Genre : horreur, épouvante
Année : 1959
Durée : 1h17
L'histoire : Philippe Delambre utilise la machine à téléporter de son père défunt et est victime de la même infortune.
La critique :
Suite à l'immense succès de La Mouche Noire de Kurt Neumann en 1958, la firme Associated Producters décide de financer une suite dans la foulée. Ce sera Le Retour de la Mouche, réalisé par Edward Bernds en 1959. Cinéaste et scénariste américain, Edward Bernds a toujours (plus ou moins) oeuvré dans une certaine confidentialité. Certes, l'artiste a signé de nombreux films, mais aucun n'est véritablement parvenu à s'imposer sur la planète "Hollywood" et au-delà de ses frontières.
Finalement, Le Retour de la Mouche reste probablement son film le plus notoire. C'est dire la qualité (relativement médiocre, il faut bien le dire) de cet artisan du cinéma bis. Essentiellement passionné et spécialisé dans la science-fiction et l'horreur, Edward Bernds accepte le scénario de cette suite sans barguigner.
Autant le dire tout de suite. Vous risquez souvent de lire le mot "mouche" au cours de cette chronique. Donc attention au coup de bourdon ! La distribution du film réunit Vincent Price (déjà présent dans le premier volet), Brett Halsey, John Sutton, David Frankham, Dan Seymour et Danielle de Metz. Le Retour de la Mouche est aussi le second chapitre d'un triptyque.
En 1965, il sera suivi par La Malédiction de la Mouche, cette fois réalisé par les soins de Don Sharp, une figure emblématique du cinéma horrifique. Les studios tiennent enfin une nouvelle créature synonyme d'hurlements, d'effroi et de cauchemars. A savoir cet insecte volatile qui fait partie du sous-ordre des brachycères. Voilà pour le petit cours d'entomologie. Au passage, vous remarquerez que j'essaie de remplir comme je peux une critique qui brille avant tout par sa vacuité et son inanité. A l'image de cette suite moribonde.
Niveau scénario, peu ou prou de surprises. On prend les mêmes (ou presque...) et on recommence. Vincent Price, toujours en mode cabotinage, accepte de reprendre le personnage de François Delambre, le frère du scientifique affreusement défiguré et transformé en mouche après une terrible expérience. En outre, le scénario du Retour de la Mouche est particulièrement simpliste et laconique.
Attention, SPOILERS ! Quinze ans se sont écoulés depuis les événements racontés dans La Mouche Noire. Le film commence par les funérailles d'une mère toujours tourmentée par la mort mystérieuse de son époux, André Delambre. Son fils, Philippe, décide de reprendre les expériences de son père malgré les avertissements de son oncle François. Mais poussé par les ambitions de son assistant Alan qui convoite ses recherches, il se retrouve avec une tête et les membres d'une mouche.
Sa vengeance envers les gens qui l'ont trahi sera terrible, et il doit découvrir le processus inverse. Après avoir réalisé de nombreuses séries B science-fictionnelles, Edwards Bernds se voit confier une production ambitieuse, tout du moins sur le papier. Le tâcheron élude toute la complexité de son illustre prédécesseur au profit d'un scénario à la fois simpliste et amphigourique.
Ici point de flash-back ni d'enquête policière. Le film reprend sans vergogne les principaux éléments qui ont fait le succès du premier volet. Vous voulez voir des mouches ? Pas de problème ! Peu avare en séquences ubuesques, Edward Bernds réactive l'animal... pardon l'insecte par toute une série de séquences grotesques. Cette fois-ci, c'est le fils du scientifique qui reprend les expériences et les inimitiés, au grand dam de son oncle.
Sous les précieuses instigations d'un Vincent Price plus absent et transparent que jamais, le jeune homme subit malgré lui les roueries d'un collaborateur vénal et fallacieux. Dans un premier temps, c'est un cinquantenaire qui sert de cobaye à ce nouveau capitaliste des Temps Modernes et qui se retrouve transformé en hamster. Fous-rires garantis !
Il faudra donc patienter 25 petites minutes (guère plus) pour voir le fils Delambre transfiguré en mouche terrifiante. Là encore, point de réflexion sur cette affreuse mutation. Le Retour de la Mouche s'apparente essentiellement à un film de monstre. Plus besoin de cacher le faciès de l'insecte géant sous une serviette. La mouche anthropomorphe apparaît souvent... Très souvent... Et ce, pour notre plus grand bonheur !
A cette figure comique... pardon d'épouvante, s'ajoutent quelques séquences sévèrement gratinées. La mouche expérimentale du premier, affublée de la tête du scientifique téléporté, réapparaît et pousse plusieurs cris d'orfraie. "Heeeeeeeeellllllllllpppppppppp meeeeeeeee !" Telle est la longue complainte du volatile. Difficile de ne pas se gausser devant tant de "nanardise" !
Même le célèbre flegmatisme de Vincent Price ne parvient pas à sauver cette production paresseuse de sa médiocrité. Pour le reste du casting, inutile d'en parler. A l'image de Brett Halsey, dans le rôle de Philippe Delambre, totalement inexpressif et monolithique. Condamné à jouer la mouche vindicative, l'interprète traîne un costume et un masque peu appropriés à son physique malingre et d'asticot anorexique. Certes, l'histoire se focalise parfois sur la psychologie du fils Delambre.
Désormais entomophobique, le scientifique semble être voué au même sort (funeste) et malédiction que son auguste paternel. Parallèlement, Edwards Bernds multiplie les fautes de goût dans cette suite aussi vaine que racoleuse. Dépourvu de scénario, Le Retour de la Mouche s'apparente à une parodie involontaire de son illustre modèle. Telle est la recette de ce nanar hors norme.
Et contre toute attente, le film rapportera un joli pactole à son réalisateur. Pas folle la guêpe !
Côte : Nanar