Victoria est une jeune étudiante espagnole fraichement débarquée à Berlin. On la découvre autour de 4h30 en train de danser en boite. On la quittera autour de 6h50 en pleurs dans les rues de Berlin. Entre les deux, quoi donc ? Une performance technique simplement incroyable durant 2h20 autour d’une fin de soirée qui bascule pour Victoria après avoir suivie de mauvaises rencontres.Sebastien Schipper n’a fait que 3 prises pour tourner ce film… en un seul vrai plan séquence de fou de 2h20. Pas de coupe, ni de montage, ni de reprise ; je serais curieux de voir un making-off pour comprendre car rien ne se voie à l’écran. Surtout que durant 2h20, Victoria, la caméra collée à ses basques, sort des immeubles, prend l’ascenseur, courre dans un parc, monte sur un toit… Hitchcock dans « La corde » avait fait un faux plan séquence composée de 3 véritables plans. Cette année, Innaritu avec « Birdman » avait aussi truqué son plan séquence. Schipper voulait nous plonger au plus près de cette descente aux enfers ainsi que ses comédiens ; et ce dispositif y répond bien, tout en temps réel. Vertigineux et aucun ennui. Ebloui surtout par le tour de force technique qui valut l’Ours d’argent chez lui à Berlin à Schipper et le Grand Prix du festival de Beaune. Mais voilà le gros bémol revient au récit médiocre. Des dialogues limités à la part incongrue et surtout des facilités scénaristiques béantes d’une rare improbabilité. Comment Victoria ne dit jamais stoppe à cette descente aux enfers ? Le postulat de départ de démontrer comment une vie peut basculer en peu de temps et très vite ne tient pas. Et ce n’est pas la scène autour du piano dans le café qui peut valider cette dégringolade.Beau challenge technique… Incroyable… au service d’une histoire de romance sombrant dans un thriller trop facile.
Sorti en 2015
Ma note: 13/20