[DVD] Devenir un homme en Mélanésie, deux initiations spectaculaires !

Publié le 21 janvier 2016 par Rémy Boeringer @eltcherillo

Avant-dernier voyage de notre tour du monde, Devenir un homme en Mélanésie, de Jérôme Ségur est un reportage subjuguant sur les rites de passages à l’âge adulte en vigueur sur l’ile de Latengaï en Papouasie Nouvelle Guinée et sur l’île de Pentecôte au Vanuatu. L’un comme l’autre sont véritablement à couper le souffle.

Sur l’île de Latengaï, Junior et Charles sont deux adolescents. Pour passer dans l’âge adulte, ils doivent devenir des chasseurs de requins. Sur l’île de Pentecôte, Wabak Sali et Telkon doivent quant à eux relever un défi aussi impressionnant, sauter du haut d’une tour d’une vingtaine de mètres, seulement accroché par des lianes.

Dans une coutume orale un peu semblable à celle des Mnongs des Hauts-Plateaux du Vietnam (dont on a parlé dans Les chevaliers d’ivoire) concernant les éléphants, les habitants de Latengaï pensent que les requins et les hommes ont un lien très fort. Ils ont tous les deux était créé par le dieu Moroa, le requin en premier puis l’homme à sa suite. À l’homme, il dit qu’il pourrait attraper le requin mais seulement s’il était pur. A savoir qu’il ne devrait pas avoir consommé de fruits touchés par un oiseau et qu’il ne devrait pas avoir couché avec sa femme. C’est donc encore vierge que la première capture doit s’opérer, du moins, après une longue période d’abstinence. La première tâche de l’apprentissage de Junior et Charles est de devoir couper un arbre immense pour pouvoir y creuser deux pirogues. Puis ils doivent créer leur lasso avec des fibres végétales ainsi qu’un hochet de noix de coco. Leur apprentissage finit, ils n’ont plus qu’à se jeter à l’eau à bord de leurs embarcations pour tenter leur chance en appelant les requins grâce au hochet. Ils pensent que le hochet à des pouvoirs magiques, les naturalistes diront qu’il produit des infrasons et imite le comportement d’un poisson s’étouffant à la surface de l’eau. Ce qui a pour effet d’attirer les requins. Les deux jeunes hommes reviennent bredouille durant toute la saison. Par fierté, aucun des deux ne veut accepter l’aide du vieux Ben. Celui-ci n’hésite pas pourtant à dire que, manquant de force, à l’âge de onze ans, son père l’aida à hisser son premier requin à bord de sa pirogue. La tradition disparaissant peu à peu et l’initiation n’étant plus obligatoire pour se marier, la motivation des jeunes gens est relative.

C’est une tout autre légende que racontent les occupants de l’île de Pentecôte. Buvant la boisson issue du kawa, une plante aux vertus hallucinatoires, les vieux sages insulaires la racontent dans les veillées. Un jour, une femme voulue échapper à son mari violent. Celui-ci lui courait après dans la forêt pour la frapper et la violer. Au bord d’une falaise, elle sauta et l’homme la suivie. Mais Sérémope, c’était son nom, arrive au sol sans encombre tandis que l’homme se tua. Il n’avait pas vu que Sérémope s’était attaché des lianes aux chevilles. Le village, ému par son histoire, décida de commémorer l’événement tous les ans. Lorsque les premières femmes sautèrent du haut de la tour, les hommes furent choqués par la nudité que leurs jupes replissées laisser entrevoir. Ils décidèrent alors de continuer les commémorations mais en les remplaçant. Depuis ce jour, ceux qui sautent de la tour, rappelant le calvaire de Sérémope, et arrivant indemne sur le sol, donc digne d’elle, deviennent de vrais hommes. La tour, baptisée Nagol, est dressé une fois l’an. Elle permet pour les plus gigantesques de faire sauter près de cinquante hommes. Ceux qui ont participé à sa construction sont prioritaires. Les enfants sont libres de commencer lorsqu’il le désire. Ceux qui sont pris par la peur et renoncent ne doivent pas être moqués. Chacun construit, à la hauteur qu’il souhaite, son propre plongeoir qui doit rompre lors du saut tout en amortissant le poids du voltigeur. Le saut est sensationnel. Il faut le voir pour le croire. Parfois, les lianes rompent, certain se blessent et même si cela reste rare, il y a des morts. Mais on en parle pas, c’est tabou. Le Nagol est une célébration de la vie et de l’audace. Chaque année, on devra repousser ses limites et sauter de plus haut. Au pied des tours, les danses et la musique des femmes accompagnent les festivités.

Devenir un homme en Mélanésie explore deux manière radicalement différente de rentrer dans la communauté des adultes. On sent dans les commentaires de Jérôme Ségur, l’admiration qu’il éprouve pour ses jeunes gens courageux. Nous ne sommes pas en reste.

Boeringer Rémy

Pour voir la bande-annonce :

http://media.zed.fr/streaming/tv/16-devenir-un-homme-en-melanesie-52/trailer01an.mp4