Critique – Dope

Des bicross, un groupe punk et un sac à dos bien rempli : c'est Dope de Rick Famuyiwa, sorti en novembre dernier. Notre critique.

Malcolm (Shameik Moore) est fan de la culture des années 90′. Avec ses meilleurs potes Jib (Tony Revolori, Grand Budapest Hotel) et Diggy (Kiersey Clemons), il va au lycée d'Inglewood, un quartier mal famé de Los Angeles. C'est un vrai geek. Il redoute les dealers qui traînent dans les rues et les gros durs qui l'attendent au lycée pour lui piquer ses baskets à la mode. La vie ne lui a pas donné les meilleures cartes. Mais il ne veut pas des clichés sur les jeunes garçons noirs des quartiers défavorisés. Et le destin va se charger de lui fournir une occasion de changer son quotidien. Vous voulez voir un film hors du commun ? Bienvenue dans l'univers de Dope.

Gangsta's paradise ?

Évidemment, qui dit dope, dit trafic de poudre. C'est le sens le plus immédiat du titre. Mais, comme expliqué dans l'introduction du film, Dope signifie également : personne stupide ou au contraire, quelque chose ou quelqu'un de cool. Et cool, le protagoniste ne l'est pas du tout au début. Mais il assume pleinement son côté fan des 90′ qui le fait ressembler à un personnage du Prince de Bel air.Critique – Dope

D'ailleurs, si on regarde juste l'affiche, on est tenté de penser que c'est à cette période que se déroule l'intrigue. C'est un bon élève qui a de l'ambition et veut sortir de son carcan de jeune adolescent noir né dans un quartier défavorisé et élevé par une mère célibataire. Il veut étudier à Harvard et il veut approcher la ravissante Nakia (Zoe Kravitz, Divergente) et l'inviter à l'inévitable bal de fin d'année. Niveau esthétique, le film de Famuyiwa ( The Woods, Brown Sugar) est une réussite. On apprécie les couleurs joyeuses qui contrastent avec le côté " gansta " su scénario et le doux soleil de Californie qui auréole le business underground et les courses-poursuites.

Et la bande-son de Dope est excellente. Avec Pharell Williams à la production, on n'en attendait pas moins. Les morceaux de Nas, Public Ennemy ou encore Naughty By Nature rythment la progression de Malcolm dans L.A. Un véritable retour à l'adolescence pour les enfants nés dans les années 80′. On notera aussi dans la B.O un titre du groupe LolaWolf dont le leader n'est autre que Zoe Kravitz.

Dealer malgré lui

Avec Dope on parle de crime mais aussi de passage à l'age adulte. Et le réalisateur a su mixer avec talent le film d'apprentissage avec celui de gangster. Malcolm est entre le lycée et l'université, assez âgé pour conduire mais pas pour boire de l'alcool. Il a un côté raisonnable, bosseur et appliqué mais aussi un côté plus obscur qui le fait se rapprocher de Dom (Rakim Mayers), un dealer de son quartier qui va lui faire découvrir les excès, les soirées avec option " baston " et, de façon assez fortuite, le commerce de la Molly, une drogue très populaire chez les jeunes de L.A. Le personnage est toujours entre deux univers, ce qui donne un tempo incroyable à l'intrigue.

Les trois protagonistes vont devenir ce qu'ils sont et passer de la case " Nerds " à celle de " vrais durs " au film d'une histoire pleine d'humour et de rebondissements qui tord le cou aux stéréotypes sur les noirs, les jeunes et les geeks. Les acteurs, peu connus dans l'ensemble portent le film aussi bien que l'auraient fait des comédiens beaucoup plus bankables. Dope est une réussite, un film rafraîchissant et résolument original. L'avenir du Black Cinema américain s'écrit avec Rick Famuyiwa.

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