[DVD] Les chevaliers d’ivoire, osmose fraternelle entre éléphants et êtres humains

Publié le 19 janvier 2016 par Rémy Boeringer @eltcherillo

Les chevaliers d’ivoire, documentaire co-réalisé par Jean Queyrat et Jérôme Ségur, toujours édité par ZED dans le coffret Ethnies, nous transporte cette fois-ci dans les Hauts Plateaux du Vietnam. L’ethnie des Mnongs y a fondé une véritable dynastie de chasseurs d’éléphant qui tentent de survivre malgré les ravages de vingt-six ans de guerre et malgré la nouvelle direction économique donnée par le Parti Communiste Vietnamien.

Issan, Mavé et Majung sont les trois fils de Macun, le dernier chevalier d’ivoire. Il essaie de transmettre son savoir-faire en tant que dresseur et pour capturer les éléphants sauvages.

La légende qui se perd dans la nuit des temps raconte que lorsqu’ils s’établirent sur les Hauts Plateaux, plusieurs enfants Mnongs burent dans une rivière. Les premiers à avoir bu se transformèrent en éléphant. Les autres hommes les acceptèrent parmi les villageois le temps de les sevrer et de pouvoir les laisser partir. En échange de leur hospitalité, les éléphants promirentd’aider les humains qui saurait les apprivoiser. Ainsi, les éléphants étant des descendants des êtres humains transformé par magie, ils ont acquis dans la culture Mnong une aura de magie et un éternel respect. Les Mnongs sont restés pendant longtemps isolés avec les autres peuples des montagnes vivant une existence semi-nomade à l’écart des Vietnamiens. La très longue guerre d’indépendance contre la France puisle conflit orchestré par les États-Unis sèmera le chaos et la mort dans cette peuplade. Les hommes ne furent pas les seuls à payer le tribut d’une guerre qui ne les concernait guerre, ce fut aussi le cas des éléphants que le napalm n’épargna pas. La situation ne s’est pas arrangée avec la paix, les braconniers tentant de finir le travail par cupidité pour revendre l’ivoire aux plus offrants. Macun, dans sa jeunesse, était reçu à la cours du Cambodge. Car il était réputé pour être l’un des plus grands chevaliers d’ivoire, on le fit quérir pour dresser un éléphant blanc.

Ce temps est révolu. Macun nous dis que les éléphants autrefois habitué à la présence de l’homme qui ne prélevait que le strict nécessaire et ne tuait jamais, sont aujourd’hui méfiants et s ‘éloignent de plus en plus. Les fils du chasseur sont désormais obligés de partir à plusieurs lieux de chez eux, parfois jusqu’à la frontière cambodgienne pour apercevoir des troupeaux. Quand Macun était un jeune dresseur, il était plus dangereux de traquer les éléphantidés, les mères défendaient ardemment leurs progénitures. De nos jours, elles fuient sans exceptions comme si l’espèce était consciente de son infériorité et de sa lente extinction. Autrefois semi-nomades vivant de la pêche et dressant les éléphants, les Mnongs ont été sédentarisés de force par le pouvoir communiste qui leur laisse, une fois le travail obligatoire achevé dans les rizières, perpétué leurs traditions. C’est malgré tout, une blessure vivante dans l’âme des Mnongs de ne plus se consacrer exclusivement aux éléphants sacrés et à la pêche. Macun et ses fils ont bien peur qu’avec le braconnage qui s’intensifie, il n’y ait bientôt plus d’éléphant à capturer et que s’éteigne cette culture ancestrale. Ils sont soulagés d’avoir réussi à capturer un éléphant cette saison et sacrifie un buffle pour remercier les esprits. Le dressage prendra trois mois et s’il accepte de se laisser apprivoiser, l’éléphant rentrera dans la communauté des hommes et sera accueilli dans l’enceinte du village.

Seulement armés d’un lasso tressé en cuir de buffle, juchés sur le plus rapide de leurs éléphants, Issan, Mavé et Majung, repartiront bientôt pour tenter une nouvelle capture. Tant que cela sera possible, ils ne rompront pas le serment que jugèrent sur le bord d’un fleuve, les premiers éléphants et leurs cousins humains.

Boeringer Rémy

Retrouvez ici la bande-annonce :

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