(Critique de la saison 1)
Au milieu des aventures Marvelienne (Jessica Jones, Daredevil) et des épopées ambitieuses (Narcos, Marco Polo), Netflix à démontré avec le temps un net penchant pour les comédies singulières et pimentées mais surtout férocement contemporaine (Unbreakable Kimmy Schmidt, Orange is the new black). Pas étonnant donc de voir le trublion de l'humour US Aziz Ansari (qui gagne à être plus connu), jeune comique ayant démarré par le stand-up avant d'envahir le petit (Parks and Recreations) et le grand écran (30 Minutes or Less, Funny People), débarquer avec son propre show qu'il a co-écrit, co-réalisé, produit et dont il est également la vedette.
Durant les dix premiers épisodes qui composent la première saison de Master of None, Aziz s’inspire de son vécu (et clairement de son passé sur scène) avec franchise et simplicité pour nous raconter sa vie mais aussi notre vie.
Un homme bien dans son temps qui détaille son quotidien de trentaine du XXI ème siècle avec ces aléas communs à tous (indépendance, les difficultés de la vie active, les conflits generationnels notamment avec des parents incompréhensif, le racisme, le sexisme).
Chaque épisode s'amuse à traiter d'un thème différent et à proposer des sujets sérieux (le sexe sans lendemain et les moyens de contraception, le harcèlement sexuelle, la vie de couple, l'adultère, la vie parentale, le mariage, l'éloignement, le tout avec un second degré savoureux se permettant même, parfois, quelques références cinématographique bien senties. Intelligente, juste et joliment maîtrisée, la série mêle avec réalisme et délicatesse comédie et drame.
En antihéros des temps modernes et célibataire - un temps - endurcis, Ansari incarne un personnage attachant, drôle (malgré lui parfois) qui mène son existence avec spontanéité et optimiste tout en sachant qu’il passe à côté de quelque chose de meilleure dans sa vie. Mais très vite, par le biais d'une rencontre amoureuse et des conseils asséné par une bande de potes haut en couleurs, il prend beaucoup plus de recul sur sa vie et ses actes.
Master of None (dit d'une personne qui est compétente et douée de nombreuses compétences, mais qui passe tellement de temps à apprendre chaque nouvelle compétence qu'elle ne peut pas réellement devenir un expert dans un domaine en particulier) aurait très bien pu naitre de la plume magique de Woody Allen (le cadre new-yorkais, l’autodérision, le héros bavard au physique atypique).
Mais Aziz Ansari apporte une touche beaucoup plus sensible voir même un brin féministe car au delà d'être une série à forte tendance " masculine ", les personnages féminin sont ici très bien représentées par des femmes d’aujourd’hui, plus libres, drôles et indépendantes (comme la craquante Noël Wells).
Bref, une charmante comédie new-yorkaise aussi romantique qu'elle est autobiographique et empathique, dont on attend avec impatience la suite, tout juste commandée par Netflix.
Alyssa Adjaoui