Anthony Minghella, 2003
Diffusion dimanche 31 janvier, 20h45, Arte
En cette veille de mois le plus court de l'année, nous vous invitons à vous lancer dans le film le plus long proposé par le programme télé. Sortez les mouchoirs et les violons car ce soir c'est dans l'enfer de l'amour et de la guerre de Sécession qu'Arte vous donne rendez-vous.
À l'orée de la guerre de Sécession, Ada (Nicole Kidman) débarque, en compagnie de son papa (Donald Sutherland) dans le petit village de Cold Mountain. Tandis que son père prêche tel le bon pasteur et que la guerre finit par éclater, la jeune femme tombe amoureuse d'Inman (Jude Law), un ouvrier appelé au front. Bien que séparés par le conflit, les deux tourtereaux ne cessent de penser l'un à l'autre et ne rêvent que de se retrouver. Après plusieurs années passées dans l'horreur des champs de bataille Inman en a sa claque et décide de fuir. Pendant que le jeune homme entreprend le périple du déserteur amoureux, Ada rencontre Ruby (Renée Zellweger), une femme qui aime énumérer tout ce qu'elle fait avec un accent à couper au couteau, et fait tomber la robe de bal pour s'initier aux travaux agricoles. C'est ainsi qu'entre injustice, rencontres, mort, banjo et traite des vaches, les deux amoureux font vivre et revivre mentalement leur dernier baiser échangé dans l'attente de se retrouver.
Retour à Cold Mountain, le film qui a mis en émoi la planète et l'année 2003 est une vraie love epic story comme on les aime. Long de deux et demi tout de même, le film reprend le thème de l'amour impossible en temps de Sécession comme son aïeul Autant en emporte le vent. Parfaitement orchestré par Minghella, la longévité du métrage ne dérange en rien (bien qu'il puisse faire peur) et l'alternance entre scènes de vie et scènes de guerre finit par se mélanger pour donner un bon cocktail on the rock nommé " vie pendant la guerre ". Composé d'une myriade de séquences l'ensemble est parfaitement homogène, au point où l'on ne voit même pas ce que l'on pourrait y enlever.
En dehors de sa mise-en-scène réussie, le film bénéficie d'un scénario et surtout de personnages qui ont tout autant le niveau. L'histoire d'amour n'est qu'une façon de montrer la guerre et l'existence de deux protagonistes coincés dans le même caca de manière différente. Cette passion née d'un unique baiser n'est finalement qu'un moyen métaphorique (à la sauce Hollywoodienne on vous l'accorde) pour exprimer une raison de vivre dans un temps où seule la mort règne. Le récit parallèle des expériences, souvent désagréables, des deux personnages principaux est extrêmement bien abouti et permet au film de dévoiler ses atouts : les personnages secondaires. Les stars Kidman et Law s'effacent tout en restant les piliers de l'histoire pour laisser toute la lumière aux autres. Bien sûr on pense d'abord à la douce Renée qui nous livre une performance plus vraie que nature de la fille de ferme au franc parlé, drôle et déterminée. Mais aussi à Brendan Gleeson dans le rôle du père déglingué qui s'est réorienté dans une carrière de chanteur-violoniste avec son crew de nouveaux copains.
Ajouté à une belle photographie et une histoire bien ficelée, l'ensemble de ces seconds rôles campé par des acteurs de qualité font la réussite de Retour à Cold Mountain.
Ainsi il ne vous reste plus qu'à chausser vos lunettes de vue et vos chaussures de marche pour entamer la rando du sang et de l'amour. (Même les allergiques de l'amour pétrarquo-épique y trouveront leur compte, on vous l'assure).
Crédits images: leparisien.fr (couverture) - critikcine.canalblog.com