Réalisateur : Gavin O'Connor
Acteurs :Natalie Portman, Joel Edgerton, Ewan McGregor, Noah Emmerich, Rodrigo Santoro,...
Distributeur : Mars Distribution
Budget : 25 000 000 $
Genre : Western, Action, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h38min.
Synopsis :
Jane Hammond est une femme au caractère bien trempé mariée à Bill, l’un des pires bandits de la ville. Lorsque celui-ci se retourne contre son propre clan, les terribles frères Bishop, et qu’il rentre agonisant avec huit balles dans le dos, Jane sait qu’il est maintenant temps pour elle de troquer la robe contre le pantalon et de ressortir son propre pistolet. Le meilleur espoir de Jane n’est autre que son ancien amour Dan Frost, dont la haine envers Bill n’a d’égal que son amour pour Jane.
Critique :
Ode à la survie et au sacrifice joliment intime,#JaneGotAGun ne renouvelle pas le genre mais incarne un western honnête, efficace et prenant— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 25 Janvier 2016
Natalie Portman n'aurait pas des liens de parenté avec le génial Terry Gilliam ?
La question est légitime si l'on s'arrête un temps sur l'accumulation proprement extraordinaire de rebondissements en tout genre qu'aura connu la production ambitieuse de l'actrice oscarisée pour Black Swan, qui incarne haut la main l'une des productions du cinéma ricain les plus rocambolesques de ses dernières années.
En mars 2013, le tournage du bien nommé Jane Got A Gun devait démarré au Nouveau-Mexique sous la direction de la talentueuse Lynne Ramsey (We Need To Talk About Kevin), porté par un casting vedette joliment bandant : Natalie Portman donc, mais également Michael Fassbender en ex-fiancé de l’héroïne, Jude Law et Joel Edgerton en grand vilain.
Le hic, c'est que Shelton ne s'est jamais pointé sur le tournage et a laissé en plan toute la production, elle qui devait également en pondre le script; résultat, les prises de vues étaient suspendues et le projet était mis en stand-by.
Dans son sillage, la cinéaste aura également causée les départs successifs de Fassbender (parti un peu plus tôt) et Law (réellement parti suite au départ de Shelton), et si Bradley Cooper avait été un temps cité, il sera finalement remplacé par Ewan McGregor, qui récupérera non pas le rôle de l'ex-fiancé mais bien celui du méchant, depuis campé par... Joel Edgerton... vous suivez toujours ?
Tant mieux, car finalement après de longues semaines de rebondissements, de dépassements de budget et de valses d'acteurs, Jane Got A Gun avait trouvé un nouveau réalisateur en la personne de Gavin O'Connor, qui tournait pour l'occasion une seconde fois avec Joel Edgerton après le grandiose Warrior.
Tourné mais pas pour autant débarrassé de son statut d'éternel poissard, le film a encore mis plus d'un an et demi pour trouver le chemin des salles obscures, changeant encore tout récemment de date dans l'hexagone, passant du 27 novembre au 27 janvier, donc.
Plus de deux ans et demie de galère pour un western féministe qui nous alléchait au plus haut point, ça fait long l'attente.
La grande question entourant le projet était donc de savoir si un tel chaos durant sa production allait impacter ou non sur la qualité du métrage porté à bout de bras par Portman, mais surtout si celui-ci valait décemment une vision équivalente au buzz maousse costaud qu'il a pu susciter jusqu'à maintenant.
Jane Got A Gun ou l'histoire de Jane Hammond, une femme au caractère bien trempé et mariée à Bill, l’un des pires bandits de la ville.
Lorsque celui-ci se retourne contre son propre clan, les terribles frères Bishop, et qu’il rentre agonisant avec huit balles dans le dos, Jane sait qu’il est maintenant temps pour elle de troquer la robe contre le pantalon et de ressortir son propre pistolet.
Le meilleur espoir de Jane n’est autre que son ancien amour Dan Frost, un brigand dont la haine envers Bill n’a d’égal que son amour pour Jane.
Ensemble, Jane et Dan élaborent d’habiles pièges, attirant les hommes de Bishop vers une mort certaine, tandis que leurs sentiments enfouis refont surface au milieu des balles qui fusent...
Véritable miraculé sur pellicule - on a enterré des films pour moins que ça -, Jane Got A Gun a non seulement su se relever de tous les nombreux maux qui l'ont frappés mais il incarne au final joli western aussi féministe qu'il est crépusculaire, respectant au pied de la lettre les codes du genre et finalement bien plus proche (heureusement) du Mort ou Vif de Sam Raimi que du Bandidas avec le séduisant duo Salma Hayek/Penelope Cruz; citant même dans sa rudesse et sa retenue le meilleur du cinéma de John Ford et Sam Peckinpah
Intime, honnête et violent (mais pas trop non plus) à la fois, sans surprise mais esthétiquement remarquable (de la photographie à la mise en scène appliquée, tout y est malgré un budget limité), le film de Gavin O'Connor fait fit de ses défauts inhérents (scénario facile et convenue ou encore la présence de la frêle Portman, pas forcément crédible pour porter la culotte/fusée dans l'enfer de l'Ouest) pour incarner une belle peinture d'une Amérique de la fin du dix-neuvième siècle en pleine reconstruction dominé par les gangsters et autres as de la gâchette et ou la justice ne se fait que par soi-même.
Une peinture soulignant par ailleurs la condition féminine de l'époque, sans droits - ou presque -, réduite, au mieux, à une vie de mère au foyer et au pire, à la merci des pires hommes ayant foulés les terres du pays de l'oncle Sam.
Ode à la survie et au sacrifice (aussi bien physique que sentimental) teinté de survival tendu et prenant, l'étonnant Jane Got A Gun n'est finalement trahit que par la naïveté/niaiserie de sa romance torturée - le point d'encrage du métrage -, un peu facile et pas forcément empathique (la faute, notamment, à des flashbacks maladroits), entre deux amants séparés par la guerre.
Dommage, car en plus d'être un excellent et divertissant western, le film permet à Natalie Portman (convaincante) mais surtout à un Joel Edgerton proprement prodigieux (bouleversant en amant éconduit risquant sa vie pour celle qu'il aime), de s'offrir deux de leurs meilleurs performances depuis bien longtemps.
On est donc bien, bien loin de la purge que laissait espérer sa production chaotique, et c'est bien mieux comme ça.
Jonathan Chevrier