Prometheus (La recherche de nos origines pourrait mener à notre fin)

Par Olivier Walmacq

Genre : science-fiction (interdit aux - 12 ans)
Année : 2012
Durée : 2h03

L'histoire : Une équipe d’explorateurs découvre un indice sur l’origine de l’humanité sur Terre. Cette découverte les entraîne dans un voyage fascinant jusqu’aux recoins les plus sombres de l’univers. Là-bas, un affrontement terrifiant qui décidera de l’avenir de l’humanité les attend. 

La critique :

Après l'immense succès d'Alien : le huitième passager (1979), Ridley Scott s'était pourtant juré de ne plus retourner vers la créature dolichocéphale. Pourtant, avec ce premier volet, le cinéaste a marqué à la fois le cinéma de science-fiction et d'horreur. Par la suite, ce seront trois nouveaux chapitres qui seront réalisés, puis deux succédanés (Alien Vs. Predator et Alien Vs. Predator : Requiem).
En attendant la sortie hypothétique (et de plus en plus probable) d'un Alien cinquième du nom, les producteurs mercantiles veulent relancer la franchise. La Twentieth Century Fox contacte Ridley Scott pour réaliser une préquelle d'Alien : le huitième passager. Dans un premier temps, l'intéressé donne son accord, mais seulement en tant que producteur. C'est un certain Carl Erik Rinsch qui est censé réaliser ce nouveau projet, baptisé Prometheus.

Plusieurs scénaristes sont contactés pour écrire le script de ce nouvel opus. Après toute une série d'atermoiements, Prometheus n'est plus envisagé comme une préquelle, mais comme un film indépendant de la franchise. L'idée séduit Ridley Scott qui accepte finalement de réaliser Prometheus en 2012. Pendant le tournage, le cinéaste s'empoigne avec la Fox concernant l'interdiction du film.
En raison de son énorme budget (environ 250 millions de dollars), la firme souhaite un long-métrage tout public alors que Ridley Scott mise sur une classification "PG-13", en ajoutant des androïdes et plusieurs séquences violentes voire barbares. La Fox somme le cinéaste de revoir sa copie et de calmer ses ardeurs. La distribution du film réunit Noomi Rapace, Michael Fassbender, Charlize Theron, Idris Elba, Guy Pearce, Logan Marshall-Green, Sean Harris et Patrick Wilson.

Plusieurs actrices seront envisagées pour le rôle d'Elizabeth Shaw (finalement interprétée par Noomi Rapace) : Natalie Portman, Anne Hathaway, Gemma Arterton et Abbie Cornish. Mais Ridley Scoot veut une héroïne très différente de celui d'Ellen Ripley. Paradoxalement, les deux personnages partagent de nombreuses similitudes. Peu avant la sortie du long-métrage, Ridley Scott se montre particulièrement panégyrique. Prometheus serait carrément le meilleur film de science-fiction de ces vingt dernières années. Le cinéaste annonce un scénario à la fois complexe, ambitieux et prometteur.
Les fans de la saga Alien jubilent. Prometheus est-il la claque annoncée ? Réponse dans les lignes à venir. En l'occurrence, les critiques et la presse cinéma sont plutôt mitigées. 

Attention, SPOILERS ! Dans un passé lointain, un vaisseau extraterrestre arrive sur Terre Un être humanoïde y est déposé et s'y sacrifie en absorbant un liquide noir sous l'effet duquel son corps se désagrège, répandant son ADN dans un cours d'eau. En 2089, les archéologues Elizabeth Shaw et son compagnon Charlie Holloway découvrent, sur l'île de Skye en Écosse, une peinture préhistorique figurant un humanoïde désignant six étoiles, peinture quasi-identique à des représentations picturales découvertes chez d'autres civilisations datant d'autres époques.
En 2093, une expédition scientifique est organisée par la société Weyland, qui envoie dix-sept membres à bord du vaisseau Prometheus, jusqu'à une lune lointaine appelée LV-223, censée être l'endroit indiqué sur les images. 

Le voyage dure deux ans pendant lesquels l'androïde David 8 surveille le vaisseau alors que l'équipage est en biostase. Nouvelle mode, nouvelles moeurs dans le cinéma. Après avoir exploité les remakes à satiété, Hollywood se focalise désormais sur les préquelles. Toutefois, Prometheus ne serait pas vraiment une préquelle d'Alien : le huitième passager, même si les deux films sont intimement liés. Beaucoup de bruit pour rien. C'est finalement ce bon vieil adage : "Ou tout ça, pour ça"...
Tel est le terrible constat lors du générique de fin de Prometheus. Contre toute attente, le scénario est plutôt classique et laconique. Finalement, le script se résume à un vieillard décati qui souhaite recouvrir la vie éternelle. Quant aux origines de la vie terrestre, elles se trouveraient dans une contrée lointaine, à des millions d'années-lumière de notre étoile-mère, plus précisément chez nos illustres ancêtres, en l'occurrence des extraterrestres.

Une expédition spatiale s'organise. Premier bémol : après plus de deux ans de voyage intersidéral et de cryogénisation, nos chers explorateurs sont enfin avisés de leur mission (???). Une chimère. A partir de là, le film accumule les maladresses et les approximations. Indubitablement, Ridley Scott n'est plus ce réalisateur érudit du passé. Vous pouvez donc oublier tout climat d'angoisse, de terreur, d'effroi et de malaise au profit d'un blockbuster standardisé, certes de facture honnête, mais qui ne parvient jamais (ou presque...) à transcender son sujet.
Bien sûr, au détour de plusieurs séquences (solidement troussées), Ridley Scott propose plusieurs pistes de réflexion intéressantes. Sans plus. 
Pas de quoi se relever la nuit. En vain, on attend patiemment ce chaînon manquant entre cette phylogenèse et cet Alien vorace, fallacieux et destructeur.

Point de réponse de la part de nos chers démiurges, peu affables et magnanimes en l'occurrence. Pis, désormais leurs intentions sont bellicistes. Pourquoi ? Comment ? Pour quelles raisons ? Autant de questions sur lesquelles Ridley Scott se montre particulièrement élusif. Plus de deux heures de pellicule pour une absence presque totale de réponse. 
Il faudra donc attendre la sortie d'un second chapitre, donc Prometheus 2, prévu en 2017. A moins que cette suite soit à nouveau prorogée voire même oblitérée. Une nouvelle mode à Hollywood. Un constat pour le moins frustrant et décevant. A l'image finalement du scénario de Prometheus. Evidemment, le film possède tout de même quelques arguments : le jeu tout en finesse de Noomi Rapace, très convaincante dans le rôle de cette scientifique hâve et opiniâtre ; et une mise en scène suffisamment énergique pour maintenir un certain intérêt ou plutôt un ennui poli (vous choisirez).

Note : 11/20

 Alice In Oliver