Et ta sœur, elle bat le beurre ?

Et ta sœur, elle bat le beurre ?

Et ta sœur ? On serait tenté de répondre : « Elle bat le beurre »… et on vous évitera la suite que vous devez bien connaître pour éviter de tomber directement dans la vulgarité. Cela-dit, le dernier film de Marion Vernoux adapte un succès du cinéma indépendant américain Your sister’s sister avec peu de succès. Le scénario sans saveur, accompagné d’une caméra grelotante, n’a guère d’intérêt. Des actrices que l’on apprécie pourtant, Virginie Efira et Géraldine Nakache, y sont toutes aussi insipides.

Alors que Pierrick (Grégoire Ludig que l’on a vu dans Les Francis) vient de perdre son frère, sa meilleure amie, Tessa (Géraldine Nakache) l’invite à aller se reposer dans sa maison de campagne. Lorsqu’elle vient le rejoindre par surprise, elle est étonnée d’y trouver également sa sœur Marie (Virginie Efira que l’on a vu dans Caprice, Une famille à louer et que l’on a pu entendre dans Hôtel Transylvanie 2).

Et ta sœur, elle bat le beurre ?

Marie (Virginie Efira) et Pierrick (Grégoire Ludig)

Et ta sœur, c’est avant tout l’histoire de trois quadragénaires désabusés aux prises avec des désillusions sentimentales et humaines. Pierrick s’aperçoit qu’il regrette un frère qu’il n’aimait guère, Marie prend du recul sur sa dernière relation et Tessa coure les hommes sans savoir avouer ses sentiments à celui qu’elle aime. Voilà un cocktail qui dans le huit-clos choisi, aurait pu amener de belles joutes verbales et faire tomber quelques masques. Il n’en ait rien. Les dialogues sont d’une platitude particulière et l’ambiance aussi morose que le ciel perpétuellement sombre de la côte (probablement atlantique) n’arrange rien. Certaines situations, comme la longue rencontre alcoolisée de Pierrick et Tessa devrait au choix appeler au rire ou les rendre attachant en révélant leur personnalité profonde. Pourtant, les personnages ne sont que pathétiques, les postures qu’ont leur fait adopter sont ridicules sans être drôle. On se désintéresse rapidement de leur état d’âme sans reliefs.

Et ta sœur, elle bat le beurre ?

Marie (Viriginie Efira) et Tessa (Géraldine Nakache)

La mise en scène adopte constamment des focales rendant l’image floue ou des caméras portées particulièrement tremblotante et très vite désagréable. On est heureux lorsque le scénario amène des plans fixes, particulièrement si l’on est sujet au mal de mer. Pour le reste, Marion Vernoux amène sans plus de brio quelques sujets dans l’air du temps traités sans tendresse comme le désir de maternité de Marie qui est lesbienne. Film sur la crise de la quarantaine, mais quelle dizaine n’est pas censé nous mettre en crise dorénavant, Et ta sœur ne sort jamais des sentiers battus et rebattus, manquant cruellement d’humour noir ou de malice, enfin de n’importe quoi qui aurait pu rehausser le film. Baignant dans le marasme, le film se termine par une note d’espoir qui pourtant coule à pic. Et ta sœur rejoint la longue liste des films sans intensité dont on se demande bien comment ils ont pu convaincre un producteur.

Et ta sœur, elle bat le beurre ?

Tessa (Géraldine Nakache), Marie (Virginie Efira) et Pierrick (Grégoire Ludig)

Si vous êtes déjà déprimés, évitez à tout prix Et ta sœur. Si vous êtes d’humeur mélancolique, évitez également. Si vous aimez le cinéma dramatique ou romantique, fuyez. Et ta sœur est à la fois partout et surtout nulle part.

Boeringer Rémy

Retrouvez ici la bande-annonce :