Genre : horreur, épouvante, fantastique (interdit aux - 12 ans)
Année : 2001
Durée : 1h45
L'histoire : En 1945, dans une immense demeure victorienne isolée sur l'île de Jersey située au large de la Normandie, vit Grace, une jeune femme pieuse, et ses deux enfants, Anne et Nicholas. Les journées sont longues pour cette mère de famille qui passe tout son temps à éduquer ses enfants en leur inculquant ses principes religieux. Atteints d'un mal étrange, Anne et Nicholas ne doivent en aucun cas être exposés à la lumière du jour. Ils vivent donc reclus dans ce manoir obscur, tous rideaux tirés. Un jour d'épais brouillard, trois personnes frappent à la porte du manoir isolé, en quête d’un travail. Grace, qui a justement besoin d'aide pour l'entretien du parc ainsi que d’une nouvelle nounou pour ses enfants, les engage. Dès lors, des événements étranges surviennent dans la demeure.
La critique :
Alejandro Amenabar est un artiste (hispano-chilien) aux multiples facettes : réalisateur, producteur, scénariste, écrivain, monteur, acteur et même compositeur. En tant que cinéaste, on lui doit notamment quelques films notoires, entre autres, Mar Adentro, Ouvre les yeux, Agora et Tesis. Vient également s'ajouter Les Autres (2001), probablement son film le plus populaire.
On ne compte même plus les films ayant pour thématique la maison hantée : Poltergeist (Tobe Hooper, 1982), Beetlejuice (Tim Burton, 1988), Evil Dead (Sam Raimi, 1981) ou encore Amityville, la maison du Diable (Stuart Rosenberg, 1979), pour ce citer que ces exemples... D'ailleurs, la plupart de ces classiques de l'épouvante seront "remakés" par Hollywood. Dans toutes ces oeuvres, il est souvent question d'une malédiction et surtout de la mort qui viennent s'inviter aux inimitiés.
Un thème souvent présent dans la filmographie d'Alejandro Amenabar. Par exemple, dans Mar Adentro, le scénario se focalise sur le combat d'un homme tétraplégique pour mourir. Plus que la mort, il est aussi question du travail de deuil et de son processus d'acceptation. Telles sont les thématiques principales de Les Autres, mais pas seulement. En outre, le long-métrage d'Alejandro Amenabar possède de solides références, notamment Les Innocents (Jack Clayton, 1961) et La Maison du Diable (Robert Wise, 1963), deux autres films de fantômes et donc de maison hantée.
La distribution du film réunit Nicole Kidman, Fionnula Flanagan, Christopher Eccleston, Alakina Mann et Eric Sykes. Au moment de sa sortie, Les Autres obtient des critiques unanimement panégyriques.
Le film reçoit même plusieurs récompenses, entre autres, celui du meilleur film d'horreur de l'année 2001 ou encore le prix de la meilleure actrice pour Nicole Kidman. Reste à savoir si Les Autres mérite un tel enthousiasme. Réponse dans les lignes à venir. Attention, SPOILERS ! En 1945, dans une immense demeure victorienne isolée sur l'île de Jersey située au large de la Normandie, vit Grace, une jeune femme pieuse, et ses deux enfants, Anne et Nicholas.
Les journées sont longues pour cette mère de famille qui passe tout son temps à éduquer ses enfants en leur inculquant ses principes religieux. Atteints d'un mal étrange, Anne et Nicholas ne doivent en aucun cas être exposés à la lumière du jour. Ils vivent donc reclus dans ce manoir obscur, tous rideaux tirés.
Un jour d'épais brouillard, trois personnes frappent à la porte du manoir isolé, en quête d’un travail. Grace, qui a justement besoin d'aide pour l'entretien du parc ainsi que d’une nouvelle nounou pour ses enfants, les engage. Dès lors, des événements étranges surviennent dans la demeure. Avec Les Autres, vous pouvez oublier les effets spectaculaires, les têtes rotatives, les jets de vomi verdâtre, les apparitions incongrues de spectres maléfiques ou encore les murs qui saignent, un peu à la manière des films d'épouvante des années 1970. Alejandro Amenabar mise avant tout sur une ambiance obombrée et des jeux de lumière.
Dès son introduction, le long-métrage s'apparente à un huis clos étouffant et anxiogène se déroulant dans la pénombre, et plus précisément dans une immense demeure bourgeoise.
Certes, Les Autres repose essentiellement sur son twist final, mais pas seulement. Sur la forme, le film s'apparente à un savant mélange entre Les Innocents (que j'ai déjà cité) et un suspense hitchcockien. En outre, difficile d'évoquer le scénario du film sans révéler ses zones d'ombre. On pourrait presque parler d'une nouvelle variation de l'Allégorie de la caverne. En ce sens, Les Autres a une vraie dimension platonicienne. Le long-métrage se transforme en un jeu de piste labyrinthique dévoilant peu à peu ses secrets. Dans un premier temps, le métrage se focalise essentiellement sur ses trois principaux personnages : Grace (Nicole Kidman), une veuve éplorée, et ses deux enfants, Anne et Nicholas.
Gravement malades, les deux marmots ne doivent en aucun cas être exposés à la lumière du jour.
A partir de là, les trois protagonistes doivent se murer dans le silence et la pénombre. Une façon comme une autre de fuir et de se protéger de la réalité extérieure. Réalité qui ne va pas tarder à ressurgir à travers les yeux médiumniques d'une vieille femme à la peau décatie... Peu à peu, les murs de la demeure deviennent oppressants et comminatoires. A cela s'ajoutent trois domestiques au comportement énigmatique. Puis ce sont des bruits mystérieux qui viennent tarabuster notre petite famille.
La maison serait-elle hantée par un esprit diabolique ? Au fil de l'intrigue, Alejandro Amenabar dissémine plusieurs pistes de réflexion, notamment ce livre des morts à l'imagerie particulièrement morbide. En l'occurrence, le cinéaste nous propose une Allégorie de la Caverne à la logique inversée.
Grace et ses deux enfants symbolisent ces ombres rattrapées par une réalité refoulée. La clé du mystère se trouve dans les réminiscences du passé. Par la suite, ce sont ces fameux spectres qui s'ébaudissent de nos trois protagonistes. Comme une évidence. La lumière doit être dévoilée, à l'image de ces rideaux qui révèlent une vérité crépusculaire.... Peu à peu, ces "fantômes" vont se transformer en âmes bien vivantes. En l'état, difficile d'en dire davantage.
Dénué d'effets spectaculaires et doté d'un scénario à la fois retors et espiègle, le film fonctionne parfaitement sur la durée. Il peut également s'appuyer sur l'excellente performance de ses acteurs, Nicole Kidman en tête. Quant aux amateurs du genre, ils s'amuseront à revoir le film plusieurs fois afin de repérer les différents indices distillés par Alejandro Amenabar.
Bref, on tient là l'un des derniers grands classiques de "maison hantée" de ces quinze dernières années, un long-métrage qui repose essentiellement sur une dialectique (encore une fois) inversée.
Note : 16/20
Alice In Oliver