Andreas (Nikolasj Coster-Waldau) et son épouse Anna (Maria Bonnevie) viennent tout juste d’avoir leur premier enfant après des années de tentatives infructueuses. Ils sont à la fois enchantés et épuisés car le nourrisson est très agité et pleure beaucoup. Le jour et surtout la nuit.
Aussi, Anna a un mauvais pressentiment quand elle se réveille subitement, au milieu de la nuit et qu’elle n’entend aucun bruit. Un drame vient de se produire. Son bébé ne respire plus, sans doute victime du syndrome de la mort subite du nourrisson. Alors, elle perd à moitié la tête, refusant d’admettre que le bébé est décédé. Elle menace même de se suicider si son mari essayait de lui retirer l’enfant des bras. En tant que policier, Andreas a l’habitude de raisonner les individus et de parlementer avec eux, mais dans le cas présent, il est trop dévasté par le chagrin et la douleur pour trouver une solution. Sur un coup de tête, il décide d’échanger le corps de son fils défunt avec le bébé d’un couple de junkies qu’il avait essayé, en vain, de faire condamner pour maltraitance d’enfant. Il mise sur le fait que les deux drogués sont trop dans les vapes pour réaliser qu’il ne s’agit pas de leur fils.
Mais les choses ne tardent pas à se compliquer…
A partir de là, de deux choses l’une : Soit vous vous laissez embarquer par cette histoire sans trop savoir où la cinéaste vous emmène, et vous avez alors une petite chance d’aimer A second chance, soit, comme nous, vous comprenez très vite la logique narrative utilisée par la cinéaste danoise Susanne Bier, vous devinez rapidement quels vont être les rebondissements du scénario et dans ce cas, vous avez une forte probabilité de vous ennuyer à mourir devant ce film.
Pire, vous risquez de vous focaliser sur des détails, comme les grosses ficelles mélodramatiques employées par Susanne Bier pour pimenter son thriller mollasson. Par exemple, l’intrigue secondaire totalement inutile autour du partenaire d’Andreas, flic dépressif et alcoolique. Ou la bande-son insupportable qui surligne à grands traits tous les effets de mise en scène…
En même temps, cela fait partie intégrante du style de la cinéaste danoise. Chacun de ses longs-métrages repose sur des effets mélodramatiques assumés. Parfois pour le meilleur (Open hearts, Brothers), parfois pour le pire (Serena). Ici, on tombe hélas dans la seconde catégorie.
Dommage, car le film possède quelques atouts, à commencer par ses indéniables qualités esthétiques et notamment la belle photographie du chef-opérateur Michael Keith Snyman. Les quatre comédiens principaux, Nikolaj Coster-Waldau, Nikolaj Lie Kaas, Maria Bonnevie et Lykke May Andersen, auxquels on peut ajouter Ulrich Thomsen, livrent des performances d’acteurs tout à fait honorables.
On retrouve partiellement tout ce qui fait le charme du cinéma danois contemporain que nous aimons. Mais il manque l’essentiel : un scénario bien écrit et une mise en scène capable de le sublimer. Ici, tout est noyé sous des flots de pathos et d’effets mélodramatiques bien lourds et la mise en scène lénifiante de Susanne Bier n’arrange guère les choses.
Si nous sommes prêts à laisser une seconde chance à la cinéaste danoise, que l’on sait capable de bien mieux, on oubliera très vite A second chance, faux thriller mais vrai mélodrame, qui assomme plus qu’il ne fait frémir…
En chance til
Réalisatrice : Susanne Bier
Avec : Nikolaj Coster-Waldau, Nikolaj Lie Kaas, Maria Bonnevie, Lykke May Andersen, Ulrich Thomsen
Genre : faux thriller, assommant mélo
Durée : 1h42
date de sortie France : 13/01/2016
Contrepoint critique : Le Parisien