Genre : horreur, gore, trash, extrême (interdit aux - 16 ans)
Année : 1980
Durée : 1h45
L'histoire : Un psychopathe sème la mort en ville en scalpant ses victimes pour recréer sa mère abusive décédée plusieurs années auparavant.
La critique :
Parmi les illustres réalisateurs de films d'horreur, on cite régulièrement John Carpenter, George A. Romero ou encore Wes Craven, mais beaucoup moins William Lustig, une autre figure emblématique du genre. On lui doit la trilogie Maniac Cop et surtout Maniac en 1980. Aujourd'hui et à juste titre, Maniac est considéré comme un noble classique du cinéma horrifique.
Le film va inspirer de nombreux succédanés plus ou moins de qualité (notamment le macabre Henry, Portrait d'un serial killer), ainsi qu'un remake homonyme, réalisé par Franck Khalfoun en 2012. La distribution du film réunit Joe Spinell, Caroline Munro, Gay Laurence, Kelly Piper et Rita Montone. Sur la forme, Maniac est le digne épigone de Leatherface, le boucher masqué et défiguré de Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974).
Evidemment, les fans de films d'horreur connaissent surtout Joe Spinell pour son rôle de psychopathe azimuté dans Maniac. Pourtant, l'acteur possède une filmographie variée et exhaustive. On a ainsi pu le voir dans les deux premiers épisodes du Parrain, Taxi Driver, Rocky, La Taverne de l'enfer, Brubaker, Les faucons de la nuit ou le trop méconnu Les Frénétiques.
En outre, Joe Spinell écrit le scénario de Maniac avec la collaboration de C.A. Rosenberg. A priori, le script du film est à la fois classique et laconique. Attention, SPOILERS ! La nuit, le maniac rôde, scalpant les prostituées, tuant les couples sur la plage, écumant New York à la recherche de nouvelles proies. La population est en panique, la police piétine. Mais Frank Zito n'est pas un tueur ordinaire.
Blessé par la violence de sa mère et de ses amants, il souffre de solitude, perturbé par des souvenirs traumatisants. Un jour, il rencontre Anna. Au moment de sa sortie, Maniac provoque les quolibets, les foudres et les avanies de la censure. Trop violent, trop sadique ou encore trop pervers. Tous ces superlatifs et anathèmes concourent paradoxalement à la notoriété du film.
Le long-métrage écope d'une interdiction aux moins de 18 ans. Il est nûment banni et interdit dans plusieurs pays, notamment au Royaume-Uni. Bien des années plus tard, l'interdiction sera revue à la baisse. Aujourd'hui, Maniac est interdit aux moins de 16 ans. A l'époque, ce thriller gore et horrifique fait l'effet d'une bombe. Le tueur en série de Maniac s'inspire à la fois d'Ed Gein, le boucher de Plainfield et du Zodiac, un autre serial killer tristement célèbre.
Sur la forme, Maniac apparaît comme la suite logique de Massacre à la Tronçonneuse. Seule différence, et pas des moindres, la terreur ne se situe plus au beau milieu de nulle part, tout du moins dans les terres désolées et claustrées des Etats-Unis, mais en pleine cité urbaine. Nos pulsions archaïques et animales peuvent désormais s'exprimer dans notre société capitaliste et consumériste.
En l'occurrence, le pervers de Maniac a échangé sa tronçonneuse avec un opinel. A l'instar de Massacre à la Tronçonneuse, Maniac s'ébaudit du spectateur en proposant une affiche outrancière. La jaquette du film montre seulement la moitié du corps d'un sadique tenant à la fois un couteau (la main droite) et la tête décapitée d'une jeune femme (la main gauche). Le sang de la victime éclabousse à la fois le sol et les oripeaux du mystérieux assassin.
Certes, William Lustig ne fait pas dans la dentelle ni dans la demi-mesure. Dès son introduction, le film a le mérite de présenter les inimitiés. Ce tout premier meurtre correspond finalement à l'affiche du long-métrage. Une jeune femme est mutilée, suppliciée et dilapidée par un psychopathe. Pourtant, Lustig prend le soin de filmer certaines parties du corps de son personnage féminin.
On assiste béats et ébaubis à une scène d'une incroyable cruauté. Paradoxalement, les éviscérations ne sont pas totalement montrées mais davantage suggérées. A l'image (encore une fois) de ce premier meurtre qui se déroule dans la souffrance et la terreur. La caméra de Lustig se focalise essentiellement sur les jambes de la jeune femme. Cette dernière tressaillit, hurle à l'agonie avant d'exhaler son dernier soupir.
Par la suite, William Lustig plonge en immersion dans une cité en pleine déréliction et suit le quotidien de son psychopathe. Contre toute attente, ce dernier s'est parfaitement intégré dans notre société moderne. Pour lui, elle est à la fois une offrande à ses pulsions meurtières et paradoxalement une source de peur qu'il ne peut réprimer. Ainsi, Maniac fonctionne comme une sorte de documentaire ultra-réaliste sur les exactions de ce tueur en série. Tel un prédateur, celui-ci arpente et sillonne les rues obombrées de la ville à la recherche de sa nouvelle proie, celle qui semble symboliser cette marâtre furibonde et castratrice du passé.
Dans un premier temps courtois et affable, le tueur séduit et flagorne ses victimes pour ensuite se transfigurer en une bête immonde et sauvage. A son tour, il est assailli par des pulsions irrépressibles et irréfragables. C'est ainsi qu'il scalpe une prostituée.
Pourtant, immédiatement après le crime sordide, le criminel éploré est sincèrement épris de regrets. William Lustig plonge alors dans la psyché de son "héros" à la fois démoniaque et doté de sentiments humains. Pis, le spectateur est convié à partager les hallucinations morbides et hébéphréniques du criminel en pleine neurasthénie mentale. Sur ce dernier point, la performance de Joe Spinell est hallucinante.
On tient probablement là le ou l'un des serial killer les plus terrifiants de toute l'histoire du cinéma. Mais dans Maniac, il n'est pas seulement question d'une folie sous-jacente et incoercible. Le tueur semble être poursuivi par une étrange malédiction. En ce sens, le film n'est pas rappeler (par certains aspects) un autre classique du noble Septième Art, M le Maudit (Fritz Lang, 1932).
Bref, Maniac reste à la fois le premier et le meilleur film de William Lustig. Attention, chef d'oeuvre !
Note : 17.5/20
Alice In Oliver