Le projet de biopic sur Steve Jobs (créateur de Apple et co-créateur de la révolution informatique avec Bill Gates) est un vieux serpent de mer hollywoodien qui s'est accéléré après son décès en 2011, peu de temps donc après le succès de "The Social Network" (2010) de David Fincher, biopic sur un autre nabab de l'informatique... Après un premier projet sans envergure avec "Jobs" (2013) de Joshua Michael Stern, un autre plus prometteur était proposé trop logiquement par Fincher lui-même avec Christian Bale dans le rôle titre. Mais après des différents artistiques début 2014, le projet revint aux mains de Danny Boyle qui était libre depuis son dernier film "Trance" (2013). Changement de réalisateur, changement d'acteur également, Bale laissant la place à Michael Fassbender... Adapté de la biographie (2011) de Walter Isaacson, le film se dote d'un scénario judicieux signé Aaron Sorkin, lequel s'est fait remarqué pour son excellent travail sur "The Social Network". Cette fois il use d'un stratagème original et finalement pertinent. Au lieu d'un récit linéaire, Aaron Sorkin identifie dans la biographie spéfiquement 5 personnages et 3 évènements majeurs chez Apple.
Note :5 personnages avec lesquels Steve Jobs était à la fois proche et dans le conflit. Il s'agit de la directrice marketing Joanna Hoffman (Kate Winslet), du co-fondateur de Apple Steve Wozniak (Seth Rogen), du PDG d'Apple John Sculley (Jeff Daniels), du développeur informatique Andy Hertzfeld ( Michael Stuhlbarg) et de sa fille Lisa...
3 évènements que sont les lancements des produits phares de Apple avec le Macintosh en 1984, le NeXt Computer en 1988 et le iMac en 1998. Sorkin signe un scénario qui se focalise sur les minutes précédant le lancement médiatique, et où Jobs commande, gère et surtout croise, discute et se fâche avec ses proches, famille et collègues. Le soucis c'est que Sorkin imagine quasi la totalité des dialogues et que le tout reste quand même très subjectif. Le bon point est que le tout sonne très juste, que la bio de Issacson est un matériau solide qui a certainement façonné la qualité de ces dialogues. Des dialogues pertinents, percutants, toujours sous un fort effet énergisant qui sonnent toujours vrai. Ajoutés à quelques flash-backs (jamais envahissants) et un grain particulier qui accentue le côté "document" exclusif, le film est un biopic intelligent qui s'attache à montrer l'homme et ses failles derrière le génie intuitif. Les acteurs sont excellents (même si Steve Jobs reste très antipathique finalement !), Boyle réalise un film parfaitement maitrisé et prenant, sur un scénario captivant qui change des biopics classiques.