Station terminus est un classique italo-américain original qui se démarque par son traitement singulier de la passion sentimentale. Il propose des cadres magnifiques et met en avant une musique tourmentée et hitchcockienne qui souligne le caractère éminemment tragique de l’idylle contrariée. Notre couple de héros est poursuivi sans relâche par des bourreaux ordinaires qui ont la ferme intention de briser leur amour – véritable tourbillon des émotions et des corps. Comme pour Rick et Ilsa dans le chef-d’œuvre Casablanca les amoureux ont tout juste le temps de s’imaginer une vie commune avant d’être séparés par les événements. Dans les deux histoires les femmes se montrent plus fortes et font preuve d’une retenue absolument bouleversante.
La société conservatrice d’après-guerre réprime l’amour adultérin et condamne ce qu’elle ne comprend pas. Le couple amorce involontairement une révolte contre les normes artificielles et les barrières illusoires, une quête de liberté impossible dans un récit aux atours kafkaïens. Le crime n’est pas nommé explicitement, comme pour accentuer son insignifiance mais aussi l’horreur qu’il représente pour les figures d’autorité. Il est intéressant de noter que c’est la fille de Mary qui la décidera finalement à rentrer chez elle, alors même qu’elle semblait prête à faire fi des conventions pour s’abandonner à l’amour passion.
Le temps est assassin et emporte avec lui les passions adultères. Station Terminus prend la forme d’une jolie leçon de tolérance à la mise en scène minutieuse et illuminée par les dialogues de Truman Capote. Un indispensable.