Fred Testot, François-Xavier Demaison, Claire Keim,
Hélène de Fougerolles, Virginie Hocq, Florence Thomassin
, écrit par Sylvie Testud et qui lui-même s'inspire de l'expérience de la comédienne. Cette dernière avait vainement tenté de monter un projet de long-métrage avant de renoncer devant toutes les difficultés inhérentes à sa production.
Extrait d'entretien avec Sylvie Testud.
Relevé dans le dossier de presse.
Qu'est-ce qui vous a poussée à écrire C'est le métier qui rentre ?
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Mais, du choix improbable des actrices, aux réécritures successives du scénario, en passant par les refus des financiers, le rêve merveilleux va se transformer en cauchemar. Incorrigible optimiste, Sybille réalisera trop tard que ses productrices fantasques et totalement déjantées vont l'entraîner dans leur folie...
C'est la première fois que vous transposez un livre. Qu'est-ce qui vous a plu dans l'univers de Sylvie Testud ?Depuis
Sagan, nous sommes devenues amies. C'est le troisième film que nous faisons ensemble ! Quand j'ai su qu'elle s'était mise au travail, j'ai été très impatiente de lire le livre. Je savais qu'il serait drôle ! Sylvie écrit comme elle parle, comme elle vit, à cent à l'heure, avec humour... Je n'ai pas été déçue. Le roman est à son image - vivant, amusant et profond en même temps. J'ai beaucoup ri en le lisant et j'ai été émue aussi. Du coup, je lui ai proposé de l'adapter avec elle et d'en faire un film. Je l'ai sentie soulagée de ne pas avoir à s'attaquer elle-même au projet. Je pense qu'elle était heureuse de savoir que cette histoire serait finalement portée à l'écran et qu'on partagerait toutes les deux la responsabilité du projet.
On a travaillé à quatre mains, même si
Sylvie Verheyde a apporté un regard extérieur en se faisant l'avocat du diable et en nous poussant dans nos retranchements... On raconte l'histoire d'une femme sous pression du début à la fin. Il n'y a rien de tel comme arc de progression pour un personnage. Elle est persuadée qu'elle arrivera à le faire, son film. En dépit des incohérences de ses productrices, et malgré les concessions, elle s'accroche, elle est prête à avaler toutes les couleuvres. Son rêve de cinéma vire au cauchemar. C'est ce basculement qui est à la fois terrifiant et hilarant.
La pression que subit Sybille est liée à son métier mais elle pourrait aussi bien travailler dans un autre domaine. Elle a quelque chose à accomplir et plus rien d'autre n'existe. Quand on réveille un désir, une ambition, chez quelqu'un, il est capable d'oublier tout le reste, sa vie personnelle, sa famille, ses enfants ! Sybille se laisse
"envoûter" par ces deux productrices folles. Elle est complètement aveuglée par son projet et elle ne veut pas voir qu'elle fonce droit dans le mur.
Bien évidemment, je me suis identifiée à Sybille/Sylvie parce que j'ai été actrice et que je suis aujourd'hui réalisatrice. Il y a une grande proximité entre nous, une grande complicité. Je pense que j'ai réussi à me mettre à sa place, tout en allant vers une histoire qui résonne avec mes propres obsessions : j'ai imaginé que si le matériau de départ était plus intime qu'il ne l'est dans le livre, le dévoiement serait plus fort et par conséquent la comédie d'autant plus drôle. Du coup, on a un peu entrecroisé nos parcours : le scénario que Sybille veut écrire est autobiographique, c'est quelque chose entre son premier livre
Gamines et mes films...
L'idée de deux productrices m'est venue assez tard. Dans le roman, il s'agissait d'un tandem frère/soeur que j'avais du mal à me figurer. Et puis un matin, je me suis dit : " tiens, et si on en faisait un couple de femmes ? " J'ai téléphoné à Sylvie pour lui en parler et elle a tout de suite adhéré à l'idée. Ce qui me plaît, c'est qu'on ne se pose jamais la question de savoir si elles sont ensemble ou pas : il y a de la tendresse entre elles et elles se parlent avec des petits mots doux, tout en se traitant aussi de tous les noms d'oiseaux ! Josiane Balasko avait adoré le livre, elle l'avait dit à Sylvie et comme ça faisait longtemps qu'on avait envie de travailler ensemble, je lui ai proposé le rôle de Brigitte. Quant à Zabou, on s'est connues sur
La Baule-les-Pins... Elle a lu le scénario dans un train. Elle m'envoyait des SMS toutes les trois minutes en me disant qu'elle était écroulée de rire...
C'est la première fois que je fais un film aussi fou, aussi délirant et j'ai adoré ! On raconte quand même l'histoire d'un échec et c'était un drôle de pari que de faire rire avec un tel sujet. C'est pour ça que j'ai voulu grossir le trait et aller dans la démesure. Si les deux productrices paraissent parfois caricaturales c'est une volonté de ma part. Quand on connaît le talent d'actrice de Josiane Balasko on comprend la façon dont elle a construit son personnage et je trouve ça jubilatoire de la voir verser dans l'hystérie tout en restant profondément sincère ! C'est le principe même de ce style de comédie. Personnellement, j'adore les films sur le cinéma et c'est vrai qu'ils s'inscrivent souvent dans la parodie :
Panique à Hollywood, Ça tourne à Manhattan, The Player, Tonnerre sous les tropiques, Maps to the Stars, etc. Et quand on repense aux films de Mel Brooks, de Robert Altman, de Lubitsch ou de Billy Wilder, on s'aperçoit qu'aucun de ces cinéastes n'avait peur de l'exagération. Pendant toute la phase d'écriture, j'étais attentive à la tonalité : je voulais, en dépit de la folie, conserver la vérité et l'émotion. Car évidemment, c'est l'humanité des personnages qui nous fait rire et qui nous touche. Même si on ne comprend pas toujours ces deux femmes, elles restent vraisemblables jusqu'au bout. Josiane et Zabou ont une grande force comique et elles campent à merveille ces deux folles, perverses et hystériques, tout en restant humaines. Je trouve qu'elles forment un duo désopilant.
Le scénario était très écrit mais elles se sont senties libres de suggérer ce qui leur semblait juste et elles ont fait beaucoup de propositions. Par exemple, la coke n'était ni dans le scénario, ni dans le livre. C'est une idée de Zabou et on l'a suivie. Je trouvais ça très cocasse. Josiane a proposé pas mal de dialogues. C'est une vraie collaboration.
Elles se sont approprié les rôles, Josiane s'est fait la tête de Catherine Lara, Zabou est partie dans le côté rockeuse avec fourrures et pantalon de cuir... Elles ont joué le jeu à fond ! Par moments, elles avaient peur d'aller trop loin. Mon rôle était de les rassurer et de les encourager.
Qu'est-ce qu'on s'est amusées ! Il faut dire que nous sommes toutes les quatre réalisatrices, si bien qu'il y avait beaucoup de complicité entre nous et aucun problème d'ego. C'est très agréable de travailler dans ces conditions. Je crois que Josiane, Zabou et Sylvie se sont régalées. Incarner des femmes aussi drôles, emportées par leur passion et leurs certitudes, cela doit être assez jouissif, à mon avis.
Bien sûr. Et je dois dire que ça m'a beaucoup rassurée. Si on avait dû demander à une autre comédienne, j'aurais eu du mal. On avait une telle impression de vérité avec Sylvie et on s'entend tellement bien... C'est rare.
Dans le m ême temps, c'était aussi un pari pour elle de camper son propre rôle. Les comédiens aiment se cacher derrière un personnage et c'est toujours un défi de jouer sa propre histoire. Dans le film, elle a un côté
Parce qu'elle va loin tout de même dans ses renoncements successifs...
Fred est un être délicieux, d'une grande humilité, et puis surtout, il est tellement drôle ! Il s'est créé une alchimie intéressante entre lui et Sylvie. Il incarne le regard du public : il peut être tendre mais pas dupe.
Ça vient du livre ! Sylvie aime bien égratigner - et s'égratigner elle-même. Il y avait notamment la scène de la comédienne qui se prend au sérieux et Claire Keim a pris du plaisir à jouer cette actrice capricieuse, tout comme Hélène de Fougerolles quand elle dit "J'ai toujours rêvé de jouer une pute... remarque, comédienne c'est un peu la même chose ! ". Ou Virginie Hocq qui déclare au serveur :
"On signe le livre d'or mais vous nous offrez le champagne". J'ai adoré ces trois actrices qui ont accepté ces participations avec humour et qui s'en sont donné à coeur joie quand elles ont répété la danse autour de la moto...
Avec Kamel Ouali tout de même !
Tiré du roman de Sylvie Testud, "C'est le métier qui rentre", ce film réalisé par Diane Kurys, bénéficie d'un grand plus. Des actrices, dont le seul talent arrive à les sauver de situations souvent très caricaturales.
Les excellentes Claire Keim, Virginie Hocq, Hélène de Fougerolles et Florence Thomassin sont parfaites dans de vrais rôles, même si secondaires. À leurs côtés, le duo composé par Josiane Balasko et Zabou Breitman, en fait trop. Elles paraissent s'amuser, mais leur folie respective, et trop excessive, peine à convaincre, à amuser. "Par moments, elles avaient peur d'aller trop loin. Mon rôle était de les rassurer et de les encourager" a déclaré la réalisatrice. Les actrices avaient raison de douter.
Sylvie Testud est de toutes les scènes. Tour à tour, paumée, maladroite, angoissée ou tyrannisée, elle est parfaite.
L'envers du décor pouvait laisser espérer une satire drôle et enlevée, voire féroce, de ce monde du cinéma. Il n'en est rien.
La fin est grotesque et plombe définitivement l'ensemble.