Archetypes de melanie anne phillips – part 7

Par William Potillion @scenarmag

Dans cette article, nous vous proposons la traduction des Chapitres 14 et 15 de ARCHETYPES de Melanie Anne Phillips.

Traduction complète ICI
ARCHETYPES

Chapitre 14 : Les archétypes et les éléments de personnage

Dans le tableau périodique des éléments, tous les éléments sont classés en familles où les membres de la famille partagent certains attributs. Bien qu’ils aient chacun une différence, une ressemblance familiale est cependant aussi patente, par exemple entre la fluorine et la chlorine, que celle d’une lignée familiale, chez nous les humains.

D’une manière similaire, les éléments de personnage peuvent aussi être orgarnisés en familles aux traits similaires appelées archétypes. Chaque famille archétypale contient exactement 8 éléments et, collectivement, ils forment une facette entière du Story Mind et, par extension, de notre propre esprit.

A lire sur le sujet du Story Mind :
DRAMATICA : LES ELEMENTS DE STRUCTURE

Les noms de ces archétypes sont familiers : Protagoniste et Antagoniste, par exemple. Mais cela crée un problème. Le terme archétype a été utilisé par tant d’autres, de Jung à Campbell, que sémantiquement, il signifie beaucoup de choses. Les mots Protagoniste et Antagoniste signifie même encore plus. Donc, pour Dramatica, tenter de redéfinir ces thèmes aurait été un combat contre l’inertie et les préconceptions.

Pourtant, les archétypes traditionels concernent les mêmes fonctions des personnages que Dramatica, rapportés à la science obscure de l’art de conter. Donc Dramatica ne redéfinit pas les archétypes autant qu’il les clarifie. Fort cet avertissement, continuons.

Chaque archétype existe pour illustrer une de nos principales facettes de notre esprit dans une histoire. En un sens, chacun d’eux présente un argument différent tout juste comme nous résolvons un problème dans notre propre pensée sous plusieurs approches. Peut-être que les deux archétypes qui éclairent le mieux ce point sont Raison et Emotion.

L’archétype de la Raison représente notre intellect et celui de l’Emotion, nos passions. Il est certain que la Raison et l’Emotion sont deux des facteurs qui contribuent le plus largement dans les décisions que nous prenons dans la vie réelle. Il va sans dire (et on sent bien que c’est juste) qu’ils doivent être présent dans toute histoire afin que l’argument de celle-ci soit complètement énoncé.

En revenant aux archétypes les plus connus, le Protagoniste et l’Antagoniste,  nous remarquons qu’ils sont fortement masqués par les concepts narratifs de Héros et Méchant. Tandis qu’un Protagoniste peut être un Héros, ce rôle n’est qu’un costume qu’il peut porter. En fait, votre protagoniste pourrait tout aussi bien être un méchant (et de la même manière, un antagoniste pourrait être Méchant ou Héros) car le Méchant et le Héros ne sont pas des archétypes mais des stéréotypes, lesquels sont des combinaisons utilisées de manière excessive d’éléments structurels et narratifs fonctionnant ensemble.

Lorsque vous épurez le protagoniste et l’antagoniste jusqu’à leur fondement, le Protagoniste représente notre initiative et l’Antagoniste, notre réticence. En termes plus simples, le Protagoniste s’inscrit comme cette part de nous-mêmes qui nous fait lever de notre fauteuil  pour que les choses soient faites, pour accomplir quelque chose. L’Antagoniste, par contraste, est l’avatar de notre désir de maintenir le statut quo, ou plus familièrement, on ne réveille pas un chien qui dort.

Cela sied bien avec notre compréhension habituelle du Protagoniste comme le personnage menant l’effort pour atteindre au but et l’Antagoniste comme celui qui fera tout pour le stopper (notez que bien qu’il représente la réticence, l’Antagoniste n’est pas inactif, il exemplifie plutôt cette force contraire à l’intérieur de notre esprit qui agit en opposition à changer (par exemple, on ne change pas une équipe qui gagne).

Nous avons couvert pas mal de chemin, faisons une pause pour faire le point :
Des groupes d’éléments partagent certains traits de famille.
Lorsqu’une famille entière est représentée par un unique personnage, elle est dénommée Archétype.
Chaque archétype représente l’une de nos familles principales de pensée qui intervient dans notre propre esprit alors que nous tentons de résoudre les problèmes de notre vie.

Chapitre 15 : Les archétypes et les personnages complexes

Une histoire peut avoir à la fois des personnages archétypaux et  complexes. La décision de grouper les fonctions est à la toute discrétion des désirs narratifs de l’auteur. Le problème est que tant que l’on n’est pas parfaitement conscient de ce que sont ces fonctions et comment elles s’associent, il est impossible de prendre des décisions significatives sur la manière de les combiner. Ces fonctions essentielles sont à un tel niveau fondamental qu’elles forment les blocs de construction élémentaires des personnages objectifs.

Note de rédaction :
Un personnage objectif est un personnage qui observe les événements. Un personnage devient subjectif lorsque son point de vue sur les événements est montré. C'est par la subjectivité du personnage que l'empathie du lecteur trouve un terrain fertile pour croître.

Par conséquent, nous nous réferrons à ces fonctions comme à des éléments de personnage. Les lister ne donne pas d’idée sur le produit final. Comme de lister les éléments du tableau périodique en chimie ne donne aucune idée sur la nature du composé qui sera obtenu en les combinant.

En conséquence, le meilleur moyen de présenter les éléments de personnage pour qu’ils aient un sens est de commencer avec le personnage archétypal (qui par définition contient tous les éléments) et le décomposer, étape par étape, niveau par niveau jusqu’à ce que ses composants élémentaires soient exposés. De cette manière, la compréhension se reporte sur les éléments, lesquels peuvent alors être combinés de façon à créer des personnages complexes non archétypaux.