Snuff 102 ("Muzan-E")

Snuff_102

Genre : horreur, gore, trash, extrême (interdit aux - 18 ans)
Année : 2007
Durée : 1h45

L'histoire : Une journaliste enquête sur les snuff movies mais finit par se faire kidnapper par un tueur. Pour elle et deux autres jeunes femmes, le calvaire commence sous l'oeil de la caméra. 

La critique :

Le snuff movie est un sous-genre cinématographique pour désigner toutes ces vidéos ou pseudos légendes urbaines censées relater des faits authentiques par le biais d'une caméra amateur. Mondo Cane (Franco Prosperi, Gualtiero Jacopetti et Paolo Cavara, 1962), Face à la Mort (John Alan Schwartz, 1978) et Cannibal Holocaust (Ruggero Deodato, 1981) sont autant de témoignages d'un nouveau phénomène : le zapping de l'horreur, de la mort et de l'impudicité, soit les nouvelles sensations extrêmes vendues et exaltées par notre société égotiste et consumériste.
Peu à peu, le cannibalisme, les lubricités et la nécrophilie se démocratisent en vidéo. Sur la Toile, les fans du cinéma trash jubilent. A Serbian Film (Srdjan Spasojevic, 2010) et Philosophy Of A Knife (Andrey Iskanov, 2009) deviennent les nouveaux phénomènes du cinéma extrême.

Vient également s'ajouter Snuff 102, réalisé par Mariano Peralta en 2007. Très vite, cette pellicule argentine suscite les anathèmes et les billevesées de la critique et de la presse cinéma. Lors du festival du film de Mar del Plata, Snuff 102 provoque plusieurs malaises lors de sa projection, et même un arrêt cardiaque. Ulcérés, plusieurs spectateurs portent plainte et participent malgré eux à la popularité du film.
Snuff 102 devient la nouvelle égérie (si j'ose dire) du cinéma trash, gore et extrême. Certains fans parlent même du film le plus choquant jamais réalisé. Le long-métrage est banni et interdit dans une soixantaine de pays. Au mieux, il écope d'une interdiction aux moins de 18 ans. Pourtant ici, point de séquences pornographiques. Reste à savoir si Snuff 102 mérite (ou non) le titre du film le plus barbare (et/ou choquant) de toute l'histoire du cinéma.

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Hélas ou heureusement (vous choisirez), la réputation outrancière de cette pellicule est pour le moins usurpée. Certes, Snuff 102 s'adresse à un public particulièrement averti, mais il reste largement inférieur, en termes d'insanités, à Philosophy of A Knife, à toutes les excentricités gores asiatiques et plus récemment, à un certain Most Disturbed People on Planet Earth 2.
Sur la forme, Snuff 102 ressemble à un remake à peine déguisé de Muzan-E (Daisuke Yamanouchi, 1999), dont il reprend peu ou prou le même scénario. Attention, SPOILERS ! Une journaliste enquête sur les snuff movies et interroge un expert en la matière. Elle découvre alors un univers cruel et étrange. Jusqu'au jour où elle tombe sur des vidéos tournées par un psychopathe. Celui-ci a kidnappé trois jeunes femmes.

Le calvaire commence sous l'oeil de la caméra. A l'instar de Muzan-E, il est aussi question d'une journaliste qui s'intéresse de près à un nouveau phénomène : le snuff movie. Ou plus précisément toutes ces vidéos qui circulent sur la Toile. C'est la première partie de Snuff 102. La jeune femme fait appel aux services d'un expert pour étudier tous ces films en diffusion libre sur le net.
Devant son ordinateur, la journaliste découvre l'horreur : la "célèbre" décapitation d'un homme par une horde de barbares terroristes, un singe affreusement torturé et toutes une série d'éviscérations dans les cris, la mort, l'horreur et la terreur. Le film pointe alors cette étrange dissemblance. 
Certes, d'un côté, la journaliste exècre et répudie ce genre de vidéos répugnantes et extrêmes. De l'autre, elle ne peut s'empêcher de mater ces spectacles lubriques, turpides et obscènes. Un oxymore. 

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Parallèment, l'émergence de ce nouveau genre répond à une demande, à un manque et plus précisément à un vide sociétal et existentiel. Très vite, la reportrice tombe sur de nouvelles vidéos toujours plus trash et violentes. Elle assiste béate à des snuff movies tournés par un maniaque de l'opinel. Le tueur retient prisonnière trois femmes qu'il torture et supplice à satiété.
Sur ce dernier point, Mariano Peralta se montre particulièrement généreux. Au menu des tristes réjouissances : découpage de doigts au sécateur, viol à répétition, énucléation d'un oeil et rires frénétiques font partie du menu fretin. Hélas, le concept a aussi ses limites. D'une durée d'une heure et 45 minutes environ, Snuff 102 multiplie les longueurs superflues. Les conversations oiseuses entre la journaliste et le critique cinéma ne sont guère passionnantes et ralentit souvent le rythme du film.

Surtout, leurs dialogues byzantins n'apportent aucune réflexion sur le thème de prédilection du film. Sur ce dernier point, Mariano Peralta varie les plaisirs. On passe ainsi de séquences tournées en noir et blanc à des scènes de tortures en couleur. Pourquoi ce choix ? Difficile de trouver une explication logique et/ou rationnelle. Niveau tortures, le long-métrage se montre particulièrement inégal.
C'est par exemple le cas lorsque le tueur plante des clous dans les tétons d'une jeune femme. 
Aucune effusion de sang au programme... Même remarque pour certaines atrocités commises sur les victimes. Le snuff se transforme presque en autoparodie avec toutes ces prothèses censées représenter des corps démembrés, dilapidés et dilacérés...
Visiblement, Mariano Peralta doit composer avec les moyens du bord. Toutefois, le cinéaste possède un certain talent pour la mise en scène et opte pour un long-métrage underground, distillant un certain malaise par d'habiles procédés. Notamment une ambiance anxiogène et étouffante. La tension devient cette fois-ci bien réelle et palpable. 
Bref, avec Snuff 102, Mariano Peralta tergiverse entre la fiction et la réalité. Cet OFNI (objet filmique non identifié) n'est pas forcément le film le plus choquant ou barbare jamais réalisé. Mais il délivre tout de même (en tout cas parfois) l'uppercut annoncé. 

Note : 12/20

sparklehorse2 Alice In Oliver