Comme tout le monde je connaissais la chanteuse et fredonnait même parfois ses airs les plus mémorables. Mais comme beaucoup aussi j'ignorais tout de la vie de Nina Simone, la femme, l'être humain. J'ai donc accueilli ce documentaire, une exclusivité de la chaîne numérique Netflix, avec autant d'intérêt qu'il existe peu de documentaires sur l'artiste. Avant d'être mis en ligne sur Netflix, le documentaire a été présenté au Festival de Sundance en Janvier dernier et sort alors qu'un biopic sur la chanteuse connaît un lent développement depuis 2012. Il devrait finalement sortir en salles courant 2016 et on pourra y voir Zoe Saldana tenir le rôle de Nina Simone, un choix qui n'a pas manqué de faire polémique. En cause, le teint de peau trop clair de la comédienne, probablement perçu comme une volonté de whitewashing de l'icône noire-américaine par Hollywood et ses décideurs blancs. Inutile de préciser que le film prête à la prêtresse de la soul une relation avec son assistant, information démentie par la fille de Nina, Lisa Simone. What Happened, Miss Simone ? a donc le mérite de sortir en premier et de présenter la biographie officielle de l'artiste américaine née Eunice Kathleen Waymon. En effet, Lisa Simone ne s'est pas contenté de témoigner, elle est également la productrice déléguée du film. La fille unique de Nina Simone reviendra donc sur sa relation tumultueuse avec sa mère qui lui a valu d'aller passer son adolescence chez son père. Des révélations personnelles qui viennent étayer le portrait d'une femme combative, rêveuse et trop sensible. Nina Simone garda jusqu'à la fin de sa vie la blessure vive de son éviction du Curtis Institute of Music, à Philadelphie. Celle qui se destinait à la musique classique s'est vu fermer les portes, c'est finalement la musique soul qui lui a ouvert les siennes et l'a consacrée. Monstre sur scène, Nina Simone traîne aussi ses démons dans l'intimité de son foyer. Elle affiche également ses convictions et prête sa voix à la défense des droits civiques des noirs-américains. Bref, ce documentaire fait la part belle à la Nina spontanée, impulsive et vraie, tant dans ses moments de grâce que dans ses coups de cafard. Un beau portrait étayé d'images d'archives et de témoignages de ceux qui l'ont côtoyée musicalement et amicalement. Une jolie découverte.
Au Royaume des Singes
Après , Chimpanzés et , Disneynature nous présente son dernier né : Au Royaume des Singes . Et c'est de nouveau Mark Linfield qui est aux manettes -il avait déjà réalisé l'opus Chimpanzés en 2012. Cette fois le réalisateur suit Maya, une petite macaque à toque, qui vit dans la jungle foisonnante du Sri Lanka. Si la nature paraît belle et providentielle, encore faut-il faire partie du peloton de tête pour en profiter pleinement. Maya, elle, fait partie des sous-fifres dans l'échelle sociale simiesque. Pour offre à son bébé et elle-même la vie qu'ils méritent, Maya va devoir redoubler d'inventivité et de diplomatie. Encore une fois, Disneynature nous gratifie d'un storytelling résistant à toute épreuve. Et s'il pourra paraître un peu trop artificiels pour les adultes, il charmera à coup sur les plus jeunes spectateurs. Car, si les images sont époustouflantes, l'omniprésence de la narration et de l'anthropomorphisme a quelque chose de finalement étouffant. En allant puiser dans l'universalité du conte sur la royauté, Au Royaume des Singes se borne à une histoire simpliste qui ravira les enfants mais beaucoup moins un public adulte à la recherche d'informations plus solides, si ce n'est même d'un documentaire plus contemplatif. Personnellement, j'ai beaucoup pensé à une série documentaire sur le même sujet que j'ai eu l'occasion de voir étant plus jeune sur France 5. Cette série documentaire, intitulée avait le mérite de présenter la vie d'un groupe de singes de Jaipur avec un ton résolument impertinent et décalé. Pas de méprise, sur le plan purement technique, le documentaire de Disney offre de superbes images qui rendent justice aux trois ans de travail de l'équipe. Mais voilà, la fable naïve et convenue agit comme une sorte de barrière laissant les spectateurs les plus grands un peu à côté du sujet. Comme à son habitude, Disney a veillé à ce que le documentaire soit un véritable ascenseur émotionnelle, à l'image de ses films d'animation. On passe des larmes, à l'attendrissement et aux rires en un rien de temps. En somme, voilà un documentaire sympathique à regarder avec les plus petits.
Making A Murderer
Cette série documentaire là, exclusivité de Netflix, n'a rien d'un divertissement pour les plus jeunes ! Elle retrace les déboires de Steven Avery avec la justice américaine, une histoire qui a débuté en 1984 et qui n'est à ce jour toujours pas réglée. En 1985, Steven Avery est incarcéré pour un viol qu'il n'a pas commis. Il sortira de prison quelques dix-huit ans plus tard avec une vie détruite : compagne et enfants envolés, réputation et honneur entachés. Au moment de sa sortie, le gouverneur du Wisconsin fait de lui son fer de lance de l' Innocence Project, un programme qui a pour vocation de soutenir les prisonniers injustement condamnés. Mais voilà qu'en 2005, Avery est de nouveau inquiété par la justice dans le meurtre de Theresa Halbach. C'est à ce moment que les réalisatrices ont l'idée de suivre Steven Avery. Dix ans plus tard, Demos et Ricciardi ont collecté plus de 500 heures d'interviews et 180 heures d'images de procès. Un matériau à la fois impressionnant et écrasant qui a de quoi donner des sueurs froides. Cette série documentaire est un véritable cauchemar, sans concessions. Bien plus que le fait divers qui l'a motivé, elle dépeint la vie d'accusé face à la justice américaine. Une condition peu enviable qui repose pour beaucoup sur les apparences : le pyjama rayé des inculpés est un véritable stigmate, la couverture omniprésente des médias qui se repaissent allégrement des détails les plus sordides ou encore l'image charismatique de certains avocats et tenant du gouvernement ; voilà autant de faits à cause desquels la condition d'accusé aux États-Unis est un véritable épouvante. Durant toute la durée de son procès, Steven Avery n'aura de cesse de clamer son innocence là où l'accusation se contentera parfois simplement d'en appeler à l'imaginaire collectif à l'aide de multiples et sordides descriptions de la scène de crime. Quant aux dysfonctionnements de la machine justice que pointe Steven Avery, personne ne souhaite véritablement s'y pencher. Making A Murderer est un document véritablement édifiant qui a le mérite de pointer les failles de la justice et du système américain. Passionnant et glaçant à la fois.