Un scandale à révéler, des journalistes intègres et persévérants, un académisme bien dosé, voilà la recette de Spotlight, film d’utilité publique mais aussi une plongée passionnante dans le journalisme d’investigation.
Spotlight, c’est le nom donné à l’équipe de journalistes d’investigation du Boston Globe. Une équipe qui n’hésite pas à plonger plusieurs mois durant dans des affaires risquées pour révéler au grand jour de sombres secrets et manipulation. Et en 2002, ces journalistes touchent le jackpot en découvrant derrière une affaire de prêtre pédophile tout un réseau organisé dans l’archidiocèse de Boston avec près de 90 prêtres impliqués et cachés par l’église et un réseau d’avocats, rien que ça ! Cette affaire couverte par plusieurs articles et permettant alors aux victimes de sortir enfin du silence obtient alors le prix Pulitzer.
Le film de Tom McCarthy s’attache donc à montrer comment l’enquête à été menée par les journalistes alors que le journal est secoué par l’arrivée d’un nouveau directeur. Sans faire d’esbroufe déplacée pour ce genre de sujet, le réalisateur nous offre alors un film très académique dans sa forme et sa structure, plongeant dans les détails de l’enquête auprès des journalistes, sans jamais s’orienter du côté du thriller paranoïaque mais sans forcément être complaisant.
Petit à petit, nous découvrons donc les dessous de cette affaire sur le réseau de prêtres pédophiles en même temps que les journalistes, de révélation en révélation. La mise à jour de ce scandale devient alors de plus en plus intéressante à mesure que des éléments sont réunis et que des témoignages poignants sont donnés, faisant parfois froid dans le dos. Détaillant l’enquête aussi bien que l’aurait fait un documentaire pour connaitre les tenants et les aboutissants, Spotlight est ainsi un très bon moyen d’alerter sur ce qu’il s’est passé et c’est sans doute bien ce sujet et sa manière d’être traitée avec la pudeur nécessaire mais en regardant tout de même les conséquences qui a du pousser l’Académie à donner quelques nominations justifiées aux Oscars.
Mais il y a aussi l’autre aspect du film, celui du point de vue des journalistes d’investigation. En effet, nous les suivons de bout en bout sur leur vie professionnelle tout au long de leur enquête qui les empêche de mener une vie familiale standard. On les voit ici régulièrement faire part de leurs doute, de leurs peur pour l’entourage, de leur besoin ou non de respecter leur éthique professionnelle pour aller au bout de l’enquête. Bref, nous avons droit à des personnages droits dans leurs bottes qui se donneront entièrement à leur sujet pendant des mois pour un seul objectif : la vérité. Et voir des personnages animés par leurs convictions, surmontant l’horreur de l’affaire et qui vont jusqu’au bout donne sacrément envie de les suivre.
Et si le casting 4 étoiles (Michael Keaton, Mark Ruffalo, Rachel McAdams, Brian d’Arcy James, …) est impeccable, ils ne sont pas là pour tirer la couverture à eux mais au contraire pour offrir une performance de groupe soudé qui porte le film de bout en bout.
Spotlight est ainsi un film très académique dans son traitement mais qui avait besoin de cette dimension pour porter dignement son sujet et son message tout en remettant sur le devant de la scène le professionnalisme de la profession de journaliste d’investigation que l’on a tendance à oublier en ce moment à cause des chaines infos en continu et ça fait du bien de voir des personnes animées par de telles convictions.