Genre : horreur, épouvante, inclassable
Année : 1972
Durée : 1h26
L'histoire : Herschell un motard, rencontre une jeune femme catholique qui lui propose de venir chez elle. Il y fait la connaissance de la soeur de cette dernière qui lui trouve un emploi dans une ferme d'élevage de dindes tenue par son père, un savant fou. Le scientifique et son acolyte vont transformer Herschell en monstre dinde qui va s'attaquer aux dealers et aux consommateurs de drogues.
La critique :
Le nom de Steve Hawkes (de son vrai nom Steve Sipek) ne doit pas vous évoquer grand-chose. Normal, l'acteur a surtout joué dans des séries B (voire Z) de seconde zone. On le connaît surtout pour avoir interprété le rôle de Tarzan dans d'obscures productions espagnoles. En 1972, avec la collaboration d'un certain Brad F. Grinter, Steve Hawkes se retrouve à la fois devant et derrière la caméra de Blood Freak. Nanar totalement méconnu en France, Blood Freak est devenu un film culte et un sujet (de quasi) vénération aux Etats-Unis. Que les choses soient claires.
On tient là un véritable OFNI (objet filmique non identifié) du noble Septième Art. Toutefois, la question reste la suivante : à ce niveau d'idiotie et de médiocrité, peut-on encore réellement parler de cinéma ?
Aux côtés de Plan 9 from outer Space, Robot Monster et autres Turkish Star Wars, Blood Freak figure parmi le panthéon des nanars, donc les films les plus nullissimes de l'histoire du cinéma. Rappelons un peu les faits. En 1969, Dennis Hopper réalise un road movie qui va profondément marquer la culture aux Etats-Unis. Son nom ? Easy Rider, soit l'histoire de motards indociles et libertaires qui partagent la même passion pour les substances illicites. Visiblement, Steve Hawkes et Brad F. Grinter ont beaucoup apprécié le chef d'oeuvre de Dennis Hopper. Un peu trop peut-être.
A leur tour d'exalter leur goût immodéré pour la cocaïne, la "sniffette" et l'héroïne dans ce fameux Blood Freak ! Toutefois, sur le fond, ce nanar improbable se veut terriblement ambitieux.
Le but de Steve Hawkes et son comparse est de réaliser un film préventif sur la nocuité et les effets délétères de ces produits ilicites. Certes, par la suite, de nombreux longs-métrages porteront plus ou moins sur la même thématique. Des films tels que More (Barbet Schroeder, 1969), Requiem For A Dream (Darren Aronofsky, 2001) ou encore Moi, Christiane F., 13 Ans, Droguée, Prostituée... (Uli Edel, 1981) tenteront à leur tour d'alerter sur les dangers de toutes ces poudres hallucinatoires.
Mais aucun d'entre eux n'est le digne épigone de Blood Freak. A lui tout seul, le film de Steve Hawkes constitue la véritable panacée contre les différentes formes de toxicomanie. Vous désirez décrocher ? A tout jamais ? Alors regardez Blood Freak !
Nanti d'un budget impécunier, Blood Freak rapporte un joli pactole à ses auteurs. En l'état, difficile de dire à quoi ressemble cet OFNI. Film d'horreur, slasher, drame, comédie ou encore un long-métrage préventif... A moins que ce ne soit une oeuvre totalement inclassable et inénarrable... Oui, Blood Freak est un curieux mélange hétéroclite entre ces différents styles.
Quant au scénario, il est pour le moins fuligineux et pittoresque. Donc merci de bien suivre les longues lignes qui vont suivre ! Attention, SPOILERS ! Herschell, un motard, rencontre une jeune femme catholique qui lui propose de venir chez elle. Il y fait la connaissance de la soeur de cette dernière qui lui trouve un emploi dans une ferme d'élevage de dindes tenue par son père, un savant fou.
Le scientifique et son acolyte vont transformer Herschell en monstre dinde qui va s'attaquer aux dealers et aux consommateurs de drogues. S'ensuit alors une longue escalade dans la violence avec des meurtres et du ketchup en guise d'effusions sanguinaires. Tout d'abord, Blood Freak, c'est un look ringard avec des couleurs disparates et bigarrées. Bienvenue dans les années 1970 !
Essayez d'imaginer un trentenaire blondinet avec des bacchantes de vingt à trente centimètres, des favoris, une chevelure hirsute et un léger strabisme, gloser et pérorer longuement devant la caméra. Le jeune homme disserte et déclame sur le sort de son ami transformé en dindon criminel et machiavélique. Puis c'est au tour de la fiancée d'Herschell de nous servir une longue homélie sur le sort funeste de son énamouré.
La "belle" (vraiment un terme à guillemeter et à minorer) interroge son fiancé sur leur avenir conjugal. Que vont dire les autres, plus précisément leurs amis et leur famille respective ? Et puis, si ils ont des enfants, vont-ils ressembler eux aussi à leur père disgracieux, donc à des petits dindons ? Autant de questions passionnantes. La longue litanie de la jeune femme dure au moins dix bonnes minutes !
Fous-rires garantis ! Viennent également s'ajouter des doublages en français d'une rare médiocrité. Entre temps, le film est régulièrement coupé par l'apparition impromptue d'un narrateur anonyme. A travers plusieurs circonlocutions, ce dernier tente d'expliquer tout le mystère qui nimbe cette étrange métamorphose. Toutefois, ce narrateur n'est guère éloquent, fume le cigar puis semble presque victime d'hémoptysies !
En réalité, il est difficile de raconter le scénario de Blood Freaks tant le film s'apparente lui aussi à un délire et à une sorte de périple hallucinatoire. Enfin, comment ne pas évoquer la fameuse séquence de transformation d'Herschell en dindon monstrueux ? Alors qu'il visite une ferme, le jeune homme se focalise sur les gémissements des animaux, en particulier les gloussements des dindons.
Pris de convulsions, Hershell pousse à son tour de nombreuses tintinnabulations. A son réveil, son visage s'est transformé en celui d'un affreux volatile. A partir de là, Blood Freak prend la forme d'un slasher. Steve Hawkes multiplie les meurtres complètement "nazebroques". Mal filmé, dénué de toute narration plausible, cohérente et/ou compréhensible, Blood Freak accumule toutes les erreurs possibles en matière de montage, de mise en scène et de réalisation. Une sorte d'antithèse du cinéma.
Ou alors la quintessence d'une autre forme d'art : l'anti-cinéma !
Côte : Nanar