Genre : science-fiction, post-apocalyptique
Année : 2007
Durée : 1h40
L'histoire : Robert Neville était un savant de haut niveau et de réputation mondiale, mais il en aurait fallu plus pour stopper les ravages de cet incurable et terrifiant virus d'origine humaine. Mystérieusement immunisé contre le mal, Neville est aujourd'hui le dernier homme à hanter les ruines de New York. Peut-être le dernier homme sur Terre... Depuis trois ans, il diffuse chaque jour des messages radio dans le fol espoir de trouver d'autres survivants. Nul n'a encore répondu.
La critique :
A partir des années 2000, Will Smith cherche à varier sa palette d'acteur au cinéma. Il interprète le célèbre boxeur noir américain dans Ali de Michael Mann, puis les bons samaritains moralisateurs dans A la recherche du bonheur de Chris Gardner. Pour la première fois, le public découvre un Will Smith sensible et éploré devant la caméra. L'interprète, toujours aussi pédant et infatué, cherche des personnages complexes et surtout plus diversifiés. En vérité, Will Smith cherche surtout le rôle ou plutôt le film qui fera de lui une star en solitaire, une sorte d'effigie ou d'éloge interminable dédiée à son charisme d'immense acteur du noble Septième Art. Des patenôtres visiblement entendues par Francis Lawrence, réalisateur de Je suis une Légende, sorti en 2007. A l'origine, le long-métrage est le remake du Survivant (Boris Sagal, 1971), lui-même le remake de The Last Man On Earth (connu aussi sous le titre de Je Suis Une légende de Sidney Salkow et Ubaldo Ragona, 1964).
Mais avant tout, le film est l'adaptation d'un roman de Richard Matheson, opuscule (très) librement transposé dans cette version hollywoodienne. Vous pouvez donc oublier toute réflexion sur cette évolution darwinienne et ce processus de sélection naturelle au profit d'un scénario qui se focalise essentiellement sur un homme : Will Smith, cette nouvelle star standardisée par ces capitalistes du cinéma américain.
D'ailleurs, le titre du film lui-même est sujet à de nombreuses suspicions. La légende en question, est-ce le personnage central, Robert Neville, ou Will Smith lui-même ? Le film n'est-il pas une flagornerie (à peine déguisée) de ce nouveau requin... pardon de ce mastodonte qui tente de noyer (par sa présence) nos écrans depuis plusieurs décennies ? Autant de questions sans réponse.
Hormis Will Smith, quelques acteurs apparaissent (furtivement) au cours du film : Alice Braga, Charlie Tahan, Sallie Richardson-Whitfield, April Grace et même Willow Smith, le marmot de Will qui vient carrément s'inviter aux inimitiés. En outre, le long-métrage connaît un vif succès au box-office. A tel point que les producteurs envisagent une suite. Pour le moment, elle n'a pas encore été confirmée...
Et la conclusion finale semble peu appropriée à un éventuel second chapitre... Attention, SPOILERS ! En 2009, un scientifique trouve ce qui semblerait être le vaccin contre le cancer. Cependant, la joie est de courte durée, car ce vaccin tue les humains les moins résistants et fait muter les autres. L'évacuation des survivants sur des bateaux est un échec, personne ne trouvant de remède au nouveau virus qui décime l'humanité.
Néanmoins, un dernier espoir subsiste ; le docteur Robert Neville, officier de l'armée des États-Unis. En plus de ses grandes connaissances en médecine, il est immunisé contre le virus et possède un laboratoire très équipé dans sa maison, il est chargé d'enrayer le virus en trouvant un vaccin. Dernier survivant de la ville de New-York, il occupe ses journées, entre ses différentes expérimentations, à chasser les animaux installés dans la ville, à jouer au golf depuis un porte-avion ou encore à écumer les appartements vides à la recherche de nourriture. Il diffuse de plus, tous les jours, un message exhortant d'éventuels rescapés à venir le rejoindre, sans vraiment y croire.
Bref, le scénario est taillé sur mesure et surtout à la gloriole de Will Smith. Résumons les choses.
Condamné à soliloquer et à arpenter les rues désormais désertiques de la ville de New-York, Robert Neville... Pardon... Will Smith n'est pas seulement un scientifique chevronné. Il possède carrément son propre laboratoire. Tout seul, il chasse et prédate des zombies ou des vampires (on ne sait pas très bien non plus). Il possède également sa salle de gymnastique et s'adonne à ses exercices favoris (musculation, golfe et course y compris). Il élabore des vaccins (néanmoins obsolètes), récupère des cadavres, collectionne les dépouilles pour de futures expérimentations, émet des messages radiophoniques, et il est même sur le point de trouver une éventuelle panacée contre cette épidémie !
Et tout cela, je le rappelle, tout seul ! Mais alors absolument tout seul ! Paradoxalement, la première demi-heure du film est plutôt réussie avec cette longue description d'une cité new-yorkaise en déshérence.
Hélas ensuite, ça se gâte ! Très vite, le scénario devient redondant. Will Smith est condamné à gloser, hypostasier et ratiociner sur sa vie solitaire. Conscient des limites de son script, Francis Lawrence ajoute quelques séquences d'action (plutôt rares) en images de synthèse avariées. Pour une production de ce calibre, difficile de ne pas s'esclaffer devant les looks de clodos des morts-vivants affamés. En désespoir de cause, le réalisateur tente de ponctuer son récit par l'arrivée soudaine d'une veuve et d'un orphelin. En vain. Parallèlement, Will Smith continue son joli numéro de Caliméro (séquence Kleenex) pour mieux farder toute la vacuité d'un scénario amphigourique.
Certes, encore une fois, Francis Lawrence essaie de combler les nombreux vides de cette pellicule science-fictionnelle via une multitude de flash-back. Une chimère. Ici point de réflexion existentialiste ni de questionnement eschatologique. Au risque de me répéter, Will Smith doit absolument noyer le film de sa présence. Toutefois, malgré ses nombreux défauts, Je Suis Une Légende version 2007 n'est pas forcément le pire film de l'acteur. Bien sûr, on déplorera ce côté nombriliste, mais Francis Lawrence signe parfois quelques séquences relativement efficaces.
Pas de quoi se relever la nuit non plus. En l'état, ce long-métrage des années 2000 n'est pas le pire remake produit et réalisé par ces margoulins d'Hollywood.
Côte : 08/20
Alice In Oliver