Après "Eldorado" (2008) et "Les Géants" (2011) l'acteur Bouli Lanners revient en tant que réalisateur-scénariste pour un film dans la droite lignée de son univers au style déjà bien reconnaissable. Une histoire originale dont l'inspiration lui fut donné par un voyage en train où il aperçut la voie d'essai de l'aérotrain de Orléans (désaffecté depuis des années). Un décor tout trouvé avec des airs de désertification industrielle idéal pour ce récit surréaliste où on a bien du mal à savoir vers ou et quoi Bouli Lanners veut nous emmener. Ce dernier y intègre des paramètres personnels (cousine autiste, opération du coeur avant le tournage) et aussi quelques codes spécifiques au cinéma américain (western et redneks).
Le réalisateur s'est choisi un casting aux origines diverses qui donnent un patchwork riche et savoureux allant du génial Albert Dupontel et de la charmant québecoise Suzanne Clément aux gueules Serge Riaboukine, Philippe Rebbot, Lionel Abelanski en passant par les vétérans de classe mondial que sont Max Von Sydow et Michael Lonsdale... Dans la forme on est spécifiquement dans le monde de Bouli Lanners qui soigne l'image crépusculaire, se jouant des ombres du ciel aux couleurs froides. On est dans une sorte de conte rural mais au ton urbain. L'omniprésence de la mort directement ou indirectement ouvre la porte au mysticisme bien qu'on apprenne jamais en quoi le personnage de jésus est utile. Tandis que d'autres personnes sont malheuresuement trop sous-exploités (nos vétérans !). D'autres passages laissent perplexes, comme celle où la vengeance s'arrête à une futile destruction de voiture. Bouli Lanners nous emmène dans une odyssée brumeuse où le thriller sur fond de règlement de compte croise le road-movie sur des marginaux. Et si Bouli Lanners affirme qu'il s'agit de son film le plus optimiste on reste assez mélancolique au final et on se demande où il a variement voulu nous emmener. Un film assez intriguant, parfois sublime mais qui laisse trop de questions sans réponses.
Critiques De Films
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