifications à un script qu'il juge peu éloquent.
David Fincher est alors engagé par la Fox. A son tour, il participe à l'écriture du script. Parallèlement, le cinéaste doit commencer le tournage alors que le scénario du film n'est toujours pas finalisé. Bilieux et revendicatif, David Fincher abandonne le long-métrage avant le montage final. La plupart de ses idées ne sont pas retenues par les producteurs.
Ensuite, de nombreuses séquences tournées par le cinéaste sont nûment oblitérées pour des raisons essentiellement pécunières.
Il existe donc une version longue d'Alien 3 avec trente minutes supplémentaires. Suite à cette douloureuse expérience, David Fincher reniera plus ou moins le film. Au moment de sa sortie, les critiques sont assez partagées. James Cameron, réalisateur du précédent chapitre, s'invite aux inimitiés. Il fustige et gourmande un scénario qui a promptement éliminé le personnage de Hicks dans Aliens : le retour.
Un sort qui ne plaît guère à Michael Biehn lui-même, curieusement évincé d'Alien 3. David Fincher doit affronter les anathèmes et les billevesées d'acteurs et de réalisateurs hostiles. De surcroît, le film n'obtient pas spécialement l'enthousiasme dans les salles obscures. Le public ne se précipite pas au cinéma, surtout aux Etats-Unis. A tort, ce troisième opus est souvent considéré comme l'épisode le plus faible de la franchise.
Or, Alien 3 n'a pas à rougir de la comparaison avec ses augustes prédécesseurs. D'ailleurs, depuis quelques années, le film est réhabilité par les critiques et la presse cinéma. Certains fans tergiversent et évoquent même le meilleur chapitre de la franchise. Hormis Sigourney Weaver, la distribution du film réunit Charles S. Dutton, Charles Dance, Brian Glover, Ralph Brown, Danny Webb, Lance Henriksen et Pete Postlethwaite. Attention, SPOILERS ! 2179. Ellen Ripley et ses compagnons rescapés : Newt, le caporal Hicks et Bishop sont en hyper-sommeil en attendant leur retour sur Terre.
Mais un œuf alien éclot à l'intérieur du vaisseau, ce qui déclenche un court-circuit, puis un incendie. La capsule de sauvetage quitte le vaisseau et s'écrase peu après sur une planète où est installé un pénitencier de haute sécurité.
Ripley est réveillée peu de temps après par le Docteur Clemens, le médecin de la prison, qui lui apprend qu'une fois de plus, elle est la seule survivante de son équipage. Ripley doit donc cohabiter avec des détenus psychopathes et hostiles. Parallèlement, un nouvel Alien refait surface. Ripley et ses nouveaux compagnons d'infortune doivent affronter la créature sans arme ni technologie.
Ici point de Ridley Scott ni de James Cameron aux commandes. En confiant Alien 3 à un débutant, la Fox prend un tournant radical. Fan des deux premiers films, David Fincher souhaite rapidement se détacher de l'ambiance martiale et guerrière d'Aliens : le retour. En outre, le cinéaste préfère revenir à l'ambiance anxiogène et étouffante d'Alien : le huitième passager, sans pour autant réaliser une séquelle ou un remake.
Alien 3 doit donc posséder ses propres armes et imposer un style, celui de David Fincher en l'occurrence. Rabroué lors du tournage du film, le cinéaste doit insister et (presque) se colleter pour imposer ses idées. L'artiste émérite a du cran et doit plusieurs fois s'empoigner avec la Fox pour réaliser un film à l'ambiance à la fois déroutante et labyrinthique. A l'image de cette immense prison en déshérence, cloîtrée au beau milieu de nulle part, plus précisément sur une planète désertique.
C'est la grande nouveauté d'Alien 3. Désormais, ce ne sont plus des astronautes en mission ou de glorieux space marines qui chassent l'Alien (ou plutôt l'inverse), mais de vulgaires forçats, totalement déconnectés de la réalité. Dans cet univers obombré, les chiourmes au crâne rasé et affublés de codes barres (sûrement un clin d'oeil à THX-1138 de George Lucas) ont créé leurs propres préceptes.
Ici nul besoin de gardien soldatesque. Seuls un directeur et une sorte de jocrisse du village dictent (comme ils peuvent) les principes d'une prison coupée du monde et de l'Humanité toute entière. Ces prisonniers symbolisent à la fois le crime, l'horreur et cette plèbe répudiée par la société toute entière. La prison et les barreaux ne sont pas des punitions suffisantes. Désormais, ils doivent également affronter le courroux d'une créature xénomorphe. Nouveau changement rédhibitoire dans la saga.
Cette fois-ci, l'Alien n'est pas un "Alien" comme les autres. Il est le produit, le substrat d'une curieuse mutation. Il se déplace à une vitesse fulgurante et il est relié (plus que jamais) à une nouvelle mère pondeuse, à l'identité inattendue... En l'état, difficile d'en dire davantage. Changement de look pour tout le monde, Ripley y compris.
D'un "obscur objet de désir" dans le premier volet, puis d'une femme guerrière dans Aliens : le retour, la jeune femme se transforme en forçat quasi condamnée à mort et à brûler dans les flammes de l'enfer. Alien 3 contient de nombreuses idées intéressantes. En conflit sur le tournage, David Fincher parvient à transcender son sujet, à s'approprier le mythe et à donner une nouvelle direction à une saga décidément surprenante. La grande force de ce troisième chapitre repose essentiellement dans cette étrange relation qui se noue entre Ripley et la créature dolichocéphale.
Comme un symbole. Victime des atermoiements et des incertitudes de la Fox, Fincher décide d'assassiner la franchise par une conclusion finale encore une fois déroutante. Qu'à cela ne tienne, par un habile subterfuge, c'est un réalisateur "frenchy", Jean-Pierre Jeunet, qui ressuscitera la créature et ainsi même Ellen Ripley de leur cocon.
Note : 16/20
Alice In Oliver