London Spy, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Voilà une mini-série anglaise que l’on avait pas vu venir pour bien terminer 2015. En 5 épisodes, on se laisse happer par l’atmosphère mélancolique et paranoïaque de London Spy. Étonnant.

Après des livres à succès dont nous avons pu voir notamment l’adaptation au cinéma de Enfant 44, l’écrivain Tom Rob Smith passe maintenant à la télévision avec London Spy. Comme son titre l’indique, il s’agit évidemment d’une histoire d’espionnage, mais cela va finalement bien plus loin que cela. En 5 épisodes, il est aussi question d’étudier les dessous des services d’espionnage et leur manière de se servir de leurs agents comme des pions facilement jetables, d’éducation, d’homosexualité, de manipulation et de remuer un passé qui peut faire mal, pour les personnages comme pour le pays.

La mini-série débute donc par une love story dans un Londres toujours aussi grisâtre et humide. Le jeune Danny (Ben Whiswhaw, tout en fragilité), tombe amoureux du très secret Alex. Mais 8 mois après le début de leur relation, Alex disparait sans laisser de traces. Danny va donc mener l’enquête mais celle-ci risque de l’emmener très loin dans le passé de l’espion. Il pourrait ainsi se retrouvé mêlé à une histoire qui le dépasse et dont il ne ressortira pas indemne.

Avec son ambiance toute en retenue, London Spy avance petit à petit vers toujours plus de noirceur. Un côté sombre qui nous embarque sans faire de démonstration mais qui permet de raconter une multitude de choses à chaque rencontre que Danny va faire dans son enquête. Il va mettre en lumière petit à petit un complot, ce qui va se retourner contre lui avec une certaine cruauté, comme si aimer un espion était forcément une histoire vouée à la malédiction. Un sentiment d’inéluctabilité se dégage sans cesse des épisodes dans lesquels chaque révélation rendra l’enquête plus compliquée et sombre que jamais.

Toutefois, si il est question de complot à grande échelle, nous restons en permanence dans une sphère intimiste autour de Danny, de son entourage et des personnes qui ont croisé Alex. Un nombre de protagoniste très resserré qui permet de montrer toutes les émotions de Danny, intelligent et flegmatique qui surmonte lui aussi ses démons. Et pourtant cela ne nuit jamais à la portée du récit. En effet, le personnage joué par Charlotte Rampling permet de mettre en lumière tout le sujet de l’éducation des enfants tandis que celui campé par Jim Broadbent vient remuer le couteau dans la plaie que les homosexuels ont longtemps porté en Angleterre avant d’être reconnus. Et les deux vont aussi permettre de plonger plus avant dans les arcane de l’espionnage et de ses méthodes peut avouable pour garder des secrets internationaux.

Récit dramatique magnifiquement porté par son écriture et ses interprètes, London Spy s’essouffle dans un dernier épisode un peu en deçà, mais reste tout de même prenante de bout en bout et, même si c’est tout une mini-série, on voudrait bien voir un second volume arriver pour apporter plus de lumière sur les personnages et leur avenir.