Genre : boxe, comédie dramatique, drame
Année : 2016
Durée : 2h13
L'histoire : Adonis Johnson n'a jamais connu son père, le célèbre champion du monde poids lourd Apollo Creed décédé avant sa naissance. Pourtant, il a la boxe dans le sang et décide d'être entraîné par le meilleur de sa catégorie. À Philadelphie, il retrouve la trace de Rocky Balboa, que son père avait affronté autrefois, et lui demande de devenir son entraîneur. D'abord réticent, l'ancien champion décèle une force inébranlable chez Adonis et finit par accepter.
La critique :
Sylvester Stallone l'avait pourtant juré. Rocky Balboa, sorti en 2006, devait signer le sixième et ultime chapitre de la saga. Surtout, le film devait racheter la médiocrité d'un Rocky V (John G. Avildsen, 1990) peu éloquent, le seul épisode de la franchise à se solder par un bide commercial dans les salles. Rocky, c'est avant tout une histoire. Une histoire qui ressemble étrangement au parcours chaotique de Sylvester Stallone, entre des débuts timides, puis la gloire et la célébrité (le premier Rocky et ses nombreuses suites), avant de se confire à nouveau vers l'oubli et le déclin (L'expert, Assassins, Arrête ou ma mère va tirer !).
Vers le milieu des années 2000, Sylvester Stallone signe son grand retour avec deux personnages (Rambo et Rocky), qui ont triomphé jadis dans les salles obscures. John Rambo et Rocky Balboa marquent l'avènement d'un acteur que l'on croyait quasiment enterré.
Ou la résurrection des grandes figures du passé, de ces "action men" des années 1970 et 1980. Une autre époque... Rocky Balboa marque aussi le dernier combat d'un boxeur vindicatif et revanchard. Encore une fois, Sylvester Stallone se relève et fustige ses contempteurs à travers un film probe et sincère sur la vieillesse, l'oubli et la solitude. Désormais, l'acteur au visage chenu va bientôt fêter ses 70 printemps. Plus question de remettre les gants et de s'empoigner avec des combattants quasi impubères.
Stallone n'a plus la force ni la fougue de naguère. Pourtant, à partir de 2013, le réalisateur, Ryan Coogler, annonce un spin-off de la saga Rocky. Tout le monde s'esclaffe. Ce spin-off signe tout de même le septième volet (ou le septième round) d'une franchise assez inégale et redondante. Surtout, ce septième chapitre s'inscrit dans cette mode rébarbative de tous ces remakes, séquelles et préquelles censés relancer et/ou conférer un nouveau souffle à d'anciennes glorioles du passé. Une chimère.
Pourtant, Ryan Coogler parvient à convaincre Sylvester Stallone. L'acteur interprétera donc à nouveau son personnage fétiche dans Creed : l'héritage de Rocky Balboa, actuellement dans les salles. Viennent également s'ajouter Michael B. Jordan, Tony Bellew, Andre Ward, Tessa Thompson, Phylicia Rashad, Graham McTavish et Wood Harris. Comme l'indique le titre de ce septième volet, il est donc question ici d'héritage, de transmission et de succession. Attention, SPOILERS !
Adonis Johnson n'a jamais connu son père, le célèbre champion du monde poids lourd Apollo Creed décédé avant sa naissance. Pourtant, il a la boxe dans le sang et décide d'être entraîné par le meilleur de sa catégorie. À Philadelphie, il retrouve la trace de Rocky Balboa, que son père avait affronté autrefois, et lui demande de devenir son entraîneur.
D'abord réticent, l'ancien champion décèle une force inébranlable chez Adonis et finit par accepter. Impossible de ne pas y voir un intérêt commercial. Surtout que Stallone nous a déjà fait le coup dans Rocky V. A la retraite, l'ancien boxeur devenu entraîneur se charge d'aguerrir un combattant opiniâtre. Hélas, le cinquième chapitre se solde par un échec financier et artistique. Stallone est prié de d'excuser auprès des fans de la franchise. Creed : l'héritage de Rocky Balboa reprend donc la formule ingénue de Rocky V. Ce qui a le mérite de provoquer la suspicion et quelques rictus imbéciles.
Plus qu'un spin-off, Creed est avant tout la suite logique de Rocky Balboa. Certes, Rocky IV signait le glas et la mort d'Appolo Creed sous les coups d'un boxeur russe barbare et dopé (sic...). Contre toute attente, l'aura de cette ancienne gloire du passé ressurgit d'outre-tombe.
Creed est donc un film sur la mémoire, à l'image de toutes ces photographies qui jonchent les vieux murs d'une salle de boxe de Philadelphie. Plus personne ne se souvient ou presque de ces anciennes gloires du passé. Ou la traduction d'une société consumériste qui a volontairement oublié et fustigé son histoire. Tout d'abord rétif, Rocky accepte finalement de reprendre les gants pour entraîner Adonis Creed, donc le fils d'Appolo Creed. Nouvelle thématique : la transmission de la sagesse et du savoir.
Mais aussi ce questionnement philosophique : qui je suis ? Telle est la dialectique d'Adonis, qui refuse tout d'abord de porter le nom de son patriarche, pour à nouveau vêtir le short "USA" et diapré de son père, celui de Rocky premier du nom, puis de Rocky II. L'héritage est en marche.
Surtout, Stallone prend la place de son ami hélas décédé. Coaché par Appolo Creed dans Rocky III, il entraîne désormais le fils. Mais l'objectif n'est pas de retrouver l'oeil du tigre mais plutôt d'aguerrir un boxeur inexpérimenté. C'est la seconde question posée par Adonis : suis-je le digne épigone de mon paternel ? Un héritage lourd à porter pour ce jeune homme obstiné. Après un premier combat facilement remporté, le jeune homme devient la nouvelle star des médias.
Dans un sport voué désormais au fric et aux gémonies, les sponsors cherchent cette nouvelle figure emblématique, capable de soulever les foules. A nouveau, Creed rétablit ce rapport ambigu entre le ring et les cicatrices indélébiles du passé. Soit la thématique essentielle de la franchise. Stallone n'est plus ce guerrier tenace des années 1980.
Le temps s'est écoulé. Inexorablement. Le visage marqué, les yeux émoussés, l'ancien boxeur veut rejoindre Adrian, Mickey, Appolo et même Paulie parmi les oraisons funèbres. Bref, tous ceux qui l'ont amené au sommet. Pourtant, le vieil entraîneur cancéreux trouve une nouvelle dynamique, un nouvel espoir de vivre en la personne d'Adonis, sa nouvelle famille. Toujours cette question de succession et d'héritage.
Finalement, Ryan Coogler parvient à s'approprier la saga. Mieux, le réalisateur dirige parfaitement ses acteurs. Sylvester Stallone réitère sa performance dans Rocky Balboa et trouve ici le ou l'un des meilleurs rôles de sa carrière. Même remarque concernant Michael B. Jordan, qui livre une excellente performance dans le rôle d'Adonis Creed. Certes, les contempteurs et/ou les esprits chagrins pourront toujours tancer et s'interroger sur le réel intérêt de ce septième round.
Pourtant, contre toute attente, la formule fonctionne... depuis presque quarante ans maintenant.
Note : 15/20
Alice In Oliver