Fantaisie, démesure, névroses, extravagance, découragement, euphorie, grotesque… bienvenue dans le monde cinéma. Ou plutôt, dans l’envers du décor ! En adaptant le roman C’est le métier qui rentre ! de Sylvie Testud (également co-scénariste sur ce film), Diane Kurys s’amuse à dévoiler les coulisses d’un univers impitoyable, aussi surréaliste que fascinant.
Une héroïne qui ne sait pas dire non, des comédiennes souffrant d’une fragilité égocentrique, un agent au cerveau en forme de tiroir-caisse, et surtout, un duo de frangines productrices infernales et complètement perchées : vous l’aurez compris, Arrête ton cinéma ! verse dans la caricature décomplexée, pousse le trait jusqu’à l’absurde et nous embarque dans une folie douce, avec plus ou moins de dextérité.
Portée par un casting formidable, le « couple » hystérico-tyranique Zabou/Balasko en tête, cette comédie enlevée aux dialogues ciselés (on reconnaît bien la pâte de l’écrivain Testud) offre un tableau délicieusement ridicule d’un certain cinéma, où les ingénus se font manger tout crus. Testud, qui s’est inspiré de sa propre mésaventure, explique : « Le personnage de Sybille est une rêveuse, une amoureuse. Je fais souvent le parallèle entre son obsession et une histoire d’amour : le monde entier peut tenter de vous ouvrir les yeux – vous êtes aveugle, et le jour où vous prenez en conscience, vous vous dites « ils avaient tous raison ». Sybille s’illusionne complètement car elle a envie d’y croire et d’arriver au bout. Elle est conditionnée et pense qu’à force de travail, elle va réussir. Mais c’est faux ! Il faut aussi une dose de chance dans son parcours. Elle veut tellement réussir qu’elle emprunte les mauvais chemins. »
Et bien que la séquence finale soit de trop, Arrête ton cinéma ! est un film suffisamment truculent pour passer un bon moment.
Sortie le 13 janvier 2016.