Room raconte l'histoire d'un petit garçon de cinq ans qui a passé toute sa vie dans une pièce de trois mètres sur trois avec sa mère, enlevée et séquestrée à l'adolescence. Grâce à l'éducation qu'elle lui prodigue et la lecture des quelques romans classiques Jack développe une imagination qui transforme cet espace confiné en un monde plein de possibilités. L'auteur Emma Donoghue - qui a également écrit le scénario - s'est servi du cas Josef Fritzl comme point de départ pour son roman, mais elle a transcendé les connotations scabreuses du fait-divers en se plaçant dans la perspective de son jeune protagoniste, Jack (joué dans le film par le nouveau venu Jacob Tremblay, seulement sept ans au début du tournage). L'horreur de sa situation et les sévices subis par Ma ( Brie Larson) nous sont révélés de façon progressive tout en suggestion, Lenny Abrahamson ( Frank) - et son directeur de la photo Danny Cohen - épousent le point de vue de Jack sur la pièce et l'univers que sa mère a créé pour lui à travers des angles de vue très bas et des pertes de focus. Room est l'histoire traumatisante d'une séquestration et de ses conséquences, mais c'est aussi un émouvant récit de résilience et d'amour. La résistance incroyable de Ma face à l'indicible de la situation nous est brillamment montré à travers les routines ( Jack commence toute ses journées par un " Bonjour, lampe. Bonjour, évier. Bonjour, cuisinière ") qu'elle adopte pour protéger Jack de l'atroce réalité de leur situation, les exercices quotidiens lui servant de scolarisation et ses tentatives, déchirantes pour le spectateur, de faire passer, pour le bien-être psychologique de Jack, leur ravisseur ( Sean Bridgers immonde comme il se doit ) pour bienveillant.
La structure du film montre la façon dont l'emprisonnement peut fonctionner à différents niveaux et ses conséquences pas nécessairement liées aux quatre murs qui les retiennent mais à la façon dont la survie de Jack et Ma tient à l'amour qu'ils partagent.La réussite de la performance de Brie Larson - qui devrait en toute bonne logique gagner l'Oscar après sa victoire aux Golden Globes - tient au fait qu'elle ancre son personnage dans une réalité émotionnelle qui nous semble crédible. Ma n'est pas Sarah Connor ou Ripley, elle reste une adolescente à qui on a volé sa vie et qui trouve certes des ressources incroyables pour sauver son enfant mais en paie aussi le prix. La seconde moitié du film tient du drame plus classique, même si elle est très touchante et garde justement grâce au jeu de Larson cette authenticité émotionnelle. Le jeune Jacob Tremblay porte tout autant le film sur ses jeunes épaules car si l'on n'est pas en empathie avec son personnage le film s'effondre. Jack est un personnage marquant qui a tout à la fois les réactions d'un enfant " classique " mais sa façon de percevoir la réalité en fait presque un " extra-terrestre ". Sa performance rejoint celles des Haley Joel Osment, des Pierce Gagnon ou des Jodie Foster parmi les plus impressionnantes d'un enfant-acteur. C'est aussi le témoignage du travail accompli par Lenny Abrahamson pour créer les conditions de tournage qui permettent à cette performance d'éclore. Room est un drame puissant, poignant (même si il contient des moments de suspense digne d'un grand thriller) transcendé par deux performances exceptionnelles et un travail de mise en scène subtil et efficace.
Titre Original: ROOM
Réalisé par: Lenny Abrahamson
Genre: Drame, Thriller
Sortie le: 09 mars 2016