Un grand merci à Diaphana Films ainsi qu'à l'agence Darkstar de m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le dvd du film « Coup de chaud » de Raphaël Jacoulot.
« C’est plus possible. Pourquoi il ne respecte par les règles comme tout le monde ? Le jour où il fera une vraie connerie, il ne faudra pas se plaindre »
Au cœur d’un été caniculaire, dans un petit village à la tranquillité apparente, le quotidien des habitants est perturbé par Josef Bousou. Fils de ferrailleurs, semeur de troubles, il est désigné par les villageois comme étant la source principale de tous leurs maux jusqu’au jour où il est retrouvé sans vie dans la cour de la maison familiale…
« Non seulement il passe ses journées à ne rien foutre mais en plus il bousille le travail des autres. Pourquoi tu t’amuses à nous pourrir la vie comme ça ? »
On dit que la chaleur est propice à l’inertie. Au repos. Au calme. A l’économie de soi. Chez Raphaël Jacoulot, c’est l’inverse. La chaleur excite, exalte les (re)sentiments. Comme dans son précédent film « Avant l’aube » (2011), le réalisateur, ancien diplômé des Beaux-Arts section Peinture, s’appuie sur le décor et sur le climat pour créer une atmosphère particulièrement lourde qui participera grandement au récit qui influera sur les personnages. D’ailleurs, si « Coup de chaud » s’ouvre par un meurtre, ce n’est pas tant l’intrigue policière en tant que telle qui intéresse le réalisateur mais bien la façon dont la communauté villageoise et les individus qui la composent réagissent face à une série d’évènements et de problèmes. Il y a à l’évidence du Chabrol dans l’observation des membres de communauté provinciale. Du Clouzot aussi, dans cette thématique du bouc-émissaire et dans ce questionnement qui court tout au long du récit pour savoir qui est véritablement victime ou coupable entre celui qui provoque et ceux qui ne prennent jamais les mesures pour éviter le drame. Avec ses allures de western (la brute qui terrorise les villageois, la confrontation entre les deux propriétaires terriens, le maire qui ne parvient pas à faire respecter le calme et l’ordre), le réalisateur construit habilement un récit polycentrique, multipliant les personnages et les intrigues secondaires qui viennent nourrir un climat oppressant dont la tension monte crescendo jusqu’à un final inéluctablement dramatique. Parfaitement écrit (même si la fin pourra laisser perplexes quelques spectateurs), « Coup de chaud » bénéficie également d’une interprétation de très haut vol, à l’image de la performance de Karim Leklou, tantôt amical tantôt inquiétant. Les seconds rôles, Jean-Pierre Darroussin et Carole Franck, n’étant pas en reste. L’air de rien, Raphaël Jacoulot réalise là certainement l’un des meilleurs films noirs à portée sociale de ces dernières années. On attend son prochain film avec impatience!
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