Candyman (La Belle et la "guêpe")

Par Olivier Walmacq

Genre : horreur, slasher (interdit aux - 16 ans)
Année : 1992
Durée : 1h38

L'histoire : Helen Lyne, une étudiante, décide d'écrire sa thèse sur les mythes et légendes locales. C'est en visitant une partie de la ville inconnue qu'elle découvre la légende de Candyman, un homme effrayant qui apparait lorsqu'on prononce cinq fois son nom en face d'un mirroir. Helen, pragmatique, choisit de ne pas croire à l'existence de Candyman. Mais son univers bascule dans l'horreur quand une série de meurtres horribles commence.

La critique :

On ne compte plus les slashers à succès. Que ce soit les classiques (Halloween : la nuit des masques, Vendredi 13, Les Griffes de la Nuit, Black Christmas, Jeu d'Enfant) ou ceux qui parviennent à se tailler une réputation au fil des années (Carnage, Massacres dans le train fantôme ou encore Maniac Cop). Le genre a surtout connu sa période de gloire entre la fin des années 1970 et les années 1980. 
Dans les nineties, ce sont Scream, Urban Legend et Souviens-toi l'été dernier qui triomphent dans les salles obscures. Puis, peu à peu, l'intérêt pour le slasher s'amenuit. Certes, entre les années 2000 et 2010, certains croquemitaines notoires réapparaissent, la plupart du temps dans des remakes ou préquelles (souvent avariés). Mais le glas du slasher a sonné.
Tout du moins, les productions actuelles doivent se contenter d'une petite sortie (discrète) en vidéo.

En l'occurrence, Candyman, réalisé par Bernard Rose en 1992, appartient aux classiques du genre. A l'instar de ses augustes prédécesseurs, lui aussi connaîtra plusieurs épisodes, Candyman 2 (Bill Condon, 1995) et Candyman 3 : le jour des morts (Turi Meyer, 1999). Non seulement ce premier chapitre remporte un certain succès commercial (surtout aux Etats-Unis), mais les critiques et la presse se montrent presque unanimement panégyriques.
A l'origine, le scénario de Candyman s'inspire d'une nouvelle, The Forbidden, écrite par Clive Barker. La distribution du long-métrage réunit Tony Todd, Virginia Madsen, Xander Berkeley, Kasi Lemmons, Vanessa A. Williams et Ted Raimi. Attention, SPOILERS ! Helen Lyne, une étudiante, décide d'écrire sa thèse sur les mythes et légendes locales. 

C'est en visitant une partie de la ville inconnue qu'elle découvre la légende de Candyman, un homme effrayant qui apparait lorsqu'on prononce cinq fois son nom en face d'un mirroir. Helen, pragmatique, choisit de ne pas croire à l'existence de Candyman. Mais son univers bascule dans l'horreur quand une série de meurtres horribles commence. Certes, on cite moins souvent (ou facilement) Candyman que les grands classiques du slasher. Pourtant, on tient là une petite pépite du genre et aussi un film beaucoup plus complexe et espiègle qu'il n'y paraît.
Dès les premières images, le ton (morbide) est donné. Dans Candyman, point d'étudiants benêts ni de jolies éphèbes sorties tout droit de l'école de mannequinat qui doivent se colleter avec un croquemitaine fan du scalpel.

En outre, le long-métrage nous transporte dans les quartiers les plus démunis des Etats-Unis. Autrement dit, le film se focalise sur la plèbe, la populace, bref cette "armée de réserve du capitalisme" (si j'ose dire...), dont Candyman fait partie. Et c'est aussi dans cette approche originale (et différente) que réside (entre autres) tout l'intérêt de Candyman premier du nom. Par conséquent, le film a une vraie connotation eschatologique, mais pas seulement.
Ici point de décors paradisiaques ni de couleurs diaprées et châtoyantes au détriment d'une ambiance crépusculaire, qui nous entraîne dans les rues esseulées de Chicago. 
Une étrange malédiction nimbe un quartier en déshérence, celle du susdit Candyman. Des meurtres atroces se produisent dans l'effroi et le silence général. 

Les habitants connaissent la légende, mais tout le monde se terre dans la terreur. Quel mystère entoure ce fameux Candyman ? Telle est l'enquête menée par Helen Lyne (Virginia Madsen), une étudiante. Dans sa première partie, le long-métrage s'apparente presque à un documentaire. Le film explore les origines et les racines profondes de ce mythe. Il suffit de prononcer cinq fois le nom de Candyman devant un miroir pour voir apparaître un homme noir muni d'un crochet estourbir, dilacérer et éventrer sa victime. Le monstre énigmatique dilapide, étrille et assassine avant de disparaître dans la pénombre. 
Ce croquemitaine décharné ne fait pas de prisonniers. Mutin, Bernard Rose opère de façon pragmatique. La tension monte crescendo. Puis, dans sa seconde partie, Candyman prend la forme d'un slasher sur fond de malédiction, de métempsycose et presque d'histoire d'amour voué à l'opprobre et aux gémonies. 

Helen Lyne devient à la fois la réincarnation, la figure de dilection et la proie du croquemitaine crochu. Candyman se transfigure alors en monstre sanguinaire chassé, moriginé et répudié par notre société xénophobe et consumériste. Jadis, il fut brûlé et mutilé par des abeilles. Désormais, il apparaît furtivement, tel un spectre insaisissable, pour extirper les boyaux de ses victimes.
Bernard Rose nous convie dans une cérémonie morbide. Le réalisateur opacifie son propos par une musique funèbre et grandiloquente. A aucun moment, le cinéaste ne s'éparpille dans une psychologie de bazar et/ou dans le torture porn décérébré. 
Le film peut également s'appuyer sur l'excellente performance de Tony Todd, qui effarouche à la fois le spectateur et (bien sûr) ses victimes.
Quant à Virginia Madsen, l'actrice sublime la caméra ensanglantée de Bernard Rose. A aucun moment, le réalisateur ne relâche la pression sur le spectateur, littéralement happé à la gorge. Bref, on tient là le ou l'un des meilleurs slashers des années 1990. Les deux chapitres suivants ne retrouveront jamais la fougue et l'ingéniosité de ce premier volet.

Note : 16/20

 Alice In Oliver