Genre : horreur (interdit aux - 16 ans)
Année : 1996
Durée : 1h47
L'histoire : Deux criminels prennent une famille en otage près de la frontière mexicaine, après une cavale particulièrement sanglante durant laquelle ils ont tué un policier et kidnappé l'employée d'un magasin. Ils se rendent tous ensemble dans un bar pour routier au-delà de la frontière mexicaine, appelé le "Titty Twister", établissement qui leur réserve pas mal de surprises une fois la nuit tombée.
La critique :
En l'espace de deux décennies, Robert Rodriguez est devenu le véritable spécialiste de la série B : The Faculty, Planète Terreur et Machete vont asseoir sa notoriété. Viennent également s'ajouter des oeuvres plus ambitieuses, notamment Sin City et Desperado. Réalisateur inégal, Robert Rodriguez a parfois (souvent...) sombré dans le gros navet et/ou les productions fastidieuses : Spy Kids et ses nombreuses suites, Les aventures de Shark Boy et Lava Girl sont autant d'échecs artistiques.
Pour Une Nuit en Enfer, sorti en 1996, Robert Rodriguez s'associe à Quentin Tarantino. Un duo explosif ? Le scénario du film est écrit par Tarantino lui-même et basé sur une histoire de Robert Kurtzman. Initialement, c'est Quentin Tarantino qui doit réaliser Une Nuit En Enfer.
Finalement, le cinéaste se désiste mais accepte de participer à la distribution du film. Viennent également s'ajouter George Clooney, Harvey Keitel, Juliette Lewis, Salma Hayek, Danny Trejo, Tom Savini, Fred Williamson, Michael Parks, John Hawkes et John Saxon. Dans ce casting, on retrouve plusieurs grands noms du cinéma bis. Certains réalisateurs sont envisagés pour le film, notamment Renny Harlin et Tony Scott. Intéressé par le projet, Robert Rodriguez accepte de passer derrière la caméra.
Ensuite, ce dernier et Quentin Tarantino se connaissent bien puisqu'ils ont déjà collaboré sur Desperado. Pour le rôle de Seth Gecko (finalement interprété par George Clooney), plusieurs acteurs seront approchés : John Travolta, Tim Roth, Michael Madsen ou encore Christopher Walken, mais sans succès.
Certes, au moment de sa sortie, Une Nuit En Enfer reste numéro un au box-office américain pendant plusieurs semaines. Mais le film connaît un accueil assez mitigé et/ou modeste au-delà de ses frontières. Pourtant, au fil des années, Une Nuit En Enfer va s'octroyer le statut de film culte et même de classique du genre horrifique, en particulier vampirique.
Par la suite, le long-métrage va connaître deux suites (sorties directement en vidéo), Une Nuit en Enfer 2 : le prix du sang (Scott Spiegel, 1999) et Une Nuit en Enfer 3 : la fille du bourreau (P.J. Pesce, 2000), ainsi qu'une série télévisée homonyme sortie en 2013. Attention, SPOILERS ! Richard Gecko, après avoir aidé son frère Seth à s'échapper de prison, entame avec lui une cavale sanglante au cours de laquelle ils braquent une banque et tuent plusieurs personnes, notamment à cause du comportement psychotique de Richard.
Cherchant à gagner le Mexique, ils prennent en otage Jacob Fuller, pasteur en pleine crise de foi, et ses deux enfants Kate et Scott. Cachés dans le camping-car de la famille Fuller, ils parviennent à passer la frontière mexicaine et n'ont alors plus qu'à attendre l'arrivée de leur contact Carlos qui leur a fixé rendez-vous dans un bar de routiers. Le groupe s'installe à une table et boit en attendant le contact mais une altercation entre les frères Gecko et des membres du personnel du bar tourne mal quand Richard se fait transpercer la main. Satanico Pandemonium, la danseuse vedette du bar, se transforme alors en vampire et le vide de son sang. Peu après, tout le personnel et les danseuses du bar se révèlent également être des vampires et massacrent quasiment tous les clients. Quentin Tarantino décrit Une Nuit En Enfer comme "la rencontre entre La Maison des otages et un film de vampires."
En vérité, Une Nuit En Enfer est un mélange assez hétéroclite entre différents genres : le thriller, le film de gangster, le western, les vampires et l'horreur. Pendant presque 45 minutes, le film brouille volontairement les pistes et cherche à surprendre le spectateur via de multiples rebondissements. Certes, le long-métrage est réalisé par Robert Rodriguez. Pourtant, c'est le film est bel et bien marqué par l'empreinte (indélébile) de Quentin Tarantino. En outre, on retrouve toutes les caractéristiques du réalisateur : des répliques outrecuidantes, des personnages variés (allant du psychopathe jusqu'au pasteur en pleine crise "ecclésiastique"), une réalisation à la fois clippesque et émaillée de nombreuses scènes d'action. Bref, sur la forme, Une Nuit En Enfer ressemble à un vrai produit de consommation qui fonctionne (néanmoins) parfaitement sur la durée.
Certes, le film est interdit aux moins de 16 ans et délivre largement la marchandise et son lot de tueuries, de répliques cultes et de tripailles. Pourtant, la violence du film est minorée par des situations ubuesques, limite cartoonesques. Au moins, Quentin Tarantino et Robert Rodriguez ne manquent jamais d'humour au détriment d'une production assez fuligineuse et amphigourique, qui part dans tous les sens.
Contre toute attente, la recette de cuisine appliquée par nos deux compères fonctionne. Les fans de films d'horreur devraient y trouver leur compte. Même remarque pour les autres spectateurs qui y verront un film (ou plutôt) un produit de consommation courante avec de la bagarre, de l'action, des personnages plus ou moins attachants et un rythme soutenu.
Enfin, Une Nuit En Enfer possède de solides arguments, notamment ses nombreuses références, que ce soit le western et ses clins d'oeil aux classiques horrifiques de jadis. Bref, on tient là une production espiègle, clairement de qualité, mais pas forcément la claque annoncée.
Note : 15/20
Alice In Oliver