L'Armée des Morts (L'heure de l'Apocalypse a sonné)

Par Olivier Walmacq

Genre : horreur, gore (interdit aux - 16 ans)
Année : 2004
Durée : 1h40

L'histoire : Personne ne peut expliquer comment tout cela est arrivé, mais ce matin, le monde n'est plus qu'un immense cauchemar. La population de la planète se résume désormais à une horde de morts vivants assoiffés de sang et lancés à la poursuite des derniers êtres humains encore en vie. Après avoir miraculeusement réussi à s'échapper de son quartier, Ana Clark se barricade avec un petit groupe de survivants dans un centre commercial. André et sa femme enceinte, Michael et Kenneth, officiers de police, vont tout faire pour rester vivants. Alors que dehors, la situation est de pire en pire, à l'intérieur, il faut aussi faire face aux peurs et aux démons de chacun

La critique :

En 1978, George A. Romero réalise un futur grand classique du cinéma d'épouvante : Dawn of the Dead, rebaptisé Zombie lors de sa sortie en France. Film d'horreur à la fois politique et engagé, Zombie essuie un camouflet au moment de sa sortie et doit affronter les foudres et les avanies de la censure. Les fans de films d'horreur exultent et s'arrachent le film dans les vidéos clubs.
Interdit aux moins de 18 ans, Zombie devient le nouveau film de référence, celui qui va dicter la grande mode des morts-vivants affamés et carnassiers au cinéma. Le long-métrage influence et inspire de nombreux succédanés. Souvent imité mais jamais égalé. Fervent admirateur du film original, Zack Snyder décide de réaliser un remake. Ce sera L'Armée des Morts, sorti en 2004.

La distribution du film réunit Sarah Polley, Ving Rhames, Jake Weber, Mekhi Phifer, Ty Burrell, Michael Kelly, Kevin Zegers et Jayne Eastwood. Comme un symbole, Tom Savini, le célèbre collaborateur de George A. Romero, apparaît furtivement dans le film, en l'occurrence sous le costume d'un shérif. Enorme succès au moment de sa sortie, L'Armée des Morts reçoit des critiques plutôt enthousiastes.
Pour une fois, un remake serait-il le digne égone de son illustre modèle ? Réponse dans les lignes à venir. Attention, SPOILERS ! Personne ne peut expliquer comment tout cela est arrivé, mais ce matin, le monde n'est plus qu'un immense cauchemar. La population de la planète se résume désormais à une horde de morts vivants assoiffés de sang et lancés à la poursuite des derniers êtres humains encore en vie.

Après avoir miraculeusement réussi à s'échapper de son quartier, Ana Clark se barricade avec un petit groupe de survivants dans un centre commercial. André et sa femme enceinte, Michael et Kenneth, officiers de police, vont tout faire pour rester vivants. Alors que dehors, la situation est de pire en pire, à l'intérieur, il faut aussi faire face aux peurs et aux démons de chacun.
Certes, L'armée des morts partage de nombreuses analogies avec le film de Romero. A contrario, on relève aussi un certain nombre de divergences. Evidemment, le centre commercial est à nouveau le substrat et le socle d'un scénario qui prend volontairement ses distances avec la copie originale. Dans Dawn of the Dead, les zombies étaient devenus des êtres à la fois affamés et apathiques. Surtout, ils était les reflets de ces supers consommateurs encore avilis par leurs pulsions hédonistes.

La longue marche vers l'industrie consumériste symbolisait ce dernier réflexe égotiste. Dans L'armée des morts, point de réflexion ou d'allégorie sur notre société inhibée et indolente. Cette fois-ci, les morts-vivants courent, sautent, empoignent et tortorent leurs victimes. Le centre commercial ne représente plus ce capitalisme vénal et forcené. Comme une évidence.
Pour Snyder, il s'agit avant tout de transformer la diatribe du passé (donc le film original) en blockbuster violent, énergique et spectaculaire. Finalement, L'Armée des morts ressemble étrangement au produit dénoncé par Zombie lui-même. Zack Snyder réalise un remake à la fois hollywoodien, calibré et consensuel. Cette nouvelle version est le parfait reflet de notre époque actuelle et d'un cinéma à la fois calibré et standardisé.

Paradoxalement, la version de Snyder possède de solides arguments. Dans l'ensemble, cette nouvelle copie reste assez fidèle à l'esprit du film original. Dès les premières minutes, le long-métrage a le mérite de présenter les inimitiés. Ana Clark (Sarah Polley) est l'héroïne du film. Assaillie par son mari et sa fille transmutés en zombies, elle parvient à s'évader de sa demeure.
L'Armée des Morts débute dans l'Apocalypse, la conflagration, la souffrance et la douleur. Viennent alors s'ajouter une multitude de personnages, pas toujours éloquents, il faut bien le dire. A l'image de ce couple qui attend patiemment la naissance de leur future progéniture. Hélas, la parturiente est mordue par un mort vivant. La séquence émotion se transforme en bain de sang avec un moutard déjà grognard, lui aussi transfiguré en zombie.

Quant au papa hagard, il se mute également en défenseur de la veuve et de l'orphelin avant d'être à son tour assassiné. Ce n'est pas forcément la séquence la plus convaincante du film. Loin de là. Sans compter cette vieille dame décatie et particulièrement plantureuse, elle aussi transformée en zombie affamée. La scène confine alors à l'autoparodie. A contrario, Zack Snyder propose plusieurs saynettes solidement troussées. A elles seules, les vingt dernières minutes, en particulier l'évasion finale, justifient le visionnage de ce remake. Intense, l'opération se déroule dans les déflagrations, les balles et même les coups de tronçonneuse. Un festival de gore qui ravira les amateurs du genre.
Comme un symbole, les ultimes minutes sont filmées caméra à l'épaule, à la manière d'un documentaire, donnant un peu plus de vigueur et de fougue à cette pellicule plutôt réussie dans l'ensemble.

Note : 14/20