The Magdalene Sisters (Enfer monacal)

magdalene sisters

Genre : drame (interdit aux - 12 ans)
Année : 2001
Durée : 2 heures

L'histoire : En Irlande, dans le comté de Dublin, en 1964. Lors d'un mariage, Margaret est violée par son cousin. La honte s'abat sur toute la famille. Au petit matin, le curé de la paroisse vient chercher Margaret. Bernadette est pensionnaire dans un orphelinat. En grandissant, devenue jolie, elle suscite la convoitise des jeunes gens du quartier. Considérant que sa nature et son caractère la destinent au pire, la direction de l'orphelinat la confie alors à l'unique institution susceptible de la maintenir dans le droit chemin. Rose, qui n'est pas mariée, vient de donner naissance à un petit garçon. Séparée de son bébé, elle est emmenée au couvent des soeurs de Marie-Madeleine.  

La critique :

On connaît surtout Peter Mullan en tant qu'acteur, beaucoup moins en tant que réalisateur. Vers le milieu des années 1990, l'artiste aux multiples facettes réalise plusieurs courts-métrages. En 1997, il signe son tout premier long-métrage, Orphans. En 2002, Peter Mullan réalise son second film, le plus polémique, The Magdalene Sisters. Le long-métrage s'inspire de faits réels, et plus précisément de l'histoire des couvents de la Madeleine. Dans ces établissements monacaux, des jeunes femmes (orphelines ou alors jugées trop rebelles) sont placées pour expier leurs péchés.
Au moment de sa sortie, The Magdalene Sisters déclenche les foudres et les avanies d'un quotidien pontifical. L'Eglise dénonce un film manichéen, partial et inique.

Face à ses contempteurs, Peter Mullan se défend. The Magdalene Sisters ne serait pas une oeuvre anticléricale, en tout cas "dirigée contre l'Eglise", selon les propres mots du cinéaste. Difficile en effet de ne pas penser le contraire tant le film s'apparente à une diatribe de ces établissements ascétiques et piaculaires. A l'inverse, la presse cinéma jubile. Les critiques sont unanimement panégyriques.
Le film remporte même le Lion d'or à Venise. Reste à savoir si The Magdalene Sisters est bel et bien la claque annoncée. Réponse dans les lignes à venir. La distribution du film réunit Geraldine McEwan, Anne-Marie Duff, Nora-Jane Noone, Dorothy Duffy et Eileen Walsh. Pour la petite anecdote, Peter Mullan effectue une courte apparition dans le film, néanmoins remarquée.

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Attention, SPOILERS ! En Irlande, dans le comté de Dublin, en 1964. Lors d'un mariage, Margaret est violée par son cousin. La honte s'abat sur toute la famille. Au petit matin, le curé de la paroisse vient chercher Margaret. Bernadette est pensionnaire dans un orphelinat. En grandissant, devenue jolie, elle suscite la convoitise des jeunes gens du quartier.
Considérant que sa nature et son caractère la destinent au pire, la direction de l'orphelinat la confie alors à l'unique institution susceptible de la maintenir dans le droit chemin. 
Rose, qui n'est pas mariée, vient de donner naissance à un petit garçon. Séparée de son bébé, elle est emmenée au couvent des soeurs de Marie-Madeleine. Les trois jeunes femmes sont immédiatement confrontées à Soeur Bridget, qui dirige l'établissement et leur explique comment, par la prière et le travail, elles expieront leurs pêchés et sauveront leur âme.

Trois jeunes femmes, trois destins. Clairement, Peter Mullan ne fait pas dans la dentelle. En outre, le réalisateur s'inspire d'un documentaire diffusé sur Channel 4. Profondément marqué, outré, scandalisé et ému par toutes ces jeunes femmes qui ont vécu l'enfer dans ces couvents, le cinéaste dénonce toutes les ignominies ainsi que les principes rigoristes de ces redresseurs de tort.
En l'occurrence, les gardes-chiourmes se sont transfigurés en bonnes soeurs. Chargées d'éduquer ou plutôt de rééduquer des jeunes femmes indociles, les nonnes appliquent leurs règles et leurs préceptes avec parcimonie. Certes, ces établissements ne possèdent pas de barreaux. Pourtant, Peter Mullan décrit un véritable pénitencier avec tout un tas d'humiliations, d'avanies et de billevesées.

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Nos trois éphèbes ne sont plus des femmes, mais des boniches corvéables à merci. Claquemurées dans une petite pièce exigüe et vermoulue, elles doivent partager leur "chambre" (vraiment un terme à guillemeter) avec une dizaine de jeunes filles, elles aussi condamnées à l'opprobre et aux gémonies. Le "pénitencier" monacal se transmute alors en une sorte de secte.
Rose, Margaret et Bernadette sont priées d'oublier leur passé. Privées de leur liberté et même du droit de parole, les trois jeunes femmes tentent de survivre dans un univers cloîtré au beau milieu de nulle part. Par conséquent, difficile de s'évader. Peter Mullan réalise une critique au vitriol de ces couvents (soi-disant) expiatoires. Certes, le film provoque souvent la révolte et la consternation.

A l'image de ses trois principaux protagonistes. Bernadette est probablement le personnage le plus émouvant. Séparée de sa fille, répudiée par sa famille, la jeune femme au physique ingrat sombrera dans l'anorexie, la dépression et la neurasthénie mentale. Fort d'une réalisation à la fois sobre et efficace, Peter Mullan déploie un scénario de facture classique : l'isolement, le portrait éloquent de trois héroïnes, les conditions de détention et l'inévitable évasion.
Paradoxalement, le film parvient rarement à transcender son sujet. Encore une fois, le scénario reste un peu trop basique pour susciter une totale adhésion. Seule la fin horrible de Bernadette surprendra le spectateur. Enfin, Peter Mullan bémolise parfois son propos et choisit la facilité. Conscient de la puissance de son sujet, le cinéaste se défile face à ses contempteurs. Une attitude pour le moins étrange au regard de ce drame qui touche souvent sa cible.

Note : 15/20

sparklehorse2 Alice In Oliver