Les Chevaliers Blancs (2016) de Joachim Lafosse

Un sujet brûlant sur lequel le réalisateur n'ose finalement pas se lancer corps et âme. Et c'est sans doute là que le bât blesse. Après la tragédie viscérale "À perdre la raison" (2012), le réalisateur Joachim Lafosse se relance dans un fait divers, mais cette fois autrement plus universel et problématique du point de vue de la morale humanitaire. Inspiré ouvertement de l'affaire de l'Arche de Zoé, le réalisateur impose de suite les limites en insistant dans le même temps sur le fait que c'est une fiction : "Sachant que je suis un auteur de fiction, je sais bien que ce que je mets en scène n'est pas le réel, mais est uniquement le fruit de mon imagination. C'est une élaboration. Il ne s'agit pas d'eux, les personnages que je mets en scène ne sont pas les protagonistes de l'affaire de l'Arche de Zoé. Mes films sont d'abord le reflet de mes obsessions."... Bref, Joachim Lafosse se sert d'un fait divers très médiatisé mais sans vouloir en assumer le fond.

Les Chevaliers Blancs (2016) de Joachim LafosseLes Chevaliers Blancs (2016) de Joachim LafosseNote : Chevaliers Blancs (2016) Joachim LafosseChevaliers Blancs (2016) Joachim Lafosse

Les membres de l'Arche de Zoé sont ici montrés d'abord comme des gens "normaux", croyant à leur mission humanitaire et se laissant berner par leur propre ambition égocentrique d'âmes bienfaitrices. Au final on nous force la main pour avoir un maximum d'empathie pour des samaritains qui sont finalement plus proches d'amateurs naïfs, sortes de pieds nickelés qui seraient les héros comiques parfaits si ce n'était pas si dramatique au final. L'entreprise est donc litigieuse et manque très clairement d'une ligne directrice plus claire. Le choix du casting n'est pas anodin. Le choix du leader en la personne de Vincent Lindon est en celà parfaitement logique et judicieux, acteur populaire s'il en est, et interprète idéal de la classe ouvrière d'autant plus depuis sa performance dans l'excellent "La Loi du marché" (2015) de Stéphane Brizé. À ses côtés nous trouvons la belle Louise Bourgoin qui confirme son panel de jeu après "Je suis un soldat" (2015) de Laurent Larivière, Valérie Donzelli et surtout Philippe Rebbot et Reda Kateb déjà vus dans des rôles similaires. Le scénario décrit bien le quotidien de ce groupe qui vit en petite communauté et dont les tensions relèvent d'abord de la promiscuité. Mais le scénario se focalise aussi un peu trop sur les tractations et les marchandages autour des enfants. Une fois qu'on a compris le système on aurait aimé un peu plus de fond notamment sur les personnages eux-mêmes et leurs différents rapports avec ce qui les entoure. Les acteurs sont tous impeccables mais nullement servis par un scénario qui les laisse tourner en rond sans approfondir les personnages. Un film finalement un peu vain car il ne va jamais au fond des choses.

Critiques De Films

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