Floride

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Gaumont pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le dvd du film « Floride » de Philippe Le Guay.

« Je voudrais bien finir comme un petit légume. Comme un petit oignon qui fait pleurer la cuisinière »

À 80 ans, Claude Lherminier n’a rien perdu de sa prestance. Mais il lui arrive de plus en plus souvent d’avoir des oublis, des accès de confusion.

Un état qu’il se refuse obstinément à admettre. Carole, sa fille aînée, mène un combat de tous les instants pour qu’il ne soit pas livré à lui-même.

Sur un coup de tête, Claude décide de s’envoler pour la Floride. Qu’y a-t-il derrière ce voyage si soudain ?

« Vous avez vu comment elle parle à son petit papa ? »

Ancien élève de l’IDHEC, où il eut comme camarades de promotion Arnaud Desplechin, Eric Rochant ou encore Pascale Ferran, Philippe Le Guay débute sa carrière comme scénariste avant de s’essayer à la réalisation avec « Les deux Fragonard » en 1989. Si le cinéma de Le Guay a longtemps été placé sous le signe de la comédie (« L’année Juliette », « Le coût de la vie », « Du jour au lendemain »), ses films ont pour autant toujours eu un fond de gravité. Comme une légèreté de façade qui viendrait cacher des drames intimes. Un état de fait qui se fait de plus en plus prégnant sur ses derniers films, qu’il s’agisse du grand bourgeois qui réalise la morosité de sa vie et de son couple dans « Les femmes du sixième étage » ou du vieux comédien misanthrope dont les répétitions d’une pièce de théâtre font ressortir l’aigreur et la jalousie dans « Alceste à Bicyclette ».

« Peut-être qu’il perd la mémoire pour ne plus se souvenir des drames »

Son nouveau film, « Floride », est une adaptation de la pièce de théâtre « Le père » de Florian Zeller, interprétée sur scène par Robert Hirsch et Isabelle Gélinas. L’histoire d’un vieil homme au crépuscule de sa vie, qui s’enfonce peu à peu dans la maladie d’Alzheimer et qui s’accroche de façon obsessionnelle à l’idée de la Floride, où sa deuxième fille est partie vivre. Un sujet particulièrement difficile donc, que Philippe Le Guay aborde avec beaucoup de pudeur et de subtilité. Comme toujours chez le réalisateur, le film démarre de façon assez légère malgré un sujet grave. On sourit ainsi des facéties de ce vieil homme gentiment lubrique et loufoque avant de comprendre le mal qui l’atteint. De façon très intelligente, le film se construit sur trois thématiques qui s’entrecroisent. Tout d’abord, il y a la maladie elle-même, qui ne cesse de progresser. Le personnage principal perdant progressivement la raison jusqu’à se retrouver aussi vulnérable qu’un enfant. D’ailleurs, la mise en scène astucieuse de Le Guay finit par brouiller les pistes au point de ne plus savoir ce qui est réel ou fantasmé (le héros a-t-il vraiment pris l’avion pour Miami ou l’a-t-il rêvé ?). En parallèle à cela, le réalisateur s’intéresse également, avec beaucoup d’humanité, aux conséquences de la maladie pour les proches : la difficulté à gérer un homme qui perd peu à peu tout discernement et tout contrôle (terrible scène où le personnage principal se fait déshabiller puis rhabiller comme un enfant par sa fille) au point de devenir violent (aussi bien physiquement que verbalement). L’impossibilité d’avoir une vie privée normale en s’occupant d’un malade. Ou encore la culpabilité de devoir le placer dans une institution spécialisée qui s’apparente au final à un mouroir. La vieillesse est définitivement un terrible naufrage. Reste la troisième thématique, celle du drame intérieur. Comme si les grandes tragédies de la vie étaient indélébiles, impossibles à oublier. Il s’agit peut-être là de la thématique la moins aboutie, à l’image des souvenirs d’enfance pendant la guerre dont on ne comprend pas bien les tenants et les aboutissants. Rien qui ne puisse remettre en cause en tout cas l’équilibre de ce joli film triste formellement très maitrisé et parfaitement interprété par les excellents Jean Rochefort et Sandrine Kiberlain.

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Le dvd : Le film est proposé en VF ainsi qu’en audiodescription. Des sous-titres optionnels anglais et français sont également proposés. Côté bonus, outre la traditionnelle bande-annonce, le dvd propose un making-of du film, des scènes coupées, ainsi que le clip de la chanson « Puisque vous partez en voyage » interprétée par Jean Rochefort et Sandrine Kiberlain.

Edité par Gaumont, le dvd du film « Floride » est disponible dans les bacs depuis le 13 janvier 2016.

Le site internet de Gaumont est disponible ici. Sa page Facebook est ici.