Continuons sur l’importance du lieu et de l’espace et la complexité du détail dans la séquence d’ouverture.
A lire :
L’IMPORTANCE DU LIEU & DE L’ESPACE (1)
L’utilisation de détails complexes
Les détails apportés à la séquence d’ouverture qui peut se mêler au générique est une technique intéressante pour situer le contexte de l’histoire. L’idée est de peindre une image mentale dans l’esprit du spectateur à l’aide en quelque sorte de textures et de formes de petites choses ou situations qui ne sont pas nécessairement importantes mais qui établissent dans l’esprit du lecteur une image aussi précise et claire qu’une photographie.
Voyons quelques exemples :
Watchmen de David Hayter et Alex Tse, d’après le comic Watchmen, d’Alan Moore et Dave Gibbons et dirigé (2009) par Zack Snyder.
La séquence d’ouverture de Watchmen est chargée de références qui ne pouvaient être intégrées à l’histoire qui allait suivre (comme l’entière histoire des Minute Men des années 1940). Cette scène d’ouverture de 6 minutes peut sembler longue mais ce qu’elle accomplit en condensant toute l’histoire d’un monde alternatif est à peine croyable.
La Fièvre du samedi soir de Norman Wexler dirigé par John Badham (1977)
Sans une seule ligne de dialogue pertinente, l’ouverture de cette Fièvre du samedi soir démontre sans ambiguité la distance entre les rêves glamour de Tony et son quotidien bien moins brillant. La séquence débute par quelques plans symboliques de New York (la scène du métro aérien faisant écho aux scènes finales de l’histoire).
Tony est le seul à marcher en rythme avec la musique ce qui appuie sur l’importance de celle-ci dans le film et surtout le lien puissant qu’elle entretient avec l’histoire. Sa tenue et le voir se pavanant dans les rues peut donner à supposer un tempérament autre que révèle la part de pizza et l’acompte qu’il verse pour la chemise.
La démarche de Tony donne un indice sur son désir de liberté alors que l’arrivée à son job sans avenir démontre que quoiqu’il fasse, qu’où il aille, il ne peut échapper à sa condition sociale.
Il est certain cependant que la solution à son problème se trouve de l’autre côté du pont de Brooklin, mais ce n’est pas à pied qu’il l’atteindra.
Arrête-moi si tu peux de Jeff Nathanson, d’après le livre Catch Me If You Can, écrit par Frank Abagnale, Jr. et Stan Redding dirigé (2002) par Steven Spielberg
Une séquence d’ouverture autonome pleine d’invention narrative. Elle traduit avec style l’ambiance de l’histoire à venir. Celle du célèbre escroc Frank Abagnale et de l’agent du FBI Hanratty à sa poursuite. Les deux silhouettes stylisées de ces deux personnages centraux interagissent avec le générique en rappelant les méandres du scénario. Abagnale est dépeint comme un pilote, puis un chirurgien et enfin un homme d’affaires. Hanratty est montré se rapprochant de plus en plus de lui.
A propos des exemples
Ces exemples et tous ceux que vous auriez eu envie d’ajouter à vos connaissances vous permettent de découvrir des techniques que vous pourriez employer ou que vous ne voudriez surtout pas employer. C’est ainsi que vous découvrirez votre propre voix pour raconter vos histoires.
Gardez aussi à l’esprit que les lecteurs cherchent avant tout une évasion. Si vous les engluez dans trop de détails et de descriptions, ils peuvent ne pas vous suivre dans cette voie . Si quelque chose n’est pas au service de l’histoire, le sacrifice devra être envisagé pour que l’histoire fonctionne.