Les chansons que mes frères m'ont apprises

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Diaphana et à Darkstar pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le dvd du film « Les chansons que mes frères m’ont apprises » de Chloé Zhao.

« Si on veut dresser un cheval, il faut respecter sa liberté »

Johnny vient de terminer ses études. Lui et sa petite amie s'apprêtent à quitter la réserve indienne de Pine Ridge pour chercher du travail à Los Angeles. La disparition soudaine du père de Johnny vient bousculer ses projets. Il hésite également à laisser derrière lui Jashaun, sa petite sœur de treize ans dont il est particulièrement proche. C'est tout simplement son avenir que Johnny doit maintenant reconsidérer…

« Ce sera bizarre d’être à la fac toute seule loin de vous. Seule pour la première fois. »

On dit qu’un regard extérieur permet parfois d’apprécier plus justement une réalité. De poser sur elle un regard neuf. Loin des fastes et des lumières déformantes d’Hollywood, Chloé Zhao, jeune chinoise venue étudier le commerce et la production aux Etats-Unis et que rien ne semblait prédestiner à une carrière de réalisatrice, choisit pour son premier film de suivre le quotidien d’une réserve d’indiens Lakota, l’une des composantes du peuple Sioux qui vit encore dans le Dakota du Sud. Une communauté qu’elle connait particulièrement bien pour avoir vécu pendant près de quatre ans dans la réserve de Pine Ridge. Original sur le fond comme sur la forme, son film fut très remarqué lors de ses présentations à Cannes et à Sundance.

« Crazy Horse a dit que tout semblait s’être arrêté à Wounded Knee. Mais que tout recommencerait à la septième génération. La tienne. »

Avec « Les chansons que mes frères m’ont apprises », Chloé Zhao filme l’envers du rêve américain. La face cachée du mythe de la conquête de l’ouest et des pionniers. L’Amérique des laissés pour compte. Plus d’un siècle après la fin des guerres « indiennes », elle s’intéresse donc à ce qu’il reste des populations originelles de l’Amérique que l’Histoire semble avoir oublié, au travers du regard et des interrogations d’un adolescent de 17 ans et de sa petite sœur de 11 ans qui viennent de perdre leur père. Avec son style très dépouillé et très contemplatif qui n’est pas sans rappeler celui de Terrence Malick, la réalisatrice cadre ses personnages au plus près et s’interroge sur le devenir de cette communauté méconnue et perdue entre attachement à ses traditions ancestrales, à sa culture et les difficultés à s’adapter à son époque et au monde qui l’entourre. Certes, les pick-up ont remplacé les chevaux. Les maisons ont remplacé les tipis. Même l’Eglise a fini par supplanter les croyances anciennes. Pourtant, en dépit de tout cela, la communauté parait fermée, vivant en marge du reste du monde, à noyer dans un alcool pourtant prohibé son chômage massif et son absence totale d’avenir. Une sorte de ghetto à ciel ouvert dont il semble impossible de s’échapper. Malgré les magnifiques paysages sauvages du Dakota, les regards d’enfants encore plein d’espoir, il ressort de ce beau film doux-amer une profonde et émouvante mélancolie qui hante durablement le spectateur. Chloe Zhao signe là une belle balade pleine de pudeur et de nostalgie. Une réalisatrice en devenir à suivre assurément.

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Le dvd : Le film est présenté en VO (versions 5.1 et 2.0) avec sous-titres français. Côté bonus, le film est accompagné d’un entretien avec la réalisatrice, Chloe Zhao, ainsi que des scènes coupées et un court-métrage antérieur de la réalisatrice.

Edité par Diaphana, « Les chansons que mes frères m’ont apprises » est disponible en dvd dans les bacs depuis le 27 janvier 2016.

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