Marius parti en mer pour une durée de 5 ans, il laisse seule la jeune Fanny derrière lui… sur le port de Marseille. Fanny, enceinte, pour sauver son honneur et celui de sa famille va accepter d’épouser le riche Panisse de 30 ans son aîné. Agrégation d’intérêt, Fanny trouve un mari et Panisse une descendance tant attendue… César se résigne et fini par adhérer… Plus dur sera le retour de Marius.Si le premier opus dérivant au fil de l’eau de la comédie vers le mélodrame ; ce second opus va porter le mélodrame vers la tragédie. Et Orane Demazis, longtemps décriée, est parfaite lorsqu’il s’agit de jouer la tragédie : rigidité corporelle, regards éperdus dans les cieux, longs monologues… Pagnol, un an après « Marius », remet donc le couvert avec une pièce écrite dans l’été suivant et réunit le même incroyable casting. Et pas pour faire une redite et exploiter le filon (ce n’était pas à la mode de l’époque), mais pour porter ses personnages encore plus loin. Deux heures pour un film parlant, début des années 30, est une folie ; mais c’est grâce à cette audace que les personnages gagnent en complexité et que les rues de Marseille prennent vie. Avec le matériel de l’époque, faire autant d’extérieur est un défi qui sera noté et apprécié bien en dehors de nos frontières. Et puis, la société de l’époque est bien loin de la nôtre ; cependant les thèmes sont riches et toujours d’actualité : difficultés à être père, la définition de la parentalité, l’amour fou impossible, le besoin d’échapper physiquement à un quotidien pesant. Point d’orgue de cette tragédie, les quatre personnages centraux nous offrent un dernier quart d’émotion brute, juste et extrêmement forte.Une trilogie à l’ancienne… meut par le désir de faire évoluer ses personnages… et non l’appât du gain. Le monde change.
Sorti en 1932
Ma note: 20/20