Tout schuss, le deuxième film du duo de réalisateurs, François Prévôt-Leygonie et Stephan Archinard, rejoint la grande famille de la comédie française standardisée. S’il revêt un petit côté semblable à Fiston, laissant s’incruster une gentillette et tendre histoire de famille, il s’embourbe rapidement dans l’humour facile alliant grossophobie et cliché raciste comme seul fil conducteur. Des ressorts humoristiques essorés dont on se serait bien passé.
Max Salinger (José Garcia) est un écrivain célèbre à qui tout sourit. On va d’ailleurs bientôt adapter son dernier livre, Trash, à Hollywood. Seulement, c’est un égoïste qui ne réfléchit qu’à sa carrière. Pour attirer son attention, sa fille de quinze ans, Rosalie (Manon Valentin) va lui voler son manuscrit avant de partir en classe de neige. Le voilà obliger de la rattraper.
Max (José Garcia) et Steeve (François Deblock)
Dans un premier temps, on était soulagé que le film ne se vautre pas dans l’humour gras et facile, à répétition, tendance Les profs 2. On y reconnaissait la volonté de vouloir donner de la substance aux personnages. On n’était même pas réellement incommodé par le surjeu habituel de Garcia qui collait assez bien à son alter-ego. On trouvait émouvant la relation un peu de bric et de broc naissant entre Max Salinger et un jeune orphelin de père. On aurait même fini par s’habituer au look destroy du moniteur de colonie Steeve, caricatural à souhait, trentenaire puceau, lointain sosie de Watkin Tudor Jones (leader du groupe sud-africain Die Antwoord que l’on avait vu dans Chappie) et même à l’inévitable présence d’un jeune gothique. Et puis, Tout schuss nous a eu à l’usure et à fini par nous contrarier. En effet, les trois mamelles de la blague selon Prévôt-Leygonie et Archinard repose sur une misogynie feutrée, une grossophobie assumée et des clichés racistes dans l’air du temps. La professeure de sport, toujours en tenue moulante, accompagnée de jeune adolescent au regard forcément lubrique (si, si), donne l’occasion de filmer cul et seins. C’est indéniablement ce qu’il manquait au film. Rajoutons que la seule chose qui fait réagir Max envers sa fille est l’éventualité de devenir grand-père. Et qu’elle trouve ça cool. En gros, être père, c’est avant tout contrôler la vie sentimentale de sa fille. Sauf qu’un père absent, il s’en moque et qu’on ne s’improvise pas père du jour au lendemain. Ça ne tient pas la route.
Max (José Garcia) et Rosalie (Manon Valentin)
Le pauvre bougre de beau-père de Rosalie, se retrouve avec des Polonais, enfermé dans un bus à destination de Varsovie. Évidemment, ces messieurs sont forcément alcoolisés vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Enfin, et c’est sûrement le plus insupportable, les brimades contre la grosse de service est censé constitué l’essentiel des blagues, notamment de la part des adultes. Franchement, les enfants en surpoids souffre suffisaient comme ça pour que tous les films destinés à un public familial n’en remettent pas une couche. D’autant plus que la jeune fille en question est présentée comme seule responsable de son sort, incapable de se contrôler et se goinfrant comme un animal. Alors que l’on sait bien que les causes de l’obésité sont souvent bien plus complexes. On tombe sur des blagues très drôle du style « Tu ne peux pas venir avec nous aux États-Unis, il y a trop de fast-food ». Ah ah ah. La jeune Melha Bedia doit en avoir bien du courage pour supporter de jouer dans des films à la ligne comique si pauvre. On espère qu’elle ne sera pas cantonnée dans des rôles semblables, comme c’est le cas, parfois pour la suite de sa carrière. Melha Bedia
Tout schuss démarre doucement pour finalement aller se vautrer dans le chalet, les quatre fers en l’air. Le long-métrage brille par son manque d’ambition comique, enfonçant des portes ouvertes, alors même que le scénario aurait pu exploiter une belle histoire de réconciliation filiale.
Boeringer Rémy
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